Asie,  Birmanie

Aventures en Birmanie : présentation et Yangon

En Birmanie, je suis arrivée au point où je commence vraiment à sentir le poids de la pauvreté m’accabler, pauvreté sociale de même qu’environnementale. 

Donc pour oublier, je suis devenue alcoolique
Donc pour oublier, je suis devenue alcoolique

J’aime ce pays, les gens y sont si généreux, si naturellement bons. Mais la pauvreté transpire sous tous ses aspects ; nous y voyons tellement peu de maisons en pierre (non pas que ce soit la façon absolue de faire une maison mais disons au moins une maison qui a l’air de pouvoir survivre au vent par exemple… enfin c’est ce que les Trois Petits Cochons m’ont appris), pour la plupart ce sont de simples maisons construites en bambous entremêlés, avec ou sans toit. De plus, nous arrivons à la saison des pluies et comme je l’ai raconté dans l’article sur le nord de la Thaïlande, la pluie est incessante pendant de nombreux jours. De fait, de Myawaddy à Yangon, tout est inondé, en sorte que les habitants se déplacent en bateau simplement pour sortir de leur maison. Et vu l’état des bâtiments publics…

Toilettes sur l'aire de repos où s'arrête notre bus
Toilettes sur l'aire de repos où s'arrête notre bus
Le plafond des toilettes...
Le plafond des toilettes...

Pour cette partie, étant donné que je n’ai que des vidéos, je ferais une mise à jour plus tard de l’article avec la vidéo correspondante.

Si je veux ne serait-ce qu’évoquer un court instant l’environnement, clairement ils ont d’autres priorités. Les lacs sont remplis de déchets, si bien que parfois nous pouvons à peine apercevoir la surface et si ce n’était que l’eau… Peu importe où le regard se pose, c’est probablement sur un déchet.

Ca fait toujours plaisir de se baigner dans une rivière, surtout en présence de sachets plastiques pour le savon et le shampooing
Ca fait toujours plaisir de se baigner dans une rivière, surtout en présence de sachets plastiques pour le savon et le shampooing

Petite intro rapide du pays

De plus, si je dois le rappeler, le Myanmar ne s’est ouvert que récemment au tourisme (principalement depuis 1992). Et je viens d’ailleurs de changer de nom car ce pays a -lui aussi- un passé compliqué. En 2008, le gouvernement a décidé de changer le nom de ce pays, auparavant appelé “Birmanie”, lui préférant  “Myanmar”pour rompre avec le passé militaire.

S’il est évoqué dans l’actualité, c’est surtout en raison de la crise humanitaire avec les Rohingyas, minorité persécutée parmi de nombreuses autres dans le pays. Je ne suis pas là pour faire de la politique, mais je pense que c’est important de poser les bases pour comprendre la situation du pays sans être un juge sévère des conditions. La Birmanie a été colonisée par les Anglais (une malchance sur deux en Asie -et je viens de faire de la politique-) puis s’est libérée par un coup d’état et a vécu depuis lors sous le régime des dictatures militaires successives. Ironiquement, le gouvernement militaire a adopté la dénomination de “Conseil d’État pour la paix et le développement”, ce qui est exactement à l’antipode de ce qu’il véhicule.

Outre les Rohingyas, les actualités ont souvent évoqué Aung San Suu Kyi, cette fameuse femme politique birmane, devenue première ministre en 2016 et qui connaît depuis des scandales à son tour. Les militaires sont malheureusement encore très présents, ce qui laisse peu de liberté à la démocratie. Bref, je pense que ça va suffire pour présenter la situation générale.

Les modalités et par où passer si on passe par les frontières

Pour s’y rendre, il faut auparavant demander son visa (ce qui est désormais possible sur internet ! Il me semble que nous sommes parmi les premiers à profiter de ce système, ou bien c’était au Laos…). Le visa coûte 50 USD. Dès le lendemain, nous recevons notre lettre d’approbation de notre visa et celui-ci dure est valable 90 jours.

Nous passons en Birmanie par la terre, non seulement probablement plus économique mais surtout plus écologique. Pour ce faire, quatre possibilités s’offrent du nord au sud :

  • soit de Mae Sai (du côté de la Thaïlande) à Tachileik (côté birman), toutefois, on doit laisser son passeport à la frontière (ce n’est pas la sensation la plus sympa), on ne doit pas dépasser la région (démarquée par la ville de Keng Tung) et on ne peut rester que cinq jours. Autant dire…nope. Nous rencontrons quelqu’un ayant choisi cette option, résultat : il a dû retourner en Thaïlande et prendre l’avion jusqu’à Yangon.
  • l’option que nous choisissons et qui je pense est la plus courante : de Mae Sot (toujours en Thaïlande) à Myawaddy. Le problème de cette option est que nous pouvons prendre un véhicule pour aller à la frontière thaï, mais nous sommes laissés à l’entrée et nous devons traverser à pied un long pont pour entrer dans la ville après avoir passé les douanes, qui, au passage, sont agréables (l’un est en train de manger son déjeuner et comme il devait partir, il nous dit d’en profiter aussi). Le pont est assailli par de nombreux mendiants, des enfants qui nous suivent un peu, donc je conseille de ne rien laisser sur le sac à dos qui soit facile à prendre. Nous ressentons un très fort sentiment d’insécurité.

Juste un petit conseil pour prendre le véhicule le plus économique : le mieux est de se rendre au marché local de Mae Sot et de chercher les sortes de bus/camionnettes dans lesquels peuvent s’asseoir techniquement 8 personnes, même si on est plutôt proche des 15 personnes. C’est à mon sens, la meilleure façon de traverser la frontière (et c’est aussi la façon dont les locaux traversent) plutôt que de prendre un tuktuk qui inévitablement multiplierait les prix par 100.

Le pont-frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, où les camions sont à l'arrêt
Le pont-frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, où les camions sont à l'arrêt
Il faut se lancer
Il faut se lancer
  • Une option qui nous tente aussi est de passer (sur le retour notamment) par Htee Kee à Ban Phu Nam Ron (Thaïlande) mais à cause des inondations, nous ne pouvons pas y aller. Mais cela peut être une bonne option pour ceux qui veulent une porte de sortie (ou d’entrée) dans le sud hors de la saison des pluies . La route n’est pas visible de Google Maps, mais elle l’est de MapsMe par exemple.
  • La dernière option disponible est, elle, par la mer tout au sud de la Birmanie à Kwathaung jusqu’à Ranong en Thaïlande. Je n’ai aucune information à ce sujet mais j’ai cru lire sur internet que le bateau coûte peu cher… A essayer donc !

Le récit

Après avoir quitté Somwan à Chiang Mai, nous projetons de nous rejoindre à Yangon trois jours plus tard. De Myawaddy, de très nombreuses compagnies offrent un bus allant directement à la plus grande ville du pays. Les prix varient beaucoup. Celui que nous trouvons est un bus très local, qui nous coûte 12 000 kyats (environ 7,41€). Pour trouver ce bus, nous refusons plusieurs offres et marchons un peu dans les alentours. Les locaux nous fixent souvent. Pour nous acquitter de ce prix, nous devons trouver des distributeurs de monnaie. Tout se fait vite et l’un d’eux me dit qu’il peut m’emmener. Je grimpe sur le scooter, sans casque, et nous nous arrêtons devant un distributeur dans la rue principale où de nombreuses personnes sont devant, donc je regarde mon chauffeur dubitative, mais je sais aussi que je dois faire vite car le bus va partir très bientôt. Il me fait signe d’y aller. Seulement je stresse un peu car j’ai peur que ce soit un coup monté (la paranoïa, bonjour). J’essaie mais les distributeurs m’indiquent “échec”. Là j’entre dans un mode paranoïaque ultime où je me dis qu’ en plus, l’argent va être retiré quand même mais il me faut de l’argent à tout prix. Je lui dis que ça n’a pas marché, il m’emmène en face où il y a plus de distributeurs et plus de gens. Je retire de l’argent en cachant l’écran avec tout mon corps et c’est un succès !

Le trajet est supposé durer dix heures mais est rallongé de plusieurs heures à cause des inondations et on peut voir de longues files de camions bloqués depuis un bon nombre de jours apparemment, puisque certains ont installé un hamac en dessous de leur véhicule pour dormir ou d’autres prennent une douche dans une cuve inondée, peu attirante.

Pour ceux qui ont le temps et qui ont l’intelligence d’aller au Myanmar hors de la saison des pluies, un arrêt à Hpa-An sur le chemin vers Yangon semble une bonne idée et même y rester plusieurs jours car il semble possible d’y voir plusieurs choses.

Pour les trajets, si vous voulez éviter tout ce casse-tête, entre avoir à débusquer le mensonge, marchander, attendre ou que sais-je encore, vous pouvez réserver sur Bookaway pour un prix raisonnable : ici.

Yangon

C'est la seule photo que j'ai de Yangon, alors il faut en profiter
C'est la seule photo que j'ai de Yangon, alors il faut en profiter

A ce jour, je me souviens de Yangon comme l’une des villes les plus laides que je n’ai jamais vues. Je dois avouer que Colombo au Sri Lanka, l’a détrônée, mais tout de même, dans ce fabuleux classement éclatant, cette fausse capitale (en plus) se tient bonne seconde. Fausse capitale car si c’est bien la ville la plus connue du pays, la plus grande disons, la capitale administrative est Naypyidaw (je m’y suis prise à deux fois), qui n’a absolument AUCUN intérêt touristique apparemment, la dictature ayant seulement décidé de déménager tous les bâtiments administratifs (et employés accessoirement) dans cette ville. Un peu à la Canberra en Australie, pour couper court au débat entre Sydney et Melbourne.

Remplie de monde vendant toutes sortes de choses dans la rue, comme des vieux circuits électriques ou des tournevis, laissés sous la pluie, une odeur fétide ambiante, de la mousse sur les trottoirs, des espaces verts quasiment inexistants, voilà mon souvenir. Sans oublier la pollution, le bruit, la froideur des bâtiments. Nous ne visitons pas grand chose, premièrement à cause de la pluie et ensuite…c’est juste moche ! Il y a bien ce petit train qui fait le tour de la ville, même si le train est à l’arrêt sur la moitié du circuit et plusieurs personnes nous disent que oui, c’est intéressant au début, mais c’est un peu comme la Vendée intérieure en hiver, c’est ennuyeux à mourir. Nous entendons parler d’un parc à thème abandonné mais il semblerait qu’une sorte de mafia prenne en otage cet endroit… Et moi, être témoin des actions de la mafia locale à nouveau, même pas en rêve !

Lors d’un voyage, beaucoup d’entre nous recherchent sur internet “que faire à cet endroit”, par exemple : “que faire à Yangon”. Bon déjà, pour tirer les choses au clair, je n’aime pas cette technique que pourtant j’utilise à chaque fois, mais la plupart du temps, on lit des choses débiles comme “vous pouvez manger ce plat”, “ profiter d’un café”, “ aller boire une bière au bar”, “  aller au marché local”. Ouais, merci j’aurais pu le deviner toute seule. Et en général quand on lit ces choses, c’est un très très mauvais signe… C’est signe qu’il n’y a rien à faire ! Yangon remplit ces critères.

Ouais et merci le petit-déjeuner, j'aurais pu m'en passer
Ouais et merci le petit-déjeuner, j'aurais pu m'en passer

A moins d’aimer les pagodes de tout son être, dans ce cas le Myanmar est un vrai paradis, il faut avouer qu’il n’y a pas énormément de choses à faire. En fait, on nous dit “s’il y a une seule pagode qu’il faut voir à Yangon, c’est la pagode Shwedagon”. Assez loin du centre-ville, nous y allons à pied, ce qui nous permet de visiter un peu mieux la ville. Anecdote intéressante toutefois, un peu partout on peut observer des gallons d’eau gratuite, avec des verres. Avec cette chaleur, c’est extrêmement bienvenu.

Les galons d'eau gratuits !
Les galons d'eau gratuits !

La même histoire se répète, nous arrivons, nous trouvons que c’est trop cher, nous repartons. La prochaine fois, il serait bien de se renseigner, une petite leçon à retenir, où arrêter d’y aller. La pagode se trouve juste à côté du parc Kandawgyi où se trouve un zoo absolument affreux où il ne faut surtout pas aller (ce n’est pas ma propre expérience mais je pense que c’est plus qu’évident, on peut lire sur internet que les enclos sont trop petits, les animaux ne disposent pas d’eau potable et j’en passe et des meilleurs, on voit le tableau). Toutefois, les statues sont de toute beauté et éclairent notre journée.

"Happy World"... c'est sûr que quand on a l'air d'être autant défoncé à la colle, j'imagine à quel point il doit être "happy" le "world"
"Happy World"... c'est sûr que quand on a l'air d'être autant défoncé à la colle, j'imagine à quel point il doit être "happy" le "world"

Allez, allez, on essaie l’une des idées lumineuses de cette liste de “que faire?”, soit :“manger”. C’est d’une ingéniosité étonnante, ainsi nous allons à un marché local où la nourriture est très bonne et abondante.

Restaurant de rue local rempli de plein de bonnes choses ! Miam
Restaurant de rue local rempli de plein de bonnes choses ! Miam

Enfin presque toujours abondante comme nous le montre Dante ci-dessous…

Le contact avec les locaux est assez différent par rapport à nos autres expériences, on voit que la population n’est pas exactement habituée à voir des étrangers et j’apprends plus tard que les contacts entre étrangers et habitants ne sont absolument pas encouragés, voire interdits dans certains cas, mais je vais le détailler plus tard. Mais en général, ils sont curieux et bienveillants.

Somwan nous rejoint enfin et nous commençons donc notre voyage à trois et directement nous allons à la sublime Bagan.

Et comme toujours, voici quelques ratés sortis tout droit des menus :