Tour à vélo d’Okinawa
Le rêve Okinawaien (ok, ça ne se dit sans doute pas, mais je le dis quand même)… Les plages à l’eau cristalline et les palmiers, la plongée et le “snorkeling”, un grand ciel bleu et des baignades à n’en plus pouvoir. Les fruits exotiques et juteux à prix cassants, la nourriture saine de “l’île des centenaires”.
Nous passons deux mois dans ce cadre idyllique. Ce sont comme nos vacances dans les vacances. La première fois que nous nous rendons dans des îles tropicales.
Sauf que…sauf que ce n’est pas exactement comme on nous vend la chose. Ne vous méprenez pas : Okinawa est magnifique ! Toutefois, j’aimerais mettre un peu de lumière sur quelques clichés. Par exemple, oubliez le sable fin et les cocotiers. Les plages sont remplies de cailloux et coraux (également parsemées de nombreux déchets) et les arbres ressemblent plutôt à ceux de la mangrove. Deuxièmement, oubliez aussi les photos de ciel bleu sans nuage. Nous avons de la pluie fréquemment. Malgré quelques spécialités locales, on retrouve quand même beaucoup de plats similaires à ceux de la “main land” et les prix sont tout aussi chers. Mais surtout, où sont les jus bien frais ?!
Néanmoins, Okinawa est la parfaite conclusion de notre voyage au Japon; un tour de l’île principale à vélo, voilà notre plan.
Naha
Et pour ce faire, nous sommes équipées de biens fiers destriers, Tito et Toti, à défaut d’être fidèles… Dès notre arrivée en avril sur l’eden nippon, nous nous sommes mises à la recherche de bicyclettes, dans l’espoir d’en trouver une et de ne pas avoir à débourser trop d’argent; direction le port et autres décharges “sauvages” juste à côté de la guesthouse où nous dormons à Naha, capitale de l’île.
Par ailleurs, ces décharges sont vraiment communes à Okinawa. Je ne sais pas si c’est dû au fait que nous nous déplaçons plus lentement et plus en profondeur, ce qui fait que nous pouvons mieux “apprécier” ces paysages abandonnés, mais nous sommes loin de la réputation “impeccable” du Japon (et je ne suis pas sûre que ce ne soit propre qu’à Okinawa, je pense en vérité qu’il y a plus de travailleurs qui nettoient les rues régulièrement plutôt que la légendaire propreté des Japonais, mais je m’avance beaucoup là). Ainsi, nous apprenons que quand on recherche quelque chose, il y a de grandes chances que tout se trouve déjà dans les rues, à l’abandon quelque part.
En effet, dès le premier jour d’exploration, nous trouvons pas un mais deux vélos, un peu rouillés, complètement abandonnés dans le port où certains pêcheurs nous regardent visiblement amusés et curieux. Naturellement, les chambres à air sont à plat, mais un rapide tour chez un réparateur de vélo et nous voilà équipées de vélo quasi-neufs… Enfin quasi-rajeunis et surtout quasi-gratuits !
Ceci dit, je vous rassure, depuis nous avons appris à changer les chambres à air et n’avons même plus besoin d’aller dans un magasin…L’esprit de récup’ oblige.
Comme nous voyageons maintenant en backpack de 7kg, nous avons besoin de paniers pour les y placer. Quel meilleur endroit pour trouver des caissettes qu’un port de pêche ? Rapidement trouvés, nous les attachons minutieusement à l’arrière de nos vélos avec une méthode apparemment “Okinawaïenne” que l’on observe sur d’autres deux-roues abandonnés. Je dois admettre que je suis plutôt fière de nos noeuds puisqu’à ce jour, les paniers sont toujours en vie et bien accrochés malgré de lourdes charges à bord et secousses impromptues.
Ensuite, nous avons besoin d’une bâche. En faisant un tour dans un cimetière (balade banale en somme), nous en voyons une très grande. Ce serait embêtant de la trimballer partout, alors nous décidons de continuer l’exploration, sait-on jamais. A peine sorties du cimetière, voilà que nous trouvons une paire de ciseaux… Et bien, il semblerait qu’il est temps de mettre la main à la pâte ! Je coupe donc la bâche en deux.
Nous voilà fin prêtes pour cette nouvelle aventure.
Vagabondage sur la route 58
Et alors là, c’est l’émerveillement à chaque instant. La couleur de l’eau est juste sublime (enfin un cliché qui est vrai !), d’un bleu turquoise dont nous ne nous lassons jamais. La plage qui nous marque le plus est celle de Murasaki Mura. Les formations rocheuses sont magnifiques et les balançoires installées sont vraiment la touche parfaite.
Pour la côte ouest, nous empruntons la fameuse route 58, qui longe la plupart du temps les côtes et reste relativement plate tout du long. C’est un vrai bonheur.
Chatan
Les villes sont plus présentes sur la côte ouest, notamment Chatan, qui nous aura beaucoup marqué. Elle est connue pour son village américain. Ah oui, car j’ai omis (volontairement ?) un « petit » détail. Il faut savoir qu’à Okinawa, une énorme base américaine y est déployée, dont on peut voir l’influence un peu partout, notamment les bâtiments par exemple et surtout beaucoup, beaucoup d’Américains. D’ailleurs, les habitants d’Okinawa qui nous voit pensent tout de suite que nous sommes nous mêmes Américaines. Ce qui n’est pas toujours pour nous aider, même si les habitants de cette île sont la plupart du temps très gentils et souriants.
Voiles sur les caps ! Maeda, Manzamo & Hedo
Nous voyons des endroits tous plus beaux les uns que les autres, notamment des caps : le sauvage Maeda, le touristique Manzamo et le bout de la terre Hedo. Ou encore les pas moins sublimes îles Kouri, Yagaji ou encore Sesoko (reliées par des ponts).
Pour commencer en douceur, nous dormons deux nuits en guesthouse, puis trois nuits dans une autre guesthouse, qui elle a vraiment une ambiance “île tropicale », avec hammac et lit à l’air libre sur une terrasse, face à la mer !
Toutes les autres nuits, nous les passons dehors et développons ainsi des capacités hors pair pour repérer les “bons spots”. Un exemple qui me vient à l’esprit pour donner une idée, si on décide de dormir sur des bancs, ou table de pique-nique, il faut faire bien attention à la matière et favoriser le bois. La pierre est bien trop froide et si peu confortable. Notre meilleure nuit restera au barrade de Fukuji, avec une large table en bois avec des toilettes et prises électriques (que voulez-vous, il faut vivre avec son temps !) juste à côté. Oh et surtout, un détail très important : ayez un duvet. Ca semble évident, hein ? Et bien apparemment pas pour nous, puisque nous avons passé trois premières nuits affreuses sans duvet où nous découvrons que la rosée et le vent font très mauvais ménages.
Parmi les endroits les plus “saugrenus” où nous avons dormi, je retiens le parvis d’une école, un trampoline et un gymnase.
La route 70, côte est
Quant à la côte est et sa route 70… Je l’aime comme je la hais. Cette partie de l’île est beaucoup plus forestière, jonchée de pins maritimes dont l’odeur m’est très chère. Mais surtout beaucoup plus montagneuse. Et pourrait-on savoir pourquoi on monte tout le temps et descendons très rarement ? Okinawa n’est même pas si haute (le plus haut point atteint 503 m) ! Ainsi, sur environ 50 km en un jour, nous poussons à bout de bras nos vélos sur des pentes abruptes, avec à l’arrière je le rappelle nos sacs à dos, duvets et autres commodités…comme je ne sais pas moi, des bouteilles d’eau ? Ah oui, parce que Okinawa, c’est aussi une météo très clémente. Beaucoup trop clémente. Nous avons facilement des températures au-delà des 25°c, mais c’est surtout l’humidité constante qui rend le tout difficilement supportable. Le moindre effort nous rend dégoulinantes de sueur. En fait, sans effort c’est le même résultat. Excusez l’image, mais c’est vraiment pour vous donner la réalité de la scène. C’est pourquoi nous portons avec nous plusieurs litres d’eau.
Malheureusement, étant donné que nos finances sont limitées, nous sommes seulement restées sur l’île principale; car oui, Okinawa fait partie des îles “Ryukyu” qui comptent de nombreuses îles à partir du sud de Kyushu jusqu’à Taïwan. De plus, de ce même fait, nous n’avons pu faire que l’ouest et le nord de l’île, en deux semaines environ. Nous avons tout de même accumulé plus de 300 km avec Tito et Toti. Tito en a carrément éclaté son pneu et nous avons également dû changer sa chambre à air, mais Toti lui n’a écopé que d’une chambre à air trouée.
WWOOFING à Okinawa
Ceci dit, à Okinawa, nous ne faisons pas seulement du tourisme ! Non, non, non. Nous faisons aussi du…WWOOFing ! Encore. Et oui. Je vous laisse deviner le type de ferme. Un indice ? Le même qu’à Hokkaido.
Bravo, une ferme avec des vaches ! Mais fort heureusement, l’expérience est totalement différente et même extrêmement bienvenue puisqu’elle nous permet de renouer avec le WWOOFing. Cette ferme accueille aussi un sanglier, des chèvres, des lapins, des poulets et coqs, d’adorables chatons et chats et des CHIENS. Je parle de vrais chiens, pas de mutants. Ne serait-ce que ce chat qui ressemble plutôt à une crêpe qu’à un chat, mais c’est une sorte d’exception. Il faut aussi oublier les tiques plus grosses que mes poings (j’exagère un peu) et on rentre dans les normes.
Les hôtes sont adorables, un couple de petits vieux qui se font appeler “Otosan” et “Okasan”, soit “papa” et “maman”. Je dois admettre qu’ils prennent vraiment soin de leur WWOOFers, en nous gâtant par-ci par-là de glaces, ou sorties pique-nique à la plage par exemple. C’est l’esprit selon moi du WWOOFing. Un échange. Car même si nous faisons beaucoup d’heures de travail (de 6h à 17h), ils ne disent rien quand nous prenons des pauses (ce qui n’est pas rare) et n’hésitent pas à nous aider pour les tâches.
Le travail est…du travail de ferme quoi. Nettoyage des enclos, nourrissage des animaux, fabrication de la nourriture pour les vaches qu’on appelle ici de l’esa à base de tofu, de yuka (une sorte de poudre), de l’okara (les enveloppes des graines de soja ; selon wikipedia, notre cher ami à tous, la traduction exacte serait “pulpe de soja”) et des vitamines.
Si je peux conclure cette expérience, je dirais simplement que nous ne devions rester que deux semaines. Nous y sommes restées cinq. Je pense que ça résume bien la chose.
C’est ainsi que se termine notre aventure nippone. Notre prochaine destination est l’Australie, où nous allons passer un an. Alors, oui, les plans ont totalement changé par rapport à ce que nous avions prévu avant de partir. Mais c’est aussi ça la beauté des voyages, les rencontres font que nous changeons nos plans, parfois de façon complètement imprévue. En ce qui me concerne, je n’avais jamais eu d’intérêt particulier pour l’Australie, mais on nous a convaincu que c’est l’endroit idéal pour économiser “beaucoup” d’argent pour de prochains voyages. Alors maintenant, je suis très curieuse de voir ce qui va nous attendre là-bas et surtout je vais arrêter d’essayer de prédire ce que nous allons faire puisque c’est impossible de le savoir à l’avance. Je le sais désormais. Qui sait, mon prochain voyage sera peut-être aux Etats-Unis ? Allez, trève de plaisanterie, je vous retrouve dans peu de temps, en hiver, la tête à l’envers.
7 commentaires
Stanley Théry
Joli voyage, avec de beaux paysages.
Dommage qu’on ne voit pas plus les gens que vous avez rencontré, car comme tu le dis, cela fait aussi partie de vos découvertes et de vos expériences.
Bonne suite en Australie !
jauralde
Comme toujours j’ai lu avec beaucoup de plaisir ces nouveaux épisodes de votre périple, à Okinawa . Cette fois mais je vous ai trouvées bien téméraires dans votre tournée à bicyclette, il faut croire que le pays est sûr. De belles photos aussi, variées mais un petit regret de ne pas connaître Otosan et Okasan. Et que pensez-vous de l’élevage dans les petites fermes en comparaison avec la France?
Quand rentrez-vous et quand repartez-vous? En attente de nouvelles aventures…
Emma
Bonjour ! Je n’ai pas pu avoir de WiFi depuis mon arrivée en Australie, ce qui fait que j’ai mis vraiment beaucoup de temps pour répondre…
Merci beaucoup en tout cas pour ce retour, que j’attends toujours 🙂
J’espère que tout le monde va bien.
L’élevage dans les petites fermes me paraît plus « humain », mais vraiment le côté ‘outil’ me dérange toujours autant; et pourtant me voilà encore dans une ferme en Australie, et nous sommes loin des 17 vaches habituelles… Toutefois elles ont beaucoup plus d’espace !
Nous ne pensons pas rentrer en France de sitôt, enfin comme je l’ai dit, les plans changent sans cesse… Je rentrerais en France seulement si je n’ai pas réussi à gagner assez d’argent en Australie pour continuer mon périple.
Au plaisir de lire un prochain commentaire !
Philippe
I’m proud to you…
Emma
Oh lala, désolée de cette réponse tardive !! Depuis que je suis arrivée en Australie, je n’ai jamais eu la WiFi, et même maintenant je suis en train d’utiliser mes datas pour répondre aux commentaires car ça commence à faire trop longtemps aha 🙂
J’espère que tu vas bien en tout cas ! What’s up?
Annie
Magnifique ! Comme dirait ton oncle.
Qu’avez- vs fait de vos bien fiers destriers ?
Emma
On les a laissé à la ferme des vieux !