Volontaire en hostel à Yudanaka et attente à Tokyo
En préambule je voudrais présenter quelque chose d’un peu différent de d’habitude. Ce ne sera pas par rapport à un endroit. Ce sera une sorte d’essai sur une espèce protégée que nous avons rencontrée à Shibu Onsen. Le Flavien sauvage se trouve dans les terres du pays des cigognes, en France. Un esprit toujours vif, il arrivera toujours à vous ravir de blagues exquises. Enfin, presque toujours.
L’improvisation est son domaine de prédilection, un petit air de ukulélé et le voilà parti dans des rimes endiablées. Pouvant répondre au doux nom de “Flavinou”, c’est un être dans la juste mesure et prêt à faire des concessions pour éviter les conflits. Même si toutefois, étant une espèce estivale, il n’a d’autre choix que d’être à la fois autoritaire et susceptible. Et oui, c’est ainsi, ce sont les étoiles qui l’ont dit.
La cuisine n’est cependant pas son fort, mais sans aucun doute, nous pouvons affirmer que c’est le roi du onsen. Un doute sur la température ? Un problème de plug ? Flavinou répondra présent pour résoudre vos petits soucis.
Fréquemment vêtu d’un seul long kimono vert-kaki et de sa longue chevelure, il a la sale habitude de ne pas vouloir porter de chaussettes même si le froid de son habitat temporaire est peu supportable et qu’en plus il s’en plaint !
Voilà, j’espère avoir dépeint un juste portrait de Flavinou. A jamais dans nos coeurs.
Maintenant, je peux continuer à narrer nos aventures au pays du soleil levant.
Nous quittons donc l’île septentrionale du Japon pour rejoindre Shibu Onsen, un village situé près de Nagano. Nous ne savons pas du tout à quoi nous attendre, car nous y allons un peu par défaut : personne des auberges qui nous intéressent vraiment ne nous répond. Donc non, nous n’irons pas à la péninsule d’Izu que j’avais vraiment envie de revoir dans cet hôtel au bord de la mer. Nous n’irons pas non plus dans les montagnes près de Sendai dans une guesthouse perdue dans les montagnes et ainsi découvrir le nord de l’île de Honshu, l’île principale nippone. Non, nous allons dans ce village des onsen, petite bourgade pittoresque située près de Nagano. Ne vous méprenez pas, l’endroit a l’air vraiment bien, mais la seule réponse que nous avons reçue pour notre long mail de présentation est “Welcome to Shibu onsen”. Ni plus, ni moins. Autant dire que nous ne sommes pas plus avancées.
Pour les amateurs de sport, la ville de Nagano est connue pour ses jeux olympiques d’hiver en 1998, on y trouve de nombreuses stations de ski. Quant à Shibu Onsen, si elle est réputée, ce sont pour ces neuf onsen avec soit-disant chacun des propriétés propres pour soigner différents maux. Également, un des ryokan (hôtel traditionnel luxueux) aurait influencé Miyazaki pour le onsen de son film d’animation Le Voyage de Chihiro. Même si pour être honnête, on nous a dit la même chose de celui de Dogo Onsen à Matsuyama, ou encore un autre lieu à Taïwan.
Mais surtout, c’est l’endroit le plus proche pour visiter Jigokudani (ce n’est pas le même que celui de Hokkaido !), là où les singes se baignent dans les sources chaudes.
Pour quitter Hokkaido, nous optons pour l’avion jusqu’à Tokyo, qui est bien moins cher que toutes les autres options. De plus, atterrir à Tokyo nous permet de revoir Ali, notre ami philippin rencontré à Sapporo ! Il propose même de nous héberger pour la nuit avant de prendre notre bus pour Nagano le lendemain matin. Malheureusement, notre avion a eu du retard, ce qui fait que nous sommes arrivées tard, mais ça fait du bien de revoir une tête amicale.
Mais ça y est, un nouveau chapitre s’ouvre, nous nous échappons dans les campagnes japonaises. Après un bus de quatre heures, nous prenons un train d’environ une heure. Ensuite, de la gare de Yudanaka jusqu’à l’auberge, nous devons marcher 30 minutes avec nos valises. Je souhaite attirer votre attention sur le fait que Shibu Onsen se trouve dans les montagnes. Autant dire que ce n’était pas de tout repos. Une fille, une étrangère, avec un manteau jaune descend en même temps que nous et va dans notre direction ; on se dit alors que nous sommes peut-être sur le bon chemin, peut-être va-t-elle séjourner à notre hostel ? Plus tard, on réalise que des étrangers, il y a en a foison dans ce village.
Par chance, un automobiliste voyant que nous peinons sérieusement propose de nous déposer. Une galère en moins !
Ainsi, nous découvrons notre nouvelle maison pour au moins un mois. Nous rencontrons notre hôte, qui nous présente nos “colocataires”. Peu après, la fille au manteau jaune arrive; elle aussi est une helper ! Puis, on nous présente les différentes options pour dormir : soit dans un sous-sol puant la cigarette, soit dans une salle commune avec tous les autres. Nous sommes entre 9 et 13 helpers et nous choisissons de dormir avec tout le monde. Ce fut la meilleure décision. Chacun d’entre eux fait comme partie de notre famille. Même si les Français sont en force (4 sur 9), l’Angleterre, le Mexique et l’Argentine sont aussi de la partie (et le Japon bien sûr). Parfois et plus tard l’Australie, l’Allemagne, la Chine et les Pays-Bas nous rejoignent.
Nous passons absolument tout notre temps ensemble, du matin jusqu’à tard le soir à jouer, dessiner, écouter et jouer de la musique et parler. Tous ensemble, nous explorons des maisons abandonnées durant la nuit, buvons plus qu’il ne le faudrait à Chokkun, cet izakaya si particulier où le propriétaire est toujours bourré, découvrons les environs ou flânons simplement à l’hostel et profitons de son onsen.
Ici, ce sont les helpers qui font à manger. Et certains font un petit peu trop bien à manger. Chaque repas était comme un festin, avec toujours des surprises, surtout venant des deux Argentins. Quel bonheur quand c’est à eux de faire la cuisine. Aurélie et moi sommes ainsi forcées à apprendre à cuisiner. Et cuisiner pour dix, voire des fois quatorze, ce n’est pas évident. Mais heureusement, on nous guide et nous aide.
Avec deux d’entre eux, nous allons même faire du ski et du snowboard à Shiga Kôgen. La neige sur les pistes est d’ailleurs idéale et une piste dans la forêt est absolument sublime. De plus, je peux dire avec fierté que je ne suis pas tombée une seule fois !
Bref, vous voyez le tableau. Chaque départ était une déchirure, et chacun d’entre nous a prolongé son séjour pour passer plus de temps ensemble.
Et d’ailleurs, heureusement que la cohésion est si forte, car sans eux, nous n’aurions jamais tenu dans cet endroit.
La “patronne”, une Japonaise d’une quarantaine d’années est complètement sous pression, pression qu’elle nous inflige pendant le travail. Elle a comme deux personnalités, celle du travail où elle donne des tâches sans aucune clarification ni aucun sens et celle en dehors du travail où elle rigole tout le temps. Mais surtout, nous ne sommes que trois parmi les helpers à parler japonais, ainsi a-t-elle décidé que nous travaillerons à l’office pour accueillir les clients. Nous détestons, tout simplement. Son stress est encore plus pesant quand nous y travaillons. Alors oui, ça nous permet d’apprendre encore plus de japonais, d’autant plus que nous ne parlons qu’ anglais durant le mois entier, mais ça ne vaut pas le coup quand même.
Les autres tâches consistent à nettoyer les onsen, les chambres et autres lieux communs, faire le déjeuner pour tout le monde, ou d’autres petites tâches. L’amplitude horaire est de 5h, pas une minute de moins ni de plus d’ailleurs… Même si il n’y a plus rien à faire. Ce qui fait que beaucoup d’entre nous essaient de se cacher quand l’heure approche et qu’il n’y a plus rien à faire.
Outre ce travail à l’hôtel, elle évoque un travail dans des appartements à Nagano et demande à ce qu’on y aille tous au moins une fois. L’endroit est magique. Mais plutôt dans le style de magie noire. Ce sont deux complexes d’appartements qu’elle retape depuis plus de deux ans à l’aide des helpers. Et on le comprend vite. Je suis déléguée à la tâche de coller le papier peint. Chose que je n’avais jamais faite et qu’elle ne m’a pas expliqué. Et alors quel papier-peint ! Haut en couleurs. De plus, on est obligé de se lever tôt car Nagano est à une heure de voiture et nous rentrons tard le soir, car c’est aussi le jour où elle fait le plein de provisions. Autant dire que cette excursion est une grande arnaque, qu’elle essaie de noyer en nous payant un restaurant. Heureusement, nous ne sommes jamais retournées là-bas.
Avec Aurélie pendant un jour de congé, nous faisons du stop jusqu’à Nagano pour visiter la ville. Nous visitons le Zenkoji, un temple du VIIème siècle très important au Japon puisqu’il abrite la toute première statue de Bouddha importée au pays. Mais nous apprenons en fin de journée, de retour à l’hostel, qu’en fait nous avons raté toute la visite souterraine…
Naturellement, avec les Hispaniques, nous faisons un tour à Jigokudani, bien que nous refusons de payer l’entrée. On nous a expliqué qu’il n’y a qu’une seule source chaude et comme à l’accoutumée au Japon, c’est plutôt une mise en scène. Par exemple, les singes sont nourris pour aller dans le bassin. De plus, pour avoir plus de chance de les voir dans la source chaude, il faut qu’il fasse froid et qu’il neige. Or, le printemps commence à se faire ressentir de plus en plus et la neige fond plutôt vite.
Durant une belle journée de printemps, les singes descendent en ville et commencent à jouer dans le petit parc et dans les rues. On découvre à ce moment leur agressivité, mais quel plaisir de les voir s’amuser !
Mais bientôt, un mois et demi plus tard, il est temps de quitter cet endroit. Tout le monde est presque parti de toute façon, donc nous profitons que les derniers du “groupe initial” partent à Tokyo pour aller avec eux.
Ainsi, en stop nous descendons à la capitale nippone. Le stop est toujours aussi facile, et toujours aussi drôle.
Par chance, nous sommes arrivés, à quatre, exactement pendant le hanami. Le hanami, qui littéralement signifie “observer les fleurs de cerisiers”, soit aller dans un parc et s’asseoir, prendre un pique-nique ou que sais-je encore, tout en profitant de la beauté des arbres fleuris du printemps. C’est aussi l’image la plus forte que j’ai du Japon depuis mon enfance, donc mon rêve a toujours été de vivre un printemps ici. Le printemps est donc un peu en avance comparé à ce qui était prévu ; car oui, il faut savoir que chaque région a des dates bien précises d’estimation de floraison pour pouvoir profiter au mieux des sakura (les cerisiers). Même Google Maps propose les lieux qui sont en pleine floraison à visiter !
Donc pour ce faire, le 1er jour nous nous rendons au parc de Shinjuku Gyoen. C’est la 3ème fois que je me rends dans ce parc : une fois en hiver, une fois en été et donc une fois au printemps. J’ai sous-estimé la foule qu’il pouvait y avoir pour le hanami. Malgré tout, la balade reste agréable. De toute façon, j’aime trop le printemps pour être importunée de quelque façon que ce soit.
Aurélie et moi profitons aussi du hanami à Rikugien avec Ali, de soirées où nous revoyons Yuiko, notre acolyte de Sapporo, promenades au parc de Naganuma ou de Kôkyo, là où se trouve la propriété du palais impérial de Tokyo.
Les fleurs sont très éphémères, quelques jours plus tard et elles tombent déjà. Nous avons bien fait d’arriver plus tôt à Tokyo !
Également, une visite qui m’est chère, nous nous rendons l’espace d’une journée à Minamiashigara, là où j’avais fait du WWOOFing dans la ferme des cochons deux ans plus tôt. C’est très étrange de revoir mes anciens hôtes, revoir ce paysage qui n’a pas changé ! Nous avons même fait quelques tâches comme lorsque j’y travaillais, tel que broyer la nourriture pour cochon et les nourrir. C’est très touchant de voir que mon passage les a vraiment marqué et quand nous sommes parties, Yuko m’a serrée très fort dans ses bras avec des yeux humides.
Toutefois, Tokyo reste une ville, enfin une mégalopole en l’occurrence, donc nous nous ennuyons rapidement et chaque déplacement nous coûte cher. De toute façon, d’ici deux jours, nous nous envolons pour Okinawa, baby !
3 commentaires
Marjo
Toujours un plaisir de lire tes articles ! C’est génial que tu sois retournée à la ferme aux cochons ! Et voir les cerisiers en fleur, quels veinards ! 😉
Rolande
J’ai le plaisir de dire que dans mon jardin de France il neige en ce moment des pétales de cerisiers, de merisier, tandis que les lilas sont en pleine floraison, de même que notre superbe poirier. Non mais…
Par contre pas de cochons affectueux!
Je me réjouis de voir que vous apprenez à devenir de parfaites femmes d’intérieur polyvalentes. C’est bon à savoir. Continuez ainsi!
Emma
C’est vrai que la floraison des lilas a manqué !
N’est-ce pas… Enfin, apparemment ce n’est vraiment pas ce dans quoi nous sommes les meilleures. Je travaille à nouveau dans une ferme actuellement, et là je me retrouve plus dans mon élément.