Le diable rouge en feu
Cet article a été longuement hors ligne, car je le trouvais bien trop court comparé à tout ce que nous, Dante et moi, découvrons de formidable dans cette magnifique île. Je pense que je ne lui fais pas honneur.
L’enfer ? Non pas du tout. Alors qu’il me reste moins de trois jours en Australie, je me dis qu’il serait peut-être temps d’écrire ce qui sera mon dernier article pour cette expérience. Ainsi donc : la cueillette de cerises en Tasmanie pendant les bushfires (feux de forêt) de l’été.
Expérience de cueillette de cerises à New Norfolk
Dès le premier jour, quand Aurélie et moi sommes arrivées en Australie, on nous a dit ni plus ni moins « allez en Tasmanie ». Bêtes et disciplinées, nous nous sommes exécutées.
Enfin plutôt, exécutés, puisque je suis accompagnée de Dante depuis Brisbane déjà.
Dès le début, ça s’annonce déjà prometteur : notre van « uglee » (nom temporaire dû à son faciès un peu type « gueule-cassée »… résultat de se prendre un kangourou le premier jour de l’achat, ahem) décide que de Brisbane à Melbourne était déjà un trajet bien suffisant. Ou peut-être aime-t-il un peu trop Melbourne et ne veut pas la quitter ou encore peut-être a-t-il une phobie des bateaux mais toujours est-il que juste avant d’embarquer, en passant par la sécurité (donc pas de retour en arrière possible), Dante remarque un écoulement (ce doit être ses larmes) sur le sol.
Un peu inquiets, nous nous arrêtons sur le côté et en ouvrant le capot, de la fumée s’échappe soudain du moteur : là, nous sommes vraiment inquiets. Dante commence à « jouer » avec des câbles et réalise qu’un tube est craqué, pendant que je fais semblant d’être utile (mais j’apprends en même temps).
Pour être plus précise, au delà de jouer, il remarque que le tube du liquide de refroidissement est plus long que nécessaire. Il le coupe et utilise le surplus pour remplacer le tube craqué.
Cela va sans dire, l’ingéniosité un peu étrange de Dante est extrêmement bienvenue !
Après un ferry de jour durant 9 heures, nous arrivons tard à Devonport. Nous trouvons un endroit gratuit où dormir dans les alentours (merci aux développeurs de wikicamps ♡) et devons être le lendemain matin pour signer notre contrat près de Hobart, à New Norfolk pour être précise. En Tasmanie, les distances deviennent à nouveau à taille “humaine”, plus ce à quoi nous avons l’habitude du moins. Mais tout de même, nous devons faire 3 heures de route.
Nous arrivons à temps le lendemain pour commencer l’induction où nous retrouvons Aurélie et Agustín et commençons à faire la connaissance de ce qui va être notre “chez-nous” pour les prochaines semaines.
À savoir un campement d’une centaine de personnes dans des tentes tipies. Niveau marketing ils sont bons pour bien les vendre d’ailleurs, en nous présentant une courte vidéo filmée par drone. Ça a beau être esthétique, ce n’est clairement pas ergonomique. Pour faire tenir ledit tipi, une barre centrale est nécessaire, qui prend toute la place. Mais fort heureusement, notre matelas queen size rentre de justesse et nous avons ainsi le matelas le plus confortable du camp entier. Nous faisons même une bonne petite installation avec un toit en bâche en cas de pluie ; c’est-à-dire souvent en ce qui concerne la Tasmanie. Petit coin bien pratique car les espaces communs sont très souvent pris d’assaut et bien trop petits pour le nombre de travailleurs. De plus, nous avons la chance d’avoir une prise électrique juste à côté de notre tente où nous créons une sorte de plateforme de charge pour les tentes alentours.
Avant de m’y rendre, j’ai entendu des gens la comparer à l’Écosse. Et à raison : tout comme ce pays celtique, les quatre saisons peuvent défiler dans une seule journée.
Cueillir des cerises n’est pas le métier le plus dur, mais ce n’est pas non plus le plus enrichissant, dans tous les sens du terme (ça dépend de chacun bien entendu, certains aiment ce métier, d’autres sont très doués pour faire plein d’argent, mais c’est loin d’être mon cas, surtout l’aspect pécunier).
Très répétitif, avec nos “lugs” (paniers) de 8 kg, les journées sont vites longues. Il faut savoir que nous sommes payés au lug. Mais quand les cerises sont petites et/ou explosées par la pluie ou le soleil, c’est déjà beaucoup moins drôle. Surtout que pour plusieurs raisons dont je ne vais pas parler, nos chefs étaient contre le système (suffisamment pour démissionner) et bizarrement, appelez ça spéculation, nous étions l’une des seules équipes à toujours avoir des “rows” (rangées) pourries. Ajoutez à cela environ 3 à 10 araignées par arbre, ce qui peut en déranger certains ou certaines (je ne vise pas Aurélie). La cueillette n’est pas tellement agréable même si au moins nous ne sommes pas avachis au sol. Mais porter quelques kilos pour avoir les cerises qui sont hautes ou traverser les branches en faisant des acrobaties pour celles plus basses est un sport. Un sport que tout le monde ne pratique pas, ce qui fait que Dante et moi sommes encore plus lents que nous ne le sommes de base. La compétition et le surpassement de soi n’est apparemment pas pour nous. Nous cueillons rarement sous la pluie et nous ne travaillons pas non plus quand il fait trop chaud (c’est pour les cerises, car cela les abîmerait, ce n’est pas pour nous), mais les seules fois restent ancrées dans ma mémoire tant c’est peu supportable.
Combien de fois me suis-je retrouvée assise au sol, cueillant les cerises à ma portée, en en mangeant la plupart ? Bien trop souvent.
Tout comme on peut le constater sur la photo à droite, moi durant l’une des innombrables pauses →
Car il faut savoir que nous sommes autonomes. Certes, des « chefs de rang » se promènent pour vérifier si nous faisons du bon travail, et il faut finir les rangées dans les temps, mais il y aura toujours des grands courageux pour se jeter sur vos arbres de toute manière. Enfin, tout ça pour dire que nous pouvions prendre en quelques sortes des pauses quand nous le voulions, surtout avec nos chefs rebelles.
Le saviez-vous : saviez-vous qu’ils séchaient les cerises après la pluie ? Savez-vous comment ? Avec des hélicoptères.
D’ailleurs, en parlant de chaleur, vous savez, ces tentes non-ergonomiques ? Elles sont installées en plein soleil pour une raison esthétique. Donc quand il fait trop chaud pour cueillir, les tentes sont aussi des fours. Se reposer devient impossible. On retrouve les campeurs, qui n’ont pas fait une sublime installation comme nous, désespérés, assis dans un minuscule coin d’ombre que procurent les caisses empilées qui servent de murs pour former les séparations entre les rangées de tentes.
Ils installent bien des grandes tentes « en étoile », comme ils les appellent, mais par deux fois elles tombent, dû au vent, et la deuxième est la fois fatale.
Ceci dit, les cerises sont très bonnes, si je peux ajouter un point positif. Non bon après je ne voudrais pas être négative, l’expérience est intéressante et même si je fais partie des plus lentes, je ne regrette pas d’y être allée. Je ne vais pas être riche et même si ce n’est pas la folie avec les autres travailleurs, l’ambiance reste agréable, si on oublie l’eau chaude qui ne fonctionne pas pendant une à deux semaines ainsi que les plaques chauffantes de la cuisine. Nous sympathisons bien entre autre avec un couple allemand et néerlandais. Aussi, les Français sont nombreux. Très nombreux : la moitié est française. En règle générale nous, les Français, sommes connus pour rester souvent en communauté, plutôt bruyants et faire peu d’efforts pour parler anglais, ainsi nous sommes parfois peu appréciés des autres nationalités. Malheureusement dans le camp, beaucoup d’entre eux ne font pas exception à la règle. Mais ils restent gentils, surtout quand ils se rendent compte qu’Aurélie et moi sommes aussi Françaises. Il y a aussi un grand nombre d’Argentins. Quant au reste, on trouve des Italiens, des Japonais (ça me permet de travailler un peu mon japonais !), des Chinois, des Anglais, quelques Américains (ou devrais-je dire États-Uniens…), des Québécois, une Chilienne et des Tchèques.
Pendant nos jours de repos nous explorons, principalement avec les Chris (le couple Allemand avait tout deux le même surnom) et Maëva, comme le sublime Mount Field National Park. Ses cascades me rappellent un monde fantaisie : j’aimerais y passer plus de temps.
Le soir, nous dormons au camping de Teds Beach Campground, un autre endroit très reposant.
Agustín, Aurélie, Dante et moi allons dans la presqu’île du sud-est à Cape Raoul et Port Arthur, où nous voyons au loin une colonie de phoques !
Avec certains, nous passons le réveillon de Noël à Gordon Foreshore Reserve.
Parfois en toile de fond, nous avons des bushfires ravageant la Tasmanie, dont un vraiment proche du campement.
Ceci dit, pour faire court, nous assistons à une petite révolution (ah, les Français) dans le campement à cause, entre autres, des conditions précédemment évoquées, ainsi certains travailleurs sont expulsés (ah, le capitalisme). De plus la saison se révèle plus courte que prévue et se termine presque 15 jours avant la date initialement prévue.
Mais outre les visites et le travail, nous utilisons le reste de notre temps libre intelligemment (soit quand nous terminions plus tôt ou quand nous ne pouvions pas cueillir), nous nous attelons à la construction d’un lit et d’une cuisine dans notre van. Nous avions bien un lit lorsque nous l’avons acheté, mais il ne sied pas à Dante, le trouvant trop encombrant pour rien. Je tiens particulièrement à remercier Nathan (notre superviseur du camping), qui nous prête beaucoup d’outils et de matériaux !
Notre exploration autour de l'île en van !
(A ce jour, j’essaie toujours de trouver un bon site pour faire des cartes, car j’en ai essayé plusieurs mais aucune ne me satisfait et je refuse de continuer à utiliser Google)
Mais si la Tasmanie me marque, c’est surtout pour ses paysages. C’est surtout pour cette raison que j’ai mis cet article hors-ligne pendant si longtemps, car comme je l’ai dit, je ne rendais vraiment pas suffisamment hommage à la Tasmanie donc je voulais recommencer. Selon Dante, il se peut que vous soyez un petit peu déçu de la destination si vous êtes déjà allés en Nouvelle-Zélande (mais ne comparez pas, enfin !).
Dante et moi en faisons le tour d’est en ouest en van quasiment flambant neuf… Nous commençons notre expédition à Launceston où nous devons faire quelques réparations mécaniques de uglee (merci tellement pour la douche chaude gratuite, conseil municipal ♡).
Dans l’est, notre premier arrêt est le parc national de Ben Lomond, dont le nom fait très écossais, encore une fois, qui est devenu l’un de mes endroits préféré en Tasmanie (bien que choisir soit difficile).
Puis nous continuons vers St Helens Conservation Area, où nous pouvons nous rendre sur une petite île en marée basse… Mais évidemment, fidèles à nous-même, nous restons presque coincés.
Attention ! Veuillez à ne pas déranger la population locale, dont les pingouins font partie, tout comme à Bicheno. Il est écrit partout de ne pas éclairer les pingouins de lampes, et c’est très important !!! J’ai vu de nombreuses personnes le faire, donc s’il vous plaît, s’il vous plaît, ne le faites pas. Heureusement, plusieurs d’entre nous avons enjoint ces personnes à éteindre leur lumière, mais nous n’aurions même pas à avoir à le faire.
Ce qui est absolument génial en Australie, c’est qu’il y a des campings ou parkings gratuits dans des endroits que l’on n’imaginait même pas. De fait, à titre d’exemple, nous avons la chance de dormir très près de la plage de Cloudy Bay à Bruny Island, qui nous est très souvent conseillée, où nous rencontrons un très vieux lion de mer (l’animal, pas un marin) et des wallabies. Si vieux lion de mer que j’ai même appelé le centre de la faune sauvage car il semble un peu frêle et plus si sauvage, mais il semblerait que son cas soit déjà connu.
A l’ouest se trouve une vieille mine abandonnée où s’est formée un lac d’un bleu émeraude (c’est pas censé être vert ?) du nom de Iron Blow Lookout près de la ville de Queenstown et bien sûr les magnifiques montagnes du parc national de Cradle Mountains, où d’innombrables randonnées démarrent.
Enfin, voici une petite sélection de photos dont je ne me souviens pas de l’endroit :
Les projets, en évolution constante comme vous le savez si vous avez suivi depuis le début, nous emmènent Aurélie et moi à Bali. Destination très prisée depuis l’Australie car peu chère, nous nous faisons nous aussi ce petit plaisir. Nous avons une idée de la suite mais je préfère ne pas l’évoquer tout de suite, puisque ça risque encore de changer de toute façon.
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