Viêtnam

Viêtnam du nord : La boucle de Ha Giang

Maintenant je comprends. Je comprends pourquoi le Viêtnam est tant apprécié. Niveau paysage, je dois admettre que je succombe moi aussi. Le nord du Viêtnam est d’une telle beauté que je n’ai pas de mot lorsque Samuel, Aurélie et moi l’explorons sur nos motos pendant 5 jours. Et je dois dire… Aujourd’hui non plus, mais je vais tenter d’en mettre, des mots.

Je regrette seulement que mon père, devant me rejoindre sur ce périple ne peut pas venir. Ce n’est que partie remise !


Prise par Aurélie, où vous pourrez trouver son blog en cliquant sur la photo
Prise par Aurélie, où vous pourrez trouver son blog en cliquant sur la photo

Ce périple d’environ 400 km se passe au départ de la ville de Ha Giang, au nord du pays, c’est la si bien nommée “Ha Giang Loop”, loop voulant dire “boucle” en anglais. Il y a des chances pour que vous en entendiez parler au cours de votre voyage, Dante est le premier à m’avoir parlé de cette perle, il le tenait d’autres voyageurs avant lui.



Territoire de nombreuses minorités et notamment les Hmongs, presque à la frontière de la Chine, ce n’en est pas moins l’un de mes meilleurs souvenirs de voyage. Sentir cette liberté absolue entre rizières et montagnes, chaque jour, je ressens une grande émotion. Marjolène, ma cousine voyageuse en Australie, me précise que dans mes articles, peut-être suis-je par trop négative vis-à-vis de mes voyages, au point d’en effacer le positif. Je le reconnais et je m’en excuse. Ainsi Marjo’, je te dédie cet article, qui lui ne peut être que positif.




Si vous avez déjà entendu parler de Sapa, cette boucle est comme sa sœur, mais beaucoup moins connue et pourtant semble-t-il, tout aussi belle (voire plus).
Mais surtout, prenez soin de cet endroit, il serait si malheureux qu’il soit lui aussi détruit par le tourisme de masse. Ainsi, ne donnez sous aucun prétexte de l’argent à la population, surtout les enfants, ni même des bonbons. Il me semble l’avoir déjà dit, mais favorisez de la nourriture (saine) si vraiment vous tenez à donner quelque chose. De même, ne leur achetez pas de marchandise type souvenir. Cela incite vraiment aux mauvaises habitudes, ce n’est pas une économie viable.

Avant de se lancer dans l’aventure, comment peut-on se préparer pour une telle expérience ?

Se préparer

Comment y aller ?

Environ 300 km séparent Ha Giang de Hanoï et pour s’y rendre, rien de plus simple : un bus au départ de Hanoï soit tôt le matin ou de nuit qui met entre 6 et 8 heures (valant de 8 à 18€). La qualité du confort dépend GRANDEMENT si l’on prend garde à la compagnie.

Vous pouvez réserver à l’avance vos billets sur mon partenaire Bookaway (je vous renvoie aux mentions légales de ma bio pour en savoir plus sur le partenariat).

 Vous pouvez aussi certainement acheter des billets de bus directement à Hanoï, mais gare aux arnaques sur les prix.

Sinon, si vous avez déjà une moto, vous êtes chanceux !

Quand y aller ?

Vous voulez sûrement éviter la saison des pluies, pour éviter les situations inconfortables comme nous où on finit trempés et comme on souhaite partir léger, on a peu ou pas de vêtement de rechange et encore moins des chaussures et dans l’impossibilité de faire sécher quoi que ce soit, et ce malgré les ventilateurs qui tournent à fond. Même si porter les petits chaussons fournis par les hôtels, à la taille d’Aurélie uniquement, pour aller manger au restaurant est une expérience unique, ce n’est pas le plus pratique.

Bref, vous voulez certainement éviter cela, alors évitez les mois de juin à septembre (donc pas fin  juin comme nous). L’hiver est aussi à éviter, et je parle de l’hiver de l’hémisphère nord : décembre à février.

Privilégiez donc les périodes de mars à mai et de septembre à novembre.

L’administratif

  • Comme dans tous pays étranger, pour pouvoir conduire il faut avoir le permis international (ahem, il faut, il faut) à demander avant de quitter son pays d’origine. Faire bien attention que la mention moto/scooter apparaissent clairement sur le permis.

Les policiers sont tout de même souvent présents sur le circuit, même si nous croisons les policiers de la circulation seulement une fois qui ne nous arrêtent pas, je vous invite à éviter ce stress inutile. Non seulement souvent présents, mais nous lisons de nombreux témoignages de policiers corrompus. Ainsi, veillez à retirer les clés du contact pour qu’ils ne gardent pas votre véhicule en otage.

  • Également, un permis qui coûte à peu près 8€ est requis pour pouvoir faire ce circuit, que vous soyez en moto ou non, disponible directement au bureau de l’immigration de Ha Giang. Ce permis est valable pour aller dans les lieux reculés jusqu’à Meo Vac.

Ne vous laissez pas avoir comme nous, arrivant la fleur au fusil, au courant de rien nous nous faisons probablement arnaquer par le propriétaire de l’auberge. Il nous promet qu’il n’y a pas d’autre moyen que de passer par lui. Par dessus le marché, il nous demande un supplément douteux car son frère serait quelqu’un d’important, ainsi si nous avons des problèmes avec les forces de l’ordre (puisque nous ne venons pas de France directement, tout comme pour Bali, nous n’avons pas en notre possession le permis international) nous pouvons les appeler pour nous en débarrasser. Oui c’est ça, nous corrompons. Honnêtement, je vous l’ai dit, nous sommes à peine réveillés et nous sommes bousculés car il insiste pour que l’on parte le plus tôt possible car les policiers surveillent moins à midi au moment de leur pause. 

Je n’en suis pas fière, donc je vous mets en garde. Soyez en règle et vous n’aurez pas à vous faire de souci. Je n’oublierai jamais l’effacement soudain de mon sourire béat à la vue des officiers de police, obligée que j’étais de leur passer devant sans pouvoir éviter leur regard.

En plus, même s’ils n’arrêtent jamais, il y a des sortes de péages entre les régions, donc entre les militaires et la police, le stress est souvent présent.

Que emmener ?

Je veux aussi évoquer un instant l’habillement, qui me semble important.

La boucle étant très courte (entre 3 et 5 jours si on s’y cantonne, mais c’est facile de l’allonger un peu plus si vous disposez de plus de temps), peu sont nécessaires mais des vêtements chauds seront de rigueur dans le sac, car parfois, même si on ne dirait pas, nous avons froid, sachant que l’altitude peut monter jusqu’à au moins 1961 m dans les montagnes du plateau karstique de Dong Van (à l’UNESCO), et surtout en roulant.

Nous prévoyons -presque- chacun un vêtement de pluie type coupe-vent/K-way. Il se trouve que finalement nous nous en servons contre le soleil qui tape très fort et quand on passe autant de temps à conduire, je peux garantir qu’un vêtement à manches longues mais léger est le bienvenu.
 Nous suons tellement dans notre imperméable que je regrette de ne pas avoir lu une telle info avant de partir.

Ajouter naturellement de la crème solaire et des lunettes de soleil… Preuve en est ! →

Comment ?

Ensuite, le choix du véhicule :

  • Ce sera pour nous une semi-automatique (pour 150 000 dong vietnamien ou VND par jour soit environ 6€) ; notre loueur nous conseille d’ailleurs d’utiliser une semi-automatique, notamment pour deux personnes sur un même véhicule même si nous n’en avons jamais conduit car la maniabilité est plus facile ainsi que la tenue de route (même si au début, il ne voulait pas m’en céder une, sous prétexte d’être une fille…battez-vous !).
  • Mais si vraiment vous n’avez pas confiance en vous-même et vous vous fichez d’avoir de la vitesse, alors optez pour une automatique (qui, elle, coûte 200 000VND soit 8€… je comprends mieux l’insistance du loueur pour me faire prendre une automatique), même si très personnellement, je vous assure que la conduite de l’autre type est très facile, que ce soit Samuel ou moi, nous l’apprenons dans la foulée, à moitié endormis, sur 3 minutes de conduite en aller-retour sur une route plus ou moins droite.
  • Pour une manuelle, le prix est de 250 000VND, soit presque 10€.

Je n’ai pas de magasin préféré pour la location puisque nous n’en avons essayé qu’un. Nous n’avons eu aucun problème avec nos belles montures, des vêtements de pluie présents dans le coffre nous aident bien (que nous mettons la plupart du temps autour des sacs pour éviter un désastre).

La conduite reste tout aussi chaotique, moins que dans les villes naturellement puisque la population est moins concentrée, mais les gens doublent de façon douteuse, les camions sont nombreux et je vous le rappelle : ils sont rois.

De plus, je parlais de tenue de route car ces dernières sont très sinueuses et pas toujours en très bon état, nous croisons de nombreuses personnes remplies de croûtes, cela dit en ce qui nous concerne, todo bene. Lenteur et prudence sont de rigueur. Lenteur sera d’ailleurs un facteur important à considérer, car vous aurez envie de prendre des photos à peu près à chaque instant. Parfois, je voulais m’arrêter tous les dix mètres, mais ce n’est pas très viable car parfois on roule tout de même jusqu’à 6 heures par jour. Surtout quand on se trompe… Je suis la guide désignée pour une raison étrange maintenant que j’y pense, car je suis seule sur ma bécane et il m’est arrivé de me tromper.



  • Si vraiment vous ne souhaitez pas faire cette aventure en moto, des bus locaux existent mais étant donné que nous n’en avons pas l’expérience je ne saurais pas donner de conseils.

Où dormir ?

C’est bien simple, pas besoin de réserver à l’avance, les hôtels ou homestay sont si nombreux dans chaque ville qu’il n’y a aucun problème. Petit bonus : vous pouvez même marchander ! J’adore l’Asie (c’est de l’ironie, je n’aime pas le marchandage, je suis nulle).

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L’itinéraire

Notre loueur nous prête une carte avec dessus inscrites les étapes les plus importantes qui sont les suivantes :

– Ha Giang – Quan Ba

– Quan Ba – Dong Van

– Dong Van – Lung Cu – Meo Vac via Ma Pi Leng Pass

– Meo Vac – Du Gia

– Du Gia – Ha Giang

Quelque part sur la route
Quelque part sur la route

Plan fait avec mon ennemi Google…

En route mauvaise troupe !​

Sauf que moi, je me trompe, et notre parcours à nous ressemble plutôt à ça :

En effet, grâce à moi, nous allons à Nha Phong, et c’est pas donné à tout le monde ! (N’y allez pas, je plaisante)

En essayant de me fier à la fois à la carte et à mon téléphone, il se peut que je confonde un croisement, erreur coûteuse en énergie et en essence. Ainsi, plutôt que d’aller à Du Gia, nous allons à Nha Phong, où nous ne comprenons pas tellement l’intérêt, ni comment font les voyageurs pour dormir puisque le village se compose uniquement d’un hôtel et d’un restaurant, à moitié fermé, même si les restaurateurs daignent bien nous faire des nouilles salées…

Bien loin des nouilles salées de cette petite étape-erreur, une dame nous en fait des miraculeuses dans un village s’apparentant à un village fantôme, mais à ce moment, la faim nous tenaille, ainsi désespérés nous demandons au premier endroit, qui  se trouve être un immense entrepôt où des tables et des chaises sont installées. Cette gentille femme nous montre un sachet de nouilles instantanées et un œuf. Affamés, nous acceptons. Ce sont les meilleures nouilles instantanées que j’ai mangées de ma vie, à l’allure presque de ramen de luxe.

Ce qui est amusant, c’est que dans presque chaque restaurant, aussi pauvres qu’ils puissent paraître, la Wi-Fi est disponible. La télé est toujours allumée, sur des séries romantiques mal jouées.

Dans l’itinéraire, je précise le Ma Pi Leng Pass qui est réputé pour être le col le plus beau du circuit. Mais en vérité, c’est dur de faire un choix, tant les endroits sont tous plus beaux les uns des autres !

L'une de mes favorites, je dois avouer
L’une de mes favorites, je dois avouer
Des montagnes à perte de vue : le rêve...
Des montagnes à perte de vue : le rêve…

Les chambres dans les hôtels sont toujours propres avec la salle de bain incluse. Après notre première journée, épuisés nous nous affalons littéralement sur le lit. Surprise ! Ils sont plus proches de la pierre que d’un réel matelas. Toujours est-il que je dors tout de même très bien (Marjolène pardon, j’ai failli dériver !), de toute façon trop fatiguée par les longues -belles- journées en moto.

Parfois seule sur ma bécane, je réalise à quel point beaucoup de personnes dans ces villages vivent avec peu, et pourtant ils ont l’air totalement heureux. Un petit rappel qu’en Occident, nous sommes gravement victimes de surconsommation, que nous voulons toujours plus pour des choses trop souvent inutiles. Je fais cette -re-réalisation grâce à un jeune homme assis face aux montagnes, entouré par des moutons et caressant une poule dans ses bras. Le sourire de ce jeune homme est si authentique qu’il me fait moi aussi sourire. Je ne peux pas bien sûr garantir que cet enfant est heureux, mais c’est ce que ça m’évoque à moi.

Même si je trouve que de façon générale au Viêtnam, peut-être les enfants sont trop facilement en possession de portable ou de TV pour que les parents se délestent, nous voyons lors de ce circuit de nombreux enfants qui rient et s’amusent dehors avec rien (le fameux argument des grands-parents “moi, à Noël j’avais une orange, et j’étais heureux !” ou encore “moi j’avais pour jouet un bâton, j’utilisais mon imagination”…c’est un peu l’idée) et c’est une très belle leçon de vie que j’emporte avec moi et qui encore à ce jour retentit.

A ce propos, dans l’émission de France Inter « chacun sa route » d’Elodie Font, elle laisse la parole à des voyageurs et j’ai eu le plaisir de participer. C’est exactement ce moment que j’ai choisi. L’émission va être diffusé prochainement, et c’est ici (entre autres) que je la partagerai !

Je peux aussi citer cette petite vieille aux fleurs à Meo Vac. Un matin, une dame âgée Hmong vêtue de l’habit traditionnel agrémenté de fleurs autour de la taille et en couronne adore voler des fleurs dans les jardins des habitants car, dit-elle, les fleurs la rendent heureuse. Ses chansons et sa jovialité se suffisent à elles-mêmes pour nous donner le sourire.

Cela dit, ce qui me fait moins sourire (Marjolène, je le dois…), outre les femmes (et certains hommes mais tout de même principalement des femmes) de tout âge (j’entends entre environ 5 à 80+ ans) s’écrasant le dos sous des charges de canne à sucre dépassant de loin leur taille et probablement leur poids, nous sommes aussi témoins d’enfants parfois âgés de quatre ans traînant d’énormes branches sur les routes (je peux vous reconduire au paragraphe sur la sécurité routière), parcourir des kilomètres avec les bacs sur le dos, déformant probablement leurs petits corps en évolution, maigrichons.

Pour rester sur le côté négatif, les gens, comme dans pratiquement toute l’Asie, cherchent à nous arnaquer, mais c’est devenu une habitude et peut être compréhensible.

Outre ces deux points, je le répète, les paysages sont d’une beauté rare. Pour conclure, la plus belle image à mes yeux est peut-être ce village au col de deux montagnes où une rivière s’écoule dans la douce lumière du crépuscule avec au loin le coucher de soleil, des libellules volant de toutes parts et des enfants qui courent, rient et nous disent bonjour ou veulent nous taper dans les mains, le sourire des habitants et cette vie si simple qui semble si tranquille.





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