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Allemagne

Il devient de plus en plus difficile de tenter d’organiser le voyage, nous accumulons beaucoup la fatigue, le désir d’une meilleure hygiène et nous peinons à trouver quoi faire. Nous souhaitons faire des randonnées mais étant donné que le jour se couche désormais tôt, les randonnées plutôt longues que nous préférons ne sont pas possibles.

De plus, après avoir passé la frontière entre l’Autriche et l’Allemagne, un très attractif parc national en Bavière nous tend les bras : le parc de Berchtesgaden. Ce qu’on en voit (sur internet, j’entends -trop de sens sont en jeu pour quelque chose que l’on ne connaît pas-), il a l’air vraiment sublime.

Mais rapidement, nous sommes à nouveau déçues d’apprendre que l’entrée et que tous les parkings sont payants. Le slogan du parc m’amuse donc un peu : «A National Park for All» ; un parc national pour tous. Sauf les plus démunis visiblement ! Les informations ne sont en plus pas très claires donc nous voulons éviter de nous rendre à chaque endroit pour ensuite se rendre compte que c’est trop cher ou que sais-je encore.

Veuillez m’excuser, nous avons pris très peu de clichés ; j’essaie également de téléverser depuis quelques temps une vidéo où l’on peut apercevoir la Forêt-Noire, mais je me trouve dans un endroit où la connexion internet est faible. Cet article sera donc sûrement enrichi plus tard.

Munich

De fait, nous nous rendons directement à Munich. Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est moi qui voulais visiter cette ville. Je n’ai de cesse d’en entendre parler comme une ville agréable.
Toutefois, je ne sais pas pourquoi je m’obstine à visiter des villes et je pense que je vais devoir me rentrer ça dans le ciboulot : je n’aime pas les villes. Comme un mantra : ce n’est pas parce que les autres aiment les villes que je dois les aimer aussi.

Le centre est certes charmant, si on aime être entouré de bâtiments monochromes et monotones dans tous les sens, mais nous peinons à trouver un endroit pour déjeuner bon marché. Nous nous arrêtons alors dans un café interdit (y comprendre un café multinational cher et anti-nos principes), où nous sommes TRÈS mal reçues.

La cathédrale est très jolie, ornée de nombreux bacs à fleurs, ce qui rajoute un peu de couleur à la froideur des pierres.
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La cathédrale de Munich, prise par Aurélie

Mais je mentirais si je décrivais notre expérience dans la ville comme seulement négative. Car il y a là un endroit digne d’une vraie taverne des récits de Tolkien : Hofbräuhaus !

Hofbräuhaus – La maison de la bière

Ce lieu, situé dans la vieille ville, est vite repérable car il y a déjà une queue qui se forme devant l’entrée. En passant le pas de la porte, on se retrouve vite dans l’ambiance festive. Un couloir est formé par de longues tables en bois où tout le monde est en quelque sorte « forcé » de s’installer avec les autres. Naturellement, on lève les yeux vers ce haut hall voûté et richement peint d’où de beaux lustres pendent. Les vitres sont colorées et l’endroit est clair. Les gens nous saluent. On y est, dans notre taverne tant désirée !

Je me permets de vous resservir cette sublime vidéo, d’une part pour le plaisir et d’autre part car il est possible d’y voir Hofbräuhaus à de nombreuses reprises.

Si vous ne souhaitez voir que la maison de la bière, rendez-vous aux secondes : 7, 14, 21 (j’ai un problème avec le multiplicateur de 7 ?), 26, 41, 1min07, 1min13, 1min 25.

Quand nous arrivons, un groupe s’installe sur une petite scène. Nous prenons place au fond d’une table où deux vieux sont déjà installés. Nous commandons chacune une chope, mais également des victuailles !
La nourriture est délicieusement présentée. Je m’emballe un peu dans cette ambiance, sachant que je ne suis pas fan de bière, je commande pourtant une Radler d’un litre. Aurélie, elle, prend une Weisse d’un demi-litre pour commencer.
Je ne suis pas en train de menacer nos voisins de table.

Les serveuses sont en tenue traditionnelle – je ne crois pas que ce soit le cas pour les serveurs. Notre groupe commence à jouer, la mise en scène est complète. Nous nous amusons de nos deux petits vieux qui ne se parlent presque pas, ne serait-ce que pour se montrer quelques photos, ou plutôt, l’un essaie de montrer des photos mais l’autre ne semble pas intéressé, puis ce dernier tente la discussion mais l’autre l’ignore.

Vous l’aurez compris, cette taverne est à marquer sur la liste des choses à faire pour un passage à Munich.

Dachau

Non loin de Munich se trouve l’ancien camp de concentration de Dachau. Pour en faire un résumé rapide, ce camp créé en mars 1933 est le premier à avoir été ouvert par les nazis. Pour une capacité de 2 500 détenus, Himler, alors chef de la police à Munich, l’a décrété comme le premier camp pour les prisonniers politiques. (Source : Holocaust Encyclopedia)

A l’évidence, cette section n’est pas la plus simple à écrire. Que ce soit au niveau de l’émotion ; il est assez difficile de trouver la meilleure façon de transmettre ce que l’on peut ressentir en visitant ces lieux. Ou que ce soit au niveau de la situation. En effet le COVID-19 n’aidant pas, de nombreux bâtiments se retrouvent fermés, ce qui limite largement la visite des lieux « de vie » si je puis m’exprimer ainsi – non, d’accord, c’était la « blague » à ne pas faire – ; les lieux où étaient entassés tous les prisonniers. Par ailleurs, il m’est très facile de faire une erreur dans ce que je raconte car je suis loin d’être une spécialiste de la période.

La visite du camp en temps de COVID-19

Dachau est un endroit un peu particulier en ce qui me concerne. Le frère de mon grand-père, Pierre, y a été envoyé pendant la Seconde Guerre mondiale.

Mon propre frère, historien de profession et par passion, a écrit un article à son sujet pour ceux que ça intéresse encore plus. Vous pouvez retrouver cet article ou d’autres sur son site (en co-écriture avec son épouse) : Généalogie Théry-Mahieu.

L’entrée est très imposante. Quand Aurélie et moi traversons ce grand portail sur lequel on peut lire « Arbeit macht frei », soit “le travail rend libre”. Personnellement, je vois ce message et déjà la nausée me prend. Si je me mets à la place d’un prisonnier, chose qui semble naturelle dans un tel lieu, ce paradoxe grossier (à mes yeux) sonne déjà le glas.

Lors de notre visite en octobre 2021, les seuls bâtiments accessibles sont l’aile principale où tous les prisonniers arrivaient et les chambres à gaz/crématoires. Dès leur arrivée, ils se faisaient déposséder de tous leurs biens, un numéro matricule leur était attribué puis ils devaient aller prendre une douche. Cette salle est la seule où l’on peut imaginer ne serait-ce qu’un tout petit peu l’état dans lequel ils devaient se trouver car toutes les autres salles sont investies par des panneaux explicatifs. Panneaux essentiels bien évidemment, je ne remets pas leur lieu-d’être en cause du tout enlever du tout, mais il est vrai que nous n’avons pas l’impression d’être dans ce camp de la mort parfois, mais plutôt dans un musée. De plus, il faut aussi avouer que nous n’avons pas eu de chance car des groupes de lycéens sont là et on voit que leurs hormones en ébullition se préoccupent plutôt duquel paraîtra le plus triste, le plus charmeur/se ou celui qui sera le plus provoquant.

Tandis que la salle des douches a gardé sa forme et il y est installé des sortes de photos transparentes que l’on peut superposer aux murs de la salle. On y est et c’est la douche froide. Aurélie et moi avons du mal à nous parler, nous sommes transies d’effroi là à imaginer l’inimaginable.
Les panneaux narrent comment on a pu en arriver à construire de tels camps, expliquant ce qu’est le nazisme, puis son gain en popularité. On trouve aussi une salle avec un documentaire où plusieurs témoins du camp s’expriment. Plusieurs salles expliquent quels groupes ethniques, politiques, religieux ou d’orientation sexuelle ont été notamment visés. Un pan d’explication est disponible pour chacun d’entre eux. Un panneau est dédié aux femmes. Chacune d’entre nous se demande si c’est le reflet exact de la réalité de leur rôle dans la guerre.
Encore une fois, les panneaux ont toute leur place, mais nous marchons dans les pas d’horreur sans nous en rendre compte, des humains ont subi les pires atrocités et d’un côté nous errons là à lire des lignes, je me dis que ça efface l’importance de ces lieux. Peut-être que ça expliquerait le désintérêt des lycéens ?
Étant allée au musée de la bombe atomique à Hiroshima, il serait peut-être plus pertinent d’utiliser des technologies nouvelles pour toucher toutes les générations. Pour autant je n’ai pas préféré le musée le plus moderne (je suis allée aux deux musées de Hiroshima, l’ancien en 2015 puis le tout les deux en 2017).

En ce qui concerne les autres lieux, nous pouvons entrevoir à travers les vitres les dortoirs. Des lits superposés sur trois « étages » sont amassés. Cette salle nous marque profondément, nous lisons sur l’un des précédents panneaux que certains prisonniers étaient tellement malades qu’ils n’arrivaient pas à se lever et faisaient leurs besoins directement dans leur lit, leurs excréments s’infiltraient souvent à travers les planches en bois.

Nous ne pouvons à peine voir les lieux de torture, mais nous savons que l’une des salles est si petite qu’il était impossible pour le détenu de même s’asseoir et il devait rester debout des jours durant.

Les autres endroits sont donc les chambres à gaz et les fours crématoires. Si déjà j’ai eu la nausée en entrant, désormais, je suis au bord de la dépression nerveuse. Les questions sur la condition humaine fusent dans mon esprit. Il m’est purement impossible de comprendre de telles inventions.

Aurélie en tire quasiment le même constat que moi, à la différence près que pour elle, se rendre aux fours lui est pénible, elle se rend compte de l’immensité du camp. Evidemment, tout est fait pour que tout soit le plus austère possible. Elle est, elle aussi, un peu gavée par tant d’informations qui, quand bien même sont toutes importantes, noient bon nombres d’entre elles.

Nous retrouvons Paulo la mine très sombre et quittons Dachau vers la Forêt-Noire.

Schwarzwald – La Forêt-Noire

Cette partie va être très rapide et ne devrait même pas exister. Comment me dédouaner d’écriture tardive ? Ainsi. Pour des raisons que j’ignore, la Forêt-Noire exerce sur moi un fort folklore où j’imagine de larges forêts impénétrables où y vivent des elfes, fées et autres êtres sylvestres. Riez, si vous le souhaitez, mais la réalité en est très éloignée !

Tout mon imaginaire se retrouve étouffé par un boucan infernal de machines de destruction massive. Chaque fois que nous nous empruntons l’un des chemins de marche dans la forêt, les pelleteuses, bulldozers et autres monstres rugissent. Il est difficile de profiter de l’aspect sauvage et/ou de se ressourcer dans ces conditions.

Je lis sur internet que le tourisme est la principale économie de Schwarzwald. Un tourisme massif, alors. En tout cas, ils ont perdu deux touristes. Nous désirons rester encore quelques jours en Allemagne, mais c’en est trop. Que ce soit niveau hygiène, températures hivernales pendant la nuit dans la voiture, de nombreuses visites ratées ici ou là. Il faut dire aussi que cela fait presque un mois que nous sommes parties. Nous décidons donc de rentrer au bercail.

Auf Wiedersehen !

2 commentaires

  • Marji

    Hey, chouette de lire ton article même longtemps après ! Je ne savais pas que vous étiez allées à Dachau (ou j’avais oublié). Intéressante ta réflexion sur le fait de muséifier un endroit peut être plus ou moins pertinent selon les sites…
    Et pour ce qui est de la Forêt Noire, je vois aussi une forêt impénétrable et plutôt maléfique, rien que son nom en même temps ^^

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