Sri Lanka : workaway chez Ishanka
Comme je le disais dans l’article précédent, alors que nous essayons une nouvelle fois d’acheter des billets de train (s’y prendre à l’avance, c’est important semblerait-il), un matin deux personnes se sont désistées, ce qui fait que nous pouvons acheter leurs billets . Quelle chance tout de même !
Comment et combien ?
Pour vous-même faire ce voyage, le site officiel Sri Lanka Railways (uniquement en anglais par contre) met à jour son site et vous pourrez même envoyer vos poulets dans des boîtes conditionnées et des poissons pourront vous accompagner ! C’est pas joli, ça ? Mais comme le site ne propose pas d’acheter les billets directement en ligne, il va quand même falloir aller dans les stations et peut-être plusieurs fois car, comme je l’ai dit, les billets ont l’air de partir très vite.
Bon à savoir, le trajet en train entre Kandy et Ella dure sept heures, mais personnellement je ne vois pas les heures passer. Selon le site, le billet coûte environ 270 LKR, abrégé Rs. (pour rupies), soit environ 1,30 € (non ce n’est pas une erreur de ma part) pour la seconde classe et ne parlons pas de la troisième classe (oh si, oh si !) qui elle coûte 150 Rs. soit 0,72 €.
Ceci étant dit, Dante et moi payons 600 Rs chacun, soit 2,88 €, donc prévoyez un peu plus tout de même.
Le trajet jusqu'à Ella
Sans être notre choix donc, cette fois nous avons des places en seconde classe, ce qui je le répète, nous a été conseillé plusieurs fois d’autant plus que ce trajet dure assez longtemps. Pas besoin de courir non plus pour sauter à bord du train, chose qui m’a un peu déboussolée la première fois (de courir, hein).
Sinon, autre chose qui me déboussole, une ségrégation en plein air à la gare de Kandy :
Ce trajet est réputé pour être l’un des plus beaux au monde et je pense que je suis d’accord avec ce postulat. Si ce n’est pas le plus beau, l’un des plus beaux (dit la fille qui a peu voyagé en train).
Malheureusement, nos places sont du côté gauche du train et nous réalisons plus tard que le côté droit offre des vues encore plus spectaculaires (de Kandy à Ella). Mais le côté gauche est déjà franchement gratifiant. Les paysages sont d’une beauté subjugante. Le seul petit défaut serait que nous sommes uniquement entre touristes, ce qui me donne un sentiment très étrange de riches blancs (malheureusement les touristes de notre wagon sont tous blancs, moi qui déteste les généralisations) et voir les wagons de 3ème classe remplis de Cinghalais me laisse un goût amer. Certains “riches blancs” qui d’ailleurs se pendent aux portes du train, car au Sri Lanka, les portes ne sont pas nécessairement fermées. Un instant, ils se sentent soit “inconsciemment aventureux” car ils sont dans un pays étranger (par faute de meilleur terme, j’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi certains se permettent de faire des choses qu’ils ne feraient jamais dans leur pays) ou veulent juste reproduire le cliché le plus célèbre pour les réseaux sociaux (certainement cette option aussi car tous se prennent en photo, ce n’est pas juste pour l’expérience).
Mais bref, nous profitons très largement des paysages et entre terrasses de thé et forêt luxuriante, c’est un vrai régal !
Workaway à Ella
Si nous allons à Ella toutefois, ce n’est pas pour du tourisme. J’ai contacté précédemment sur workaway Ishanka, un Cinghalais qui possède une guesthouse, Arawe Retreat, et un grand terrain. Et c’est pour ça que nous n’allons pas à Nuwara Eliya qui est un endroit très prisé du pays, ni à Adam’s Peak.
Car même si nous n’y restons qu’une courte semaine, le temps nous est compté. Mais les souvenirs à cet endroit sont si doux, forts en émotion et en rencontres.
En arrivant, Anna, la copine d’Ishanka, et Ishanka nous montrent leur petit hameau. Quel endroit reposant, entouré d’une nature si riche ! Ils ont trois adorables petits chatons qui sont très amicaux.
Au passage, je fais une petite annonce pour informer sur leur nouvelle chaîne YouTube où Anna vend des macramés et va reverser 50% des ventes aux personnes dans le besoin. Ils veulent aussi détailler leur mode de vie, qui selon eux est sain, qui pourrait en inspirer d’autres. Par ici pour plus d’informations. Anna enseigne le Asthanga yoga, avec qui par deux ou trois fois je participe, un yoga plus dynamique qui me convient mieux.
De plus, il se trouve que l’endroit où nous dormons n’a pas de murs fermés (mais bien un toit) si bien que la nuit nous entendons les fabuleux murmures, ou plutôt cris, des ténèbres, mais loin d’être terrifiants, ils sont envoûtants ! J’adore dormir si proche de la nature, mais je dois avouer que nous sommes équipés de la moustiquaire de Dante que nous ne sommes pas “stressés” de nous faire piquer la nuit par les moustiques notamment, ou n’importe quoi d’autre. En plus, comment être stressé quand nous avons un protecteur de la nuit comme le montre la photo qui suit ?
Surtout, l’endroit est habité par beaucoup de lucioles et le premier soir elles nous offrent un des spectacles les plus beaux de ma vie : elles tissent comme une galaxie sur un décor de rizière. Ou plus pragmatiquement (mais tout aussi beau), des milliers de lucioles virevoltent là, à la recherche de leur partenaire. Ishanka, Anna, Dante et moi restons là à profiter de cette scène pendant un long moment. Malheureusement, c’est le jour où il y en a le plus et le lendemain alors que nous voulons les prendre en photo, il y avait moins, nous espérons toujours le lendemain. Résultat : nous n’en prenons aucune. Cependant, toutes les nuits, certaines virevoltent dans notre “chambre” et c’est toujours bienvenu.
Conseil photo inopiné : ne JAMAIS attendre de “meilleure occasion”, c’est peut-être votre meilleure occasion.
Mais si nous n’avons pas de photo de ce moment, la faune y est riche et je peux prendre de beaux clichés de ce lézard notamment (calotes calotes) et d’oiseaux.
J’aime travailler là-bas, car Ishanka nous laisse une grande autonomie et nous fait confiance, ce qui manque à beaucoup d’hôtes. Notre projet est de remplacer un toit en décrépitude avec le foin disponible pour les salles d’eau des clients. Dante et moi pensons à un système de “tuiles”, nous attachons à un tronc fin plusieurs bottes de foin de telle sorte que ce soit esthétique et que l’on puisse superposer plusieurs troncs. Dessous sont posées des bâches pour protéger de la pluie. Ce qui n’est pas une tâche aisée, nous devons trouver des alternatives pour passer la bâche sur toute la superficie, sachant que le toit est trop fragile pour pouvoir monter tranquillement dessus : nous accrochons un bout de bâche avec une ficelle et une roche et la lançons de l’autre côté. Parfois, ça marche, parfois, non. Seul hic, le soleil tape très fort, mais il fallait s’y attendre. (Je mettrais une vidéo plus tard pour montrer notre travail)
Le déjeuner est préparé par Jegan, un homme Tamil (si ma mémoire ne me fait pas défaut) très timide mais surtout très gentil. Nous mangeons principalement du riz avec des légumes (dont je ne me souviens plus du nom), avec une pâte pimentée délicieuse faite par un ami d’ Ishanka.
Également, le troisième jour il me semble, Benoît et Olivia arrivent en tant que clients, pour leur lune de miel. Ce sont des gens extraordinaires et intéressants avec qui nous nous entendons bien. Pour dire vrai, si bien que nous nous revoyons à Negombo plus tard, puis à Paris lors de notre retour en France. Parfois nous préparons les repas ensemble et Ishanka et Anna nous emmènent à un petit magasin local qui prépare des hoppers. Ceci pour apprendre comment les faire, car Benoît et Olivia achètent une poêle pour les préparer. Ainsi, plus tard pour s’exercer, nous avons droit à quelques uns, qui sont une réussite !
Pour ma part, je fais aussi une mousse au chocolat armée de ma visseuse, à défaut d’avoir un batteur électrique (système inventé par Dante, qui d’autre ?).
Ishanka possède des arbres où poussent des jackfruits (reconnaissables par rapport aux durians aux pics qui sont plus petits et plus réguliers) et un jour en ouvre un, pour manger, mais il se trouve que je suis allergique (vive ma vie). Donc pour palier à ça et au gâchis car le jackfruit périme vite et la quantité est importante, Dante et moi en faisons une confiture, que nous trimballons plus tard dans nos sacs à dos.
Que faire à Ella ?
Pendant notre temps libre, Dante et moi allons à notre café favori, Dream Café, avec notre grand ami Prakash, qui nous offre parfois un dessert ou du thé. C’est notre sortie quasi-quotidienne disons et il vient toujours nous parler.
Aussi, nous nous promenons en direction du pont Nine Arch (dû à ses arcs…) dans la forêt de la réserve d’ Ella en passant par les rails de train, sur le conseil d’ Ishanka (nous n’avons pas perdu toute notre tête). C’est un bel endroit et de belles balades sont possibles dans les alentours où nous voyons, encore, une faune très riche !
Ishanka nous prête très gracieusement sa moto et ainsi donc nous visitons le mont local, le Little Adam’s Peak (le pic du Petit Adam). A notre arrivée, un enfant nous dit qu’il va garder notre véhicule. Au sommet des chiens errants ont élu domicile. Je lis plus tôt sur internet qu’ils sont là depuis un moment et des personnes conseillent de leur apporter un petit quelque chose à manger… Je ne sais pas si c’est une chose à faire mais en même temps, la mère semble faible.
Au même endroit, alors que je prends tranquillement des photos du paysage et des oiseaux, une femme s’approche de moi dans une tenue traditionnelle et colorée et me dit “prends une photo de moi !” avec un grand sourire. Donc un peu hésitante, je me dis qu’elle aime peut-être les photos ? Enfin pour être honnête je ne comprends pas bien mais je m’exécute. Et j’oublie au passage que je suis au Sri Lanka. Une fois ma photo prise, elle me tend la main, avec toujours le même sourire mais le regard implorant… C’est ça, je me suis faite arnaquer, encore. Surtout que ma photo est nulle ! Ce n’est pas comme si je m’étais appliquée pour faire un beau portrait, j’aurais dû au moment où elle a tendu sa main dire : “si c’est comme ça, je prends une belle photo au moins !” aha…Mais non, bref.
En revenant, le garçon nous annonce que le casque est tombé et que la visière s’est cassée ainsi que quelques parties en plastique… Super. Il nous invite ensuite à aller voir sa famille dans son village mais nous ne pouvons pas vraiment nous permettre d’y aller car premièremement, nous sommes avec un véhicule qui n’est pas le nôtre (avec maintenant un casque abîmé), donc peut-être que Ishanka et Anna en ont besoin. Et deuxièmement, c’est le jour où nous cuisinons donc nous ne pouvons pas faire faux-bond.
Enfin, nous allons voir la cascade de Rawana Ella, qui se trouve ne pas être super dingue, sachant qu’elle est juste au bord de la route et prise d’assaut par beaucoup de gens. Apparemment, il est possible d’explorer plus loin, si je comprends bien, mais à ce moment-là, nous avons notre tuk-tuk (prochain article !), ce qui fait que nous ne pouvons vraiment pas laisser nos affaires dans notre véhicule alors que l’endroit est rempli de touristes.
Je l’ai dit dans l’article précédent et je viens de l’écrire à l’instant. Alors que nous ne sommes pas sûrs de notre itinéraire et comment procéder pour la suite du voyage, Ishanka évoque la possibilité de louer un tuk-tuk, ce qui pourrait être une expérience unique. Au premier abord, nous n’y pensons guère : nous pensons que ce doit être trop cher. Puis, après lecture et discussion, nous convenons que ce sera peut-être la seule fois de notre vie, que nous voyageons en général pour très peu cher et s’il y a un petit luxe que nous pouvons nous offrir, c’est bien celui-là. Ainsi donc, nous retournons dans la sublime ville de Colombo en bus scintillant (c’est un test pour savoir si vous avez lu l’article précédent, ho ho ho), enfin plus précisément Negombo, où nous voyons Olivia et Benoît avant leur retour en France et louons donc notre magique petit tuk-tuk rouge éclatant, nous offrant une liberté sans égale !