अन्नपूर्ण पदमार्ग

Le Népal ( नेपाल ) est l’un de mes amours éternels. Bien évidemment, voyager est différent pour chacun d’entre nous, avec les raisons qui nous sont propres, mais je pense que l’on peut dire que pour tout le monde c’est une affaire de sens. Le Népal éveille en moi tous les sens, des odeurs inoubliables, des mets exquis, des paysages qui me font encore voyager même de retour au pays natal, l’envie de toucher à tout comme à ces poudres aux couleurs éclatantes et que ce soit à Katmandou ou à Tho Rong La, le brouhaha de la place centrale ou le silence absolu me font encore écho. Ne peut-on pas dire la même chose pour chaque pays ? Sûrement. Mais moi, c’est ce petit pays enclavé qui me fait jouir de ces plaisirs.

Encore une fois, je vais diviser l’expérience du Népal en deux, un article pour les détails techniques pour préparer le trek, où vous pourrez trouver les informations nécessaires. Le « trek en soi » est le circuit de Annapurna ( अन्नपूर्ण ) (Annapurna circuit trek en anglais). C’est un trek de plus ou moins 20 jours. Je vous laisse donc imaginer que le côté technique peut être la source de nombreuses questions.

Puis un second article, avec le récit. Un long, long article qui est principalement une retranscription de ce que j’ai enregistré chaque soir, où je livre mon ressenti à vif. Peut-être même que ce sera une sorte de podcast.

Je le répète, désormais, avec le recul, le Népal est mon énorme coup de cœur de ce grand périple. J’y retournerai, c’est sûr. En fait, il m’intrigue tellement que je me suis plongée dans la mythologie à mon retour en France pour essayer de percevoir le culture par une toute petite fenêtre.

NB : Je mets certains noms en népalais car je trouve cela intéressant d’avoir l’écriture. J’aurais peut-être pu le faire pour les autres pays aussi, ce que je vais peut-être faire d’ailleurs.

Coup de projecteur

Le Népal serait le berceau de Bouddha (rien que ça), à Lumbini plus précisément.

Histoire de se cultiver un peu, Annapurna veut dire “abondance de nourriture” et est au départ un autre avatar de la déesse Parvati, aussi connue sous au moins 1 000 noms, et devient entre autre la divinité de la nourriture (un peu ma déesse en somme) de la religion hindouiste.

Mais c’est aussi le nom d’une chaîne de montagnes dans les Himalayas ( हिमालय ), dont le sommet atteint 8 090 mètres d’altitude, mais le massif comprend aussi treize pics de plus de 7 000 mètres et 16 de plus de 6 000 mètres. La région est aussi très riche du point de vue de la faune et de la flore (par exemple, on dénombre plus de 1 300 espèces de plantes différentes !). On compte de nombreuses ethnies dans ces monts comme les Magar, Gurung, Manange et Loba. On trouve aussi les yaks (dont la femelle est appelée « dri ») ou encore les moutons bleus (bharal).

Homme en train de traire une dri
Homme en train de traire une dri
Bharals
Bharals

Le pic d’Annapurna est le 10ème plus haut pic du monde mais il paraît que c’est l’un des pics les plus dangereux. Rapidement, pour la formation des montagnes, ce sont les plaques indienne et eurasienne qui ont fait “Boum !” il y a entre 40 et 50 millions d’années. Ce sont donc plutôt des montagnes jeunes. Avant cela, il y avait une mer qui séparait les deux continents : la mer de Tethys. Ce qui explique maintenant pourquoi nous trouvons avec Dante des fossiles de coquillages en haut des montagnes !

Un fait notable que je trouve incroyable : les plaques continuent de se chevaucher de plus en plus et ces monts grandissent d’environ 1cm par an ! Incroyable, innit!

  • La légende, elle, raconte que les Himalayas ont été créées pour des mouettes. Oui, ces oiseaux que tant de personnes méprisent juste parce que parfois elles aimeraient voler l’une de leurs frites en déféquant malencontreusement. Enfin, je m’écarte du sujet. Un couple de mouettes n’arrivait pas à pondre car la mer engloutissait les œufs à chaque marée. Un peu saoulées, elles ont donc demandé de l’aide à Vishnu, le voisin de palier (Vishnu c’est l’un des super héros de la religion hindou -et au passage, cette légende prouve que l’existence de la mer de Tethys est connue depuis longtemps donc ! J’ai trouvé ce fait intéressant-). Alors Vishnu les a pris pitié et a donc aspiré la mer (il ne fait pas les choses à moitié). Le vide a laissé place à Mère Nature (j’ai du mal à voir la connexion). Ce fait accompli, il décide d’aller faire une sieste. Ainsi, le démon Hiranyanksha en a profité pour éclater littéralement Mère Nature et les coups portés sont si violents que les Himalayas auraient été ainsi créées.

Le nom de la déesse Annapurna aurait été donné à ce massif car certains racontent que la déesse elle-même résiderait dans ces montagnes, fille du roi des montagnes Himavat. (Je m’arrête là pour la mythologie, promis !)

Comment préparer le trek de Annapurna ?

Dante m’a parlé pour la première fois de Annapurna, suite à des recommandations de certaines de ses rencontres durant ses propres pérégrinations. Je n’en ai jamais entendu parler avant, et pourtant à en juger pour le nombre de marcheurs, c’est une randonnée très célèbre. Mais enfin, ce n’est pas comme si j’étais une alpiniste avertie (j’insiste sur le passé de cette phrase, j’aime à croire que je suis en bon chemin de le devenir, notamment grâce à l’expérience en Argentine aussi).

Pour être tout à fait honnête, avant de le faire, je pensais que j’en étais tout à fait incapable, bien que je sois plutôt sportive.

Mais en réalité, c’est très accessible. Nous voyons plusieurs fois des familles avec de jeunes ados et parfois des enfants. Bon, d’accord, c’étaient principalement des Allemands (qui ont une réputation d’être plutôt excellents en randonnée…OK, c’est stéréotypé), mais c’est pour dire. Il faudra bien sûr s’entraîner. Avant de faire le trek, nous sommes déjà en voyage depuis cinq mois avec nos sac à dos de 15 kg chacun que nous trimballons partout et faisons plusieurs randos.

Se faisant généralement sur une durée de vingt jours pour en profiter un minimum et ne pas avoir à se dépêcher et avaler une vingtaine de kilomètres par jour (ce seront quand même autour de 15 km par jour), ce circuit nous emmène au plus haut à 5 416m d’altitude, au col de Thorong La.

Il faut aussi prévoir quelques jours pour s’acclimater. Car attention, cette altitude peut être fatale si les précautions nécessaires ne sont pas prises. Comme je le décris dans la partie «les médicaments», munissez-vous de médicaments spécifiques. Ce n’est pas une option, car je le répète, ça peut vous gâcher l’expérience complètement, si on doit vous emmener dans un hôpital.

Alors donc, passons aux détails administratifs.

De quels papiers faut-il s’armer ?

Pour pouvoir faire ce trek, il vous faudra deux permis, qui peuvent se faire soit à Katmandou, soit à Pokhara.

L’office de tourisme népalais de Katmandou

L’office de tourisme du Népal à Pokhara

– Annapurna Conservation Area Project (ACAP)

Ce permis coûte environ 22€, ou 3 000 roupies népalais (NPR) (~25$ US) et comme son nom l’indique donne accès pour entrer dans la région de Annapurna. Il nous permet d’aller jusqu’au haut Mustang (si tant est que je doive traduire “Upper Mustang”, sachant que pour faire le Upper Mustang, il vous faudra un permis de 500$ US. La raison ? Probablement trop proche du Tibet).

Les autres noms que l’on peut trouver sont « National Trust for Nature Conservation », « ACA Entry Permit Application Form », « Registration form »…

– Trekkers Information Management System (TIMS)

Ce permis permet de s’enregistrer et sert si l’on se perd. Il coûte 1 000 NPR, soit environ 7€ ou encore 9$ US.

Les documents ressembleront sûrement à quelque chose comme ça :

ACAP
ACAP
TIMS
TIMS

Point de vue matériel

Pour ce trek, pas besoin de s’encombrer de tente ou de duvet. Les étapes font que chaque soir, vous dormirez au chaud, avec plusieurs couettes que vous pouvez demander à chaque logement.

De préférence, il faudra un thermos avec filtre, qui s’avère très pratique. D’ailleurs, quand Dante ne l’oublie pas chez ses amis, il nous suit partout. D’abord conseillé par Samuel (avec qui j’ai voyagé au Viêtnam), ça permet de pouvoir boire n’importe où, dans les cours d’eau ou eau supposée non potable.

Sans vouloir faire de pub, le filtre que nous achetons est génial car c’est en fait un adaptateur, de chez LifeStraw. Nous avions déjà une bouteille et ne voulions surtout pas acheter une bouteille en plastique (ce que vend normalement LifeStraw), donc cet adaptateur était le compromis idéal.

Emmenez aussi des barres de céréales ou des gâteaux riches en fibres. Nous en trouvons de délicieux dans un petit magasin à Katmandou.

Une chose que je regrette d’avoir oublié : des chaussons… et des vêtements waterproof mais RESPIRANTS et rapides à sécher. Nous en achetons un peu en catastrophe à Katmandou, mais comme nous ne voulons pas dépenser énormément (nous arrivons en fin de parcours de notre périple en Asie), nous achetons des pantalons dans un magasin au hasard. Pour une petite pluie, ils font l’affaire, mais avec les pluies de mousson, autant dire que nous suons dans les vêtements et nous finissons presque encore plus mouillés que sans…

Je partage la petite liste que j’avais préparée avant de partir :

  • – 2 T-shirts
  • – Couche thermique
  • – Legging
  • – Brassières
  • – Pantalons waterproofs
  • – Doudoune
  • – Manteau coupe-vent et étanche
  • – Bonnet/Gants –  Concernant les gants et le bonnet, j’ai décidé de les acheter sur le parcours, pour participer encore un peu plus au commerce local
  • – 2 paires de chaussettes d’hiver
  • – Echarpe/Puff
  • – Casquette
  • – Lunettes de soleil
  • – Caméra d’action
  • – Appareil photo (objectif 18-200mm) : petit détail par rapport à l’appareil photo, pendant ce trek, j’ai rencontré un gars qui avait un « gadget » que je pense maintenant indispensable pour voyager, c’est un « clip » pour accrocher l’appareil photo à la lanière du sac par exemple, pour éviter qu’il pende au cou (ce que j’ai subi pendant tout le trek…)
  • – Sac plastique pour ramasser les déchets que je trouve sur la route
  • – Gâteaux/Barres de céréales
  • – Médicaments (qui est le prochain chapitre)
  • – Sac étanche
  • – Chocolat dont nous mangions un carré chaque soir
  • – Barres de savons et shampooing solide
  • – Déodorant solide
  • – Serviette microfibre

Nous lavions nos vêtements chaque soir et les faisions sécher soit dans l’auberge, encore mieux quand il y avait un feu, sinon le lendemain sur nos sacs à dos pendant la randonnée.

Les médicaments

Diamox : essentiel pour traiter le « Mal aigu des montagnes » (MAM, ou Acute Mountain SicknessAMS-), ce médicament est naturellement bien connu des alpinistes. C’est un médicament diurétique qui permet de s’acclimater plus rapidement à l’altitude.

Il fait donc uriner un peu plus, mais ce n’est pas bien grave comparé au fait que ça peut vous sauver la vie. Si vraiment vous en êtes soucieux, prenez donc la moitié d’un comprimé (donc 125g).

  • Nifedipine 8 x 4mg : utilisé pour traiter les œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA, en anglais High Altitude Pulmonary Edema –HAPE-). Le nom fait un peu barbare, non ? Vous voulez absolument l’éviter, je pense !

En gros, les liquides biologiques s’accumulent dans les poumons à cause de la haute altitude. Cela arrive souvent au-delà de 2 500 mètres pour une personne en bonne santé. C’est pour cela qu’il faut bien s’acclimater pendant plusieurs jours quand on arrive vers 2 500 – 3 000 mètres d’altitude.

Ce médicament permet de réduire la pression autour des poumons et diminue le flux de liquides le temps de redescendre à des altitudes plus basses.

Pour la posologie, prendre 8 mg une première fois puis attendre une demie-heure avant de reprendre 8 mg.

  • Dexamethasone 8 x 4mg : entre en scène pour traiter le troisième risque des hautes altitudes : œdème cérébral de haute altitude (OCHA, son équivalent anglais est High-altitude cerebral edema or HACE).

De la même façon que l’œdème pulmonaire, le risque de la haute altitude sur le cerveau est que du liquide s’accumule dedans.

NB : Le diamox peut-être utilisé de manière préventive mais les deux autres (Nifedipine et Dexamethasone) sont à utiliser uniquement en cas d’urgence !

En bonus :

  • Amoxicillin : peut toujours être utile pour traiter une infection due à une bactérie.

Quand faut-il s’y risquer ?

Soit disant toutes les saisons sont OK, mais la saison la plus touristique est celle entre octobre et novembre. Comme la saison des pluies vient de passer, les décors de basse altitudes sont luxuriants (ce qui m’a absolument subjuguée).

Une autre saison appréciée est celle du printemps, d’avril à mai, où les températures sont agréables, mais parfois peut-être insupportables en basse altitude.

De juin à septembre, c’est la fameuse saison des pluies. Wikipédia dit que ce n’est pas tant un problème, et qu’au contraire, la flore est encore plus sublime. Je reste un peu plus dubitative et j’aimerais avoir des retours de personnes qui l’auraient fait pendant cette saison. Surtout quand on voit les nombreux glissements de terrain tout du long…

De décembre à mars sont les mois les moins conseillés, et le seul point positif est que vous aurez peut-être le circuit pour vous seuls. Mais est-ce que ça vaut la peine de risquer de se prendre une avalanche sur le coin du nez ou d’être bloqué avant le Thorong La jusqu’à ce que la neige fonde ? J’en doute.

Comment ça se passe ?

Magnifiquement bien, sauf en altitude ! Mais ce n’est pas la question.

Pas besoin de prévoir une tente pour ce circuit, à chaque fin d’étape, soit environ tous les 15 km, une “teahouse”, ou même probablement plusieurs, sera toujours disponible (et même s’ils n’ont pas de lit comme ça nous est arrivé, vous aurez le droit de dormir dans le salon, mais c’est vraiment pour ne pas vous mettre dehors car vous n’allez pas beaucoup dormir…Je vous en parlerai plus tard, dans un autre article).

Sur toute la première partie du trek, de Besisahar au col de Thorong, les logements proposent de faire le petit-déjeuner gratuit à condition d’y rester dormir bien sûr et de prendre le dîner chez eux. Ce ne sera toutefois pas le cas du côté ouest du circuit.

De plus, plus on monte et plus les logements sont chers.

Question nourriture, comme il y a des villages très souvent, pas besoin de prévoir de la nourriture. Sauf peut-être, comme je l’ai dit, des biscuits ou des noix pour se donner de la force.

Une proposition de Dal Bhat dans une des teahouse
Une proposition de Dal Bhat dans une des teahouse

Combien ?

NPR

US$

AUD$

125 239

884.47

1047.49

1431.33

62 619.5

442.235

523.745

715.665

En comptant tout pour 26 jours, nous payons en gros 442€ chacun, incluant absolument tout : les permis, la nourriture, le logement, le transport, les souvenirs, certains achats pour le trek (des chaussettes, des bonnets, des vêtements de pluie), la carte SIM.

Enfin, presque tout. Prévoyez aussi une assurance voyage ! Je n’ai pas trop de conseils à donner dessus. Je ne conseille pas celle que j’avais, que je ne cite pas pour rester correcte, mais ceux qui sont intéressés peuvent m’envoyer un message. Le coût n’est pas ajouté car nous avions chacun une assurance particulière qui nous couvrait sur un an car nous ne savions pas quelle était la date de notre retour.

Ne faites pas l’impasse dessus, vous ne savez jamais ce qui peut vous arriver.

La téléphonie

Pour la téléphonie, nous prenons un abonnement chez Ncell à 600 roupies pour 3go pour un mois. Je ne crois pas que nous ayons eu des problèmes de connexion quelconques.

Un guide et/ou un porteur ?

Un moment ou un autre, la question d’un guide ou d’un porteur va se poser.

Pour Dante et moi, la réponse était plus qu’évidente. Avoir un porteur était absolument hors de question pour nous, et très honnêtement, quand je voyais ces pauvres gars porter des sacs qui, selon leurs dires, pèsent 30 kg (allez, les gens, vous auriez au moins pu ne pas faire des sacs si gros), je me suis posée de nombreuses questions. D’accord, pour eux le salaire est excellent, mais je me questionne sur l’éthique de la chose. Très franchement, au risque de choquer, ça faisait souvent l’image du blanc avec son boy… Enfin bref, vous l’aurez compris, je ne suis pas pour.

Mais je suppose que si vous avez des problèmes d’articulations ou que sais-je ou n’importe quelle excuse valable pour avoir besoin des services d’un porteur, je vous supplie de faire attention à n’emmener que le strict nécessaire pour ne pas trop charger les sacs.

Quant au guide, chacun sera juge. Je pense qu’ils peuvent apporter une plus-value, mais nous aimons trop l’autonomie dans notre cas pour louer leur service.

Donc je ne peux pas vraiment conseiller de ce point de vue mais j’avais quand même envie d’évoquer ce point, qui m’a choqué à plus d’une reprise sur notre trek.

Conclusion

Vous voilà fin prêts pour aller gravir quelques 5 400 m et vingt jours de marche. Pour ceux que ça intéresse, je vais narrer nos aventures dans un format un petit peu différent de celui de d’habitude. Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous savez de quoi je veux parler. A « très » bientôt !

Sources