Voyage au Laos du nord
Je ne pense pas visiter le Laos dans les meilleures conditions. En effet, je reviens tout juste du nord du Viêtnam, qui, je le rappelle, est magique. Dur de ne pas comparer et surtout dur d’en être à la hauteur. D’autant plus que nous ne visitons que le nord, qui ressemble aux montagnes du Viêtnam ; génial donc, cela dit, nous ne sommes pas en moto et nous dépendons uniquement que des transports en commun, qui sont…peu confortables. Les routes sont elles aussi dans un état déplorable et en y ajoutant les routes sinueuses, les malades en transport (comme moi) passeront un vrai moment de plaisir.
De plus, malheureusement, le Laos se trouve entre la Thaïlande et le Vietnam et je pense qu’il en pâtit, car ces deux pays sont économiquement plus avancés et combien plus touristiques. Ce qui peut être un des avantages du Laos, même si les Français sont très présents, probablement à cause du fait que le Laos est une ancienne colonie indochinoise.
Ainsi, je suis très mal placée pour juger ce pays, donc ne pas prendre au mot ce qui va être dit dans cet article, mais ce n’est pas notre préféré et de loin. Par “notre”, j’entends Dante et moi avec qui nous commençons à voyager ensemble pour de bon. Nous partageons aussi une dernière fois notre route avec Aurélie, ainsi que l’une de ses amies, Léa.
De nombreuses personnes semblent acheter une moto en Thaïlande, puis traversent le Laos jusqu’au Vietnam, ce qui me semble l’idée la plus alléchante, car je le répète : les transports en commun sont atroces. Ils n’emmènent que dans les endroits touristiques, nous expérimentons les mini-bus avec les locaux qui ramènent leur poulets dans des sacs, nous même assis à quatre sur un siège de deux et demi.
Mais j’aime le Laos pour sa simplicité, sa nourriture, ses habitants souriants et avenants, peu stressés malgré le manque cruel de beaucoup de choses.
Cet itinéraire est coupé en deux car malgré tous mes efforts, Google maps (que je déteste utiliser bien que je doive avouer que c’est le plus pratique à ce jour, naturellement…) refuse de me faire passer par le Mékong, ce qui est faux ! Donc sachez que pour relier Luang Prabang et Pak Beng, nous prenons un bateau-mouche.
Vientiane
J’aime Vientiane, la capitale du pays, particulière dû au fait qu’il n’y a ici aucun building (ces derniers ne sont pas exactement ma tasse de thé). Pour le coup, on peut définitivement parler d’une “grande” (même pas en fait) ville à taille humaine. Pour y arriver, on survole des paysages grandioses.
Bon je viens de le dire, la capitale est en fait plutôt petite, conséquemment il n’y a pas grand chose à visiter. Le premier constat, outre les bâtiments qui sont plutôt bas et simples dans l’ensemble, c’est de ne pas être harcelé à notre arrivée, pour une fois, pour un taxi ; c’en est presque relaxant.
Léa, Aurélie et moi faisons un tour de la ville où nous longeons le fleuve du Mékong en direction du marché de nuit. Nous visitons des temples, enfin un, plus pour Léa.
Nous allons manger dans un super restaurant de galettes, par nostalgie.
Je sais qu’il y a un “parc de Bouddha” (ça donne presque envie, je m’imagine bien sur le grand huit du nirvana… ou pas), mais étant assez loin et probablement payant, nous n’y allons pas.
Dante arrive peu après, ainsi Léa et Aurélie partent en éclaireur vers Luang Prabang. Nous cherchons à louer un scooter ou une moto, le seul problème est que nous ne repartons pas de Vientiane et la seule solution pour louer un véhicule semble être de faire une boucle. Ce n’est pas notre cas et personne ne veut les reprendre plus loin. C’est dommage et sommes réellement limités. Ainsi, nous partons rapidement.
Vang Vieng
J’adore Vang Vieng, même si cet endroit doit l’être un des plus touristiques du pays, remplis de Coréens (et autres touristes de toutes nationalités naturellement) mais je note que les Coréens, même en voyage, vont dans des restaurants coréens, c’est amusant à voir.
Nous restons peu de temps à cet endroit, seulement deux jours, puisque nous devons rejoindre Aurélie et Léa à Luang Prabang pour mes derniers jours (soyez rassurés, de voyage) avec mon acolyte de longue date. Pour ce faire, comme c’est devenu notre moyen de transport de prédilection, nous louons un scooter pour 50 000 Lao kip (LAK), donc environ 5€. Ceci dit, cette ville semble célèbre pour louer un buggy (dont je ne connais pas la traduction et ce n’est pas faute d’avoir cherché), un véhicule tout terrain non-fermé.
Ainsi, comme c’est devenu l’habitude, je fais un petit itinéraire commençant par la cascade de Kaeng Nyui (Asie du sud oblige, l’entrée est payante et nous coûte 5 000 LAK chacun, soit environ 0.50€). Le trajet est agréable et s’y baigner est très plaisant. Nous avons même la cascade pour nous tout seuls.
Mais nous sommes à l’est de la “ville” alors que la suite des pérégrinations nous emmène à l’ouest. Afin d’aller à l’ouest, nous devons nous acquitter d’un péage au prix de 5 000 LAK. De là, il est possible d’explorer de nombreuses grottes. Un peu blasés d’avoir à payer pour le moindre fait (on sent que bientôt il faudra payer pour respirer), nous cherchons une grotte GRATUITE. Il y a beaucoup d’activités dans cette ville, en passant par le kayaking ou rafting sur la rivière de Nam Song, une lagune bleue et bien plus encore, mais encore faut-il vouloir payer (je l’ai déjà probablement expliqué cent fois mais ce n’est pas vraiment notre philosophie). Pour faire court, ce n’est pas vraiment facile de trouver quelque chose de gratuit mais soudain, nous apercevons une grotte non-assaillie par les touristes, non-ostentatoire. Visiblement, si on se fie à la présence d’une sorte de stand d’accueil, elle a été une attraction touristique par le passé, mais plus maintenant. Et victoire ! Nous passons même par un passage dans l’eau sur presque toujours un terrain très glissant, avec un peu les chocottes pour mon appareil photo, mon portable que l’on utilise comme lampe torche et nos affaires (comme le passeport, qu’il serait dommage de perdre). Mais aucun regret d’avoir peur de tomber toutes les 30 secondes tant l’exploration est géniale ! Nous nous sentons presque comme Lara Croft (de Tomb Raider pour les nerds) et Nate Drake (du jeu vidéo Uncharted) puisque nous avons -à nouveau- la grotte entière à notre disposition.
Pour finir la journée, nous allons à la si joliment nommée Flower Golden Cave, ou “la grotte dorée aux fleurs”. L’intérieur n’a rien à voir et nous avons la mauvaise surprise qu’une fois encore, nous devons payer. Pour l’atteindre, il faut passer par un chemin très rude, puis marcher pendant 20 bonnes minutes à travers champ. Un vieil homme attend à l’arrivée et demande son dû (à nouveau, aucun moyen de savoir s’il n’invente pas le prix, pour nous ce sera 20 000 LAK -2€, la conversion est assez facile-) et nous accompagne à l’entrée. Armé de ses clés, de nombreuses clés, à tel point qu’il s’emmêle les pinceaux et passe près de 10 minutes à ouvrir la grotte, il nous tend des lampes frontales et nous laisse errer à notre guise. Malheureusement, le temps commence à nous manquer car nous devons rendre le scooter et la nuit arrive. Mais la grotte est immense avec une ouverture et de la végétation, où Dante prend ma photo préférée (je parais si épique). De nombreuses formations, comme des stalactites ou stalagmites (celles qui montent, le “m” comme monter peut aider pour s’en souvenir) sont visibles et des chauves-souris nous passent juste au dessus.
Luang Prabang
Nous voilà donc en direction de la fameuse ville de Luang Prabang, nous y allons en bus pour 80 000 LAK (je ne pense pas que ce soit nécessaire de mettre l’équivalent en euro, mais c’est environ 8€). Nous retrouvons Aurélie et Léa. Toutefois, Léa ne se sent pas très bien le premier jour (peut-être le mal du pays ? Le Laos peut paraître très différent de ce que l’on connaît, surtout pour un premier voyage et la chaleur est TRÈS pesante).
Donc le premier jour, encore en scooter, nous allons à la très célèbre, peut-être l’image la plus forte du pays, cascade de Kuang Si, dont l’entrée coûte 20 000 LAK. Je dois admettre que l’endroit est magnifique, l’eau est d’un bleu plus bleu que le bleu du ciel. Ce n’est pas seulement la cascade, il y a aussi un refuge pour ours (dont nous nous sommes renseignés car nous refusons de participer à un endroit qui ferait du bien-être animal un business) et des promenades. Nous nous prenons aussi en pleine tronche des grosses pluies battantes dignes d’une bonne mousson, qui nous flagellent les joues pendant que nous roulons.
Le lendemain, c’est à quatre que nous continuons notre exploration, Aurélie derrière moi et Léa derrière Dante. Comme je suis toujours celle qui décide des itinéraires (je ne comprends pas pourquoi tout le monde me fait encore confiance après toutes mes erreurs), je m’aide toujours de MapsMe. Je vois un point : “old rickety bridge”, qui veut dire “le vieux pont branlant”. J’imagine que c’est un autre touriste qui l’indique, mais il pique ma curiosité. Nous nous perdons un peu pour y arriver, je dois dire que ça vaut le détour ! Des enfants se baignent dans une rivière sous ce pont qui mérite bien son nom. C’est un pont en bambou qui nous arrête net. Nous posons donc les scooters plus loin, mais nous voyons deux jeunes filles qui se lancent vers ce dernier elles aussi en scooter. Elles tombent d’abord, mais après les avoir aidées, elles traversent le pont et nous accourons pour voir cet exploit. Un autre scooter arrive et passe, mais nous décidons tout de même de ne pas tenter le diable.
Nous allons ensuite aux cascades de That Phong. C’est une très belle forêt, mais nous devons arriver trop tard, il semblerait que la cascade soit asséchée. Aurélie, Dante et moi décidons quand même de partir à l’aventure et escaladons un endroit qui mène à un village vraiment charmant, où les locaux n’ont clairement pas l’habitude de voir des touristes. Nous perdons Léa que nous retrouvons à l’entrée, où nous nous baignons dans la petite lagune naturelle, très rafraîchissante par ses températures torrides.
Enfin, nous retournons en ville. Léa veut voir un temple (je ne la blâme pas mais je signale juste qu’en ce qui nous concerne, nous trois autres, nous ne sommes plus vraiment intéressés par les temples…je sais, c’est mal, mais je mets au défi quiconque qui voyage à travers l’Asie de ne pas être comme blasé par ces derniers, surtout quand la religion nous pose quelques questions), ainsi nous nous dirigeons vers le temple de Wat Phon Phao. Nous restons sur nos scooters tant le temple est grand (et que c’est plus rigolo), mais aussi parce que l’heure de fermeture est proche. En fait, elle est tellement proche que lorsque nous montons vers la tour principale en haut du temple, à notre retour, les barrières sont fermées, si bien que nous devons porter nos bolides par dessus pour repartir gaiement.
Pak Beng
La prochaine étape est un peu plus exotique, Dante et moi nous offrons une petite excursion en bateau-mouche sur le Mékong (100 000LAK) vers Pak Beng.
Le voyage dure environ six heures si mes souvenirs sont bons. Aussi romantique ou exotique que cela puisse paraître, le Mékong est d’une saleté absolue et nous comprenons vite pourquoi. Les locaux mangent toutes sortes de choses, bien souvent emballées dans du plastique (si non emballées dans trois plastiques avec chaque chip un plastique individuel, j’exagère mais presque pas). Sans aucune hésitation, ils jettent les emballages par dessus bord, que ce soit les parents ou les enfants. Ainsi, Dante et moi demandons aux enfants de nous donner plutôt les plastiques, ce qui devient presque un jeu. Même les parents nous les donnent. Nous avons aussi derrière nous une petite fille qui nous adopte bien vite. Sa mère s’endort et l’enfant joue avec nous pendant presque trois heures.
Il y a la possibilité de continuer le périple sur le Mékong jusqu’à notre destination finale du pays (Huang Xai) mais nous voulons découvrir d’autres endroits avant.
Muang Xay / Oudomxay
Les gens sont assez surpris, mais aussi très amusés de nous voir dans ce petit bus local en route vers Muang Xay (ou aussi Oudomxay). Ils nous donnent de délicieuses bananes. Les villages que nous observons du bus sont proches de l’image que j’ai du Moyen-Âge, mais malheureusement le glyphosate trouve sa place à grande dose et les gens ne portent aucun masque.
Très honnêtement, cette ville n’a aucun intérêt et il pleut tout le temps où nous y sommes.
Luang Namtha
Je vais me souvenir longtemps du trajet en bus (40 000 LAK) pour se rendre à Luang Namtha. Un signe avant-coureur me met en garde : dès le début de trajet, des sacs plastiques sont distribués. Deux options s’ouvrent à moi : soit ils aiment vraiment jeter le plastique par les fenêtres et on a tous le droit de jouer, soit je vais souffrir. Il faut savoir que je suis malade en transport et principalement en bus/car . Heureusement pour l’environnement et malheureusement pour moi, la deuxième option est la bonne. J’ai rarement autant la nausée et j’ai l’impression que cette torture ne va jamais s’arrêter. Nous passons par des chemins sinueux et le conducteur conduit à toute vitesse. Deux personnes vomissent par la fenêtre. Je suis presque la troisième.
Malheureusement, la mousson est réelle : nous ne pouvons rien visiter vraiment. Mais dans les alentours, beaucoup de randonnées sont possibles, notamment dans la jungle et le parc national. Les prix sont élevés et apparemment il serait mieux de trouver des gens avec qui aller pour réduire le coût.
Huang Xai
Enfin, nous allons à Huang Xai par bus pour 60 000 LAK. Cette ville est à la frontière de la Thaïlande, ce qui est la raison pour laquelle nous y allons. Nous ne prévoyions pas d’aller en Thaïlande à l’origine mais voulant aller en Birmanie, nous pensons que c’est une bonne idée de passer par la terre (plus écologique et bien plus intéressant).
Deux semaines se sont déjà écoulées et c’est la fin de notre périple laotien. Ce qui me frappe tout de même, même si je ne suis pas allée partout dans le pays, c’est l’absence de Mc Donald’s. Et ça, ça fait plaisir !
Toutefois, c’est un pays extrêmement pauvre, d’une pauvreté qui fait mal à voir, mais la population partage pourtant tout et les paysages (au moins du nord) sont très beaux. Si on ne dépend que des transports en commun, s’y déplacer est un peu compliqué mais c’est faisable. Une autre chose me choque, le manque d’éducation par rapport aux déchets (ce qui semble évident vu la pauvreté) et la condition des animaux qui est absolument désastreuse.
Je regrette aussi de ne pas avoir plus de temps pour voir tout le pays car je ne sais pas quand nous serons de retour dans ce pays, qui n’est peut-être pas suffisamment marquant (au moins au sens de Dante) pour y revenir de si tôt.