Kyoto, Kyoto desu
Passionnée de la culture de l’Extrême-Orient depuis mes 9 ans, j’avais de très grandes attentes en ce qui concerne la ville de Kyoto. Et malgré tout ce que j’ai pu lire par rapport à cette ville, la première chose qui me vient en premier à l’esprit est : “Kyoto, Kyoto desu » (京都, 京都です, littéralement “c’est Kyoto” mais qu’il faut comprendre comme “nous sommes arrivés à Kyoto”) du film franco-japonais Wasabi, lorsque Jean Reno et Michel Muller arrivent à la gare de Kyoto.
Dès que j’ai posé le pied dans la ville de Kyoto, j’ai ressenti quelque chose de plaisant. Elle apparaît comme une ville propre et agréable. J’y suis restée environ 5 jours. Mais avant de parler en détail de ce que j’ai fait dans cette ville, il me semble important de présenter brièvement Kyoto d’un point de vue historique.
Son importance n’est pas des moindres, puisque Kyoto, comme certains doivent déjà le savoir était l’ancienne capitale japonaise de 794 à 1868 sous le nom de Heian. Le shogun Ieyasu Tokugawa a décidé de séparer le pouvoir entre l’empereur et le Shogun et a de ce fait installé la capitale de son clan à Edo, soit l’actuelle Tokyo, en 1590. Lors de la restauration Meiji en 1868, année qui marque le renversement du pouvoir du shogunat Tokugawa au profit de celui de l’empereur, la résidence de l’empereur est déplacée à Edo pour réaffirmer son pouvoir, en faisant ainsi la nouvelle capitale officielle du Japon et la ville est renommée Tokyo.
Pour y voir un peu plus clair, les shoguns étaient à l’origine des généraux ayant reçu ce titre pour leurs efforts de guerre. Ayant de plus en plus d’avantages, ils gagnaient en pouvoir. Le pays s’est alors retrouvé avec deux dirigeants, à savoir le shogun et l’empereur. Le pouvoir délégué aux shoguns se termina durant le bakumatsu, à la fin du XIXème siècle.
Jour 1 – Ma découverte en solitaire
Après avoir quitté Kawazu dans la matinée et fait mes adieux à cette inoubliable péninsule, me voilà dans le célèbre Shinkansen (新幹線, train ultra rapide) en route vers Kyoto ! Mon trajet a duré un petit plus de quatre heures, mais je dois avouer que j’aime tellement le train que cela ne m’a pas dérangée du tout. Tout ce qu’on a à faire dans le train, c’est regarder ces beaux paysages défiler.
A la gare, tout est bien indiqué (et dans la ville en général d’ailleurs), ce qui fait que j’ai tout de suite trouvé mon bus pour rejoindre mon auberge de jeunesse dans le célèbre quartier de Gion (祇園) ! Pour faire court, si ce quartier est célèbre c’est parce qu’il est réputé pour être le quartier des geishas. Après avoir déposé mes bagages, je suis partie découvrir la ville. Il se trouve que l’auberge était incroyablement bien placée, j’ai pu visiter la ville à pied pendant tout l’après-midi. Il y a d’innombrables choses à voir à Kyoto, ne serait-ce que les petites rues avec les maisons en bois typiques.
Se perdre devient un réel plaisir dans une ville comme celle-ci.
J’ai commencé ma visite par le temple Chion-in (知恩院), tout simplement en raison de sa proximité.
De l’extérieur, ce je pensais que être une « simple » porte (peut-on vraiment appeler une construction de cette sorte « simple » ?), se trouvait être en fait un petit ensemble de temples. J’ai appris par la suite que ce temple était le siège de la secte “de la Terre Pure”. Il semblerait que ce soit l’une des deux sectes bouddhistes les plus répandues au Japon. Mais je ne m’y connais pas assez alors si cela vous intéresse voici le nom japonais et la page Wikipédia : Joudo Shuu.
Je suis ensuite descendue par le sud jusqu’au temple Chorakuji (長楽寺). Il était finalement fermé, mais pour m’y rendre, j’ai traversé le parc Maruyama (Maruyama Koen 円山公園) qui s’est révélé être très agréable. Au printemps, lors de la floraison des cerisiers (sakura 桜), ce parc est l’endroit préféré des Japonais à Kyoto pour le o-hanami (お花見), une coutume traditionnelle où les gens vont pique-niquer ou simplement se poser pour contempler ces magnifiques paysages (de mars à avril selon les lieux). Le temple en lui-même n’est pas extraordinaire, mais le lieu a une réelle atmosphère de légèreté.
A l’ouest du parc se trouve le sanctuaire de Yasaka-jinja (八坂神社). Par ailleurs, les temples cités plus haut se trouvent eux-aussi aux extrémités du parc, Chion-in étant au nord et Chorakuji au sud. Le sanctuaire est un endroit animé par de nombreux stands où se vendent des takoyakis par exemple, boulettes de poulpes grillées. Les lumières commençaient à s’allumer pendant que j’errais à Yasaka-jinja qui ont offert une ambiance chaleureuse.
J’ai naïvement pensé que je pouvais continuer ma visite nocturne des temples, alors je suis partie vers Kiyomizu-dera (清水寺), un ensemble de temples bouddhistes et shintoïstes très célèbre à Kyoto (les deux religions se complètent au Japon, il est très normal de voir les deux courants se mêler dans un même temple) dont le plus célèbre, Otowa-san Kiyomizu-dera (音羽山清水寺) est inscrit au patrimoine mondial culturel de l’UNESCO.
Pour rejoindre ces temples, je suis passée dans des rues commerçantes tout bonnement sublimes. J’y ressentais l’essence de Kyoto, parmi ces maisons en bois dans des rues étroites. Beaucoup de commerçants vendaient des produits traditionnels et j’y ai acheté beaucoup de nourriture, ainsi que des cadeaux pour mes proches.
Je suis arrivée environ 30 minutes avant la fermeture (18h), ce qui fait que je n’ai pas vraiment pu entrer dans le temple, de plus la nuit était de plus en plus sombre ce qui fait que je ne voyais plus grand chose. Heureusement, la pagode était éclairée ! (J’éprouve une grande passion pour les pagodes depuis ma licence).
Il était déjà temps pour moi de rentrer et le lendemain je retrouvais deux amies de fac où nous étudiions le coréen ensemble : Maud et Lilas.
Jour 2 – L’arrivée de Maud et Lilas !
J’ai découvert ce jour-là la vie en auberge de jeunesse. Si quelqu’un met un réveil à une certaine heure, tout le monde en profite. Et précisément ce jour, toute la chambre (environ 10 lits) s’est préparée à sept heures. Mais j’étais tellement avide de découvertes à Kyoto que cela ne m’a pas gênée. Rien de mieux que de commencer la journée en faisant le marché, ainsi je suis allée au Nishiki Food Market dont l’ouverture se faisait à 9h. Alors je dois admettre que j’ai du mal à comprendre comment fonctionnent les horaires et jours de fermeture au Japon. Il se trouve qu’un magasin sur trois était ouvert, ce qui fait que mon marché matinal est vite devenu une course expresse. J’ai quand même pu acheter un souvenir et du thé Genmaicha (du thé vert mélangé à du riz grillé) pour Hugo, mon amoureux.
J’ai poursuivi mon itinéraire à pied jusqu’au château Nijojo (二条城). En chemin, je suis tombée sur un temple (comme il est très courant à Kyoto) dont je ne me souviens plus le nom. J’y ai rencontré un pigeon et des petits bons hommes en bois très heureux.
Une fois arrivée devant le château, j’ai trouvé que le tarif d’entrée était che (environ 600 yens, soit environ 4,5€), d’autant plus que j’avais l’impression qu’il y avait beaucoup de travaux et que je pensais que l’on irait lorsque mon cher et tendre viendrait pour une semaine.
Ainsi je me suis dirigée vers le palais impérial de Kyoto (Kyoto Gosho 京都御所). Un croissant m’a à ce moment fait des yeux doux, auxquels je n’ai pas pu résister. J’ai été agréablement surprise quant à son goût, qui était assez similaire à un croissant français ! Je dois bien avouer que cela fait vraiment du bien.
Après un rapide tour du palais (étant donné que j’ignorais le fait qu’il fallait réserver à l’avance pour pouvoir le visiter), l’horloge sonnait bientôt 13 heures, heure à laquelle je devais retrouver Maud et Lilas au temple Nanzen-ji (南禅寺). Les retrouvailles ont été intenses ! Que ça fait du bien de voir des visages familiers ! La langue de Molière commençait aussi à me manquer tout de même. Nous avons exploré rapidement le temple car nous voulions vraiment voir le Ginkakuji (littéralement « pavillon d’argent » 銀閣寺).
Pour nous rendre au temple de Ginkakuji, nous avons emprunté le « chemin des philosophes » (Tetsugaku no michi 哲学の道). Cet endroit porte vraiment bien son nom tant il est beau, longeant la rivière dont les bordures sont jonchées de maisons en bois. Il semblerait qu’il soit encore plus impressionnant au printemps avec les cerisiers en fleurs. Au bout de ce chemin se trouve donc le fabuleux Ginkakuji. J’avais vu assez peu d’images comparé à son « grand frère », le Kinkakuji (pavillon d’or 金閣寺) mais j’ai été conquise. Son jardin de mousse est absolument magnifique. Le seul souci de Kyoto c’est que j’ai l’impression que peu importe la saison ou le jour, il y a toujours énormément de touristes. Nous avions entre autre une classe de collégiens qui ne s’intéressaient pas du tout au temple et criaient dans tous les sens (comme on pourrait l’attendre de collégiens…). Sur ce, la journée s’achevait déjà…
Jour 3 – Fushimi Inari & Hosen-in
Déjà le 3ème jour et Kyoto était bien loin de m’avoir livré tous ses secrets.
Dans la matinée nous nous sommes rendues à Fushimi Inari (伏見稲荷大社).
Cet endroit est incroyable. C’est un sanctuaire où se trouvent 10 000 torii (les portes rouges), nous guidant jusqu’au en haut du mont Inari sur 4 km. Bâti dans les années 700 en l’honneur du dieu Inari, dieu du riz, chaque torii a été financé par des hommes d’affaires Japonais. Certains auront peut-être vu ce lieu dans le film “Mémoires d’une geisha”, lorsque Chiyo court sous les torii.
Il y avait énormément de monde, mais étant donné la beauté du lieu, cela n’a rien d’étonnant. Nous avons tout de même pu avoir quelques clichés où il n’y a personne dessus, et c’est une victoire en soi !
On y trouve aussi de nombreuses représentations de renard, car le renard serait une forme d’Inari. Malheureusement une fois de plus nous manquions de temps. En effet, le soleil se couche relativement tôt, vers 16h45, et nous avions pour projet d’aller au temple Hosen-in (宝泉院), sachant que les temples ferment souvent tôt également. De ce fait nous avons simplement commencé la promenade sous les torii, mais avons vite fait demi-tour.
En attendant le bus pour aller au temple Hosen-in, nous avons eu l’occasion de voir un rassemblement de milans noirs (merci Manu !). C’était assez impressionnant et nous ne savions pas du tout pourquoi ils tournaient en rond à cet endroit !
Maud avait un ami qui lui avait parlé de temples dont le plafond était tâché de sang de samouraï…Japonisantes que nous sommes, cela nous a évidemment tout de suite intéressées. Nous avons cherché plus amples informations, et ce que nous avons découvert nous a fasciné. A nouveau une petite leçon d’histoire pour mieux cerner l’esprit du temple d’Hosen-in. A la fin du XVIème siècle, Toyotomi Hideyoshi a unifié le Japon et a fait construire son château “de retraite” (rien de plus normal) à Fushimi, un quartier de Kyoto. Peu de temps après sa mort, le château de Fushimi est détruit par un tremblement de terre mais reconstruit par Ieyasu Tokugawa, que j’ai évoqué au début de l’article. En guerre contre un autre clan, ce dernier avait posté une fidèle troupe pour défendre ses positions. Les troupes ont résisté environ dix jours, cependant lorsqu’ils réalisèrent que la victoire était impossible, le seigneur Torii Mototada en charge de la défense et ses soldats (environ 370) se sont donnés la mort (seppuku) en acte de loyauté. Une telle scène laisse forcément beaucoup de traces, celles-ci sont indélébiles. Tokugawa était revenu au château bien plus tard après avoir repris le pouvoir, mais les taches étaient impossible à laver. Plus tard, ce château a été demantelé, et les planches ont été conservées à Nanzenji pendant 20 ans. Elles ont ensuite été envoyées à sept temples dans le Japon, dont Hosen-in. Si elles ont été envoyées dans des temples, cela serait pour permettre aux soldats morts de trouver le repos.
Quel n’a pas été notre choc tant ce temple était sublime. Tout d’abord, nous sommes allées dans le jardin. C’était le plus beau jardin japonais que je n’avais jamais vu. A la fois très petit et très bien fait. On pouvait tout à fait imaginer un paysage en miniature. Mais nous n’avions encore rien vu. Le temple est relativement petit puisqu’il est simplement composé d’un couloir autour d’un jardin intérieur et du hall principal. A l’entrée dans le hall, nous étions absolument sans voix, ébahies. C’est une grande salle ouverte qui donne sur l’extérieur et un immense arbre de plus de 700 ans. Cela nous donnait l’impression de voir une oeuvre d’art vivante, réelle mais à la fois imperceptible. Comme une immense estampe. Nous étions très chanceuses car nous étions seules lors de notre visite. La dame du temple nous a apporté du thé matcha (抹茶, un thé vert fait avec de jeunes feuilles de thé) et une sucrerie japonaise. Nous pouvions nous asseoir où nous voulions, et avons choisi de nous mettre face à cet imposant arbre. Le moment était magique, silencieux et intense. D’autant plus que l’heure était parfaite puisque nous assistions au coucher du soleil. Ensuite, nous avons levé la tête pour découvrir ces planches remplies d’histoire, guidées par la dame qui nous expliquait les traces. Hosen-in a été mon véritable coup de cœur jusqu’ici.
Jour 4 – Festival Tô-shiya
Le festival Tô-shiya était l’événement sur lequel je me suis basée pour construire mon itinéraire au Japon puisque je savais que je devrais être à Kyoto le 17 janvier. C’est aussi pour celui-ci que nous avons décidé de nous retrouver, Maud, Lilas et moi à Kyoto ces jours. Tô-shiya est une compétition de tir à l’arc. Je trouve cette activité impressionnante, et je ne voulais pas rater cela ! Je ne le savais pas encore, mais les jeunes filles ayant atteint leur majorité (20 ans au Japon) portent des kimonos spécifiques à l’archerie des plus somptueux.
Nous sommes donc parties en fin de matinée vers le temple Sanjusangen-dô (三十三間堂) où se déroulait Tô-shiya. Nous n’avons pas trop pu profiter du temple, mais il semblerait qu’il soit le plus long bâtiment en bois au monde et où se trouvent 101 statues bouddhiques.
Lorsque nous sommes arrivées, c’était donc au tour des jeunes filles. Enfin, nous l’avons vite compris à la foule qui s’était accumulée devant le jeu d’arc, ce qui fait que nous ne voyions absolument rien. En fait, l’organisation était totalement chaotique, ce qui fait que pour espérer ne serait-ce qu’apercevoir une personne tirer, nous devions nous agglutiner à la foule, littéralement, et attendre que quelqu’un ait fini de prendre ses milliers de photos avant de bien vouloir céder la place. S’il arrivait à sortir de cette masse. Ce moment était assez insupportable tant ça criait dans tous les sens, et des coups volaient dans l’espoir d’avancer et de doubler quelqu’un. Ma patience a été vraiment testée à ce moment. Et tout cela sous les demandes timides des organisateurs de ne pas trop pousser et que ceux de derrière devaient laisser de l’espace à ceux de devant. Bref, après environ 45 minutes – une heure de lutte acharnée, nous avons pu entrevoir les archères tirer ! Et je dois dire que le jeu en valait la chandelle. Les voir tirer dans ces tenues traditionnelles de façon si sereine et appliquée était un très beau spectacle.
A la fin de cet événement qui nous a tout de même bien épuisées, nous sommes simplement allées nous reposer dans un café, et profiter de nos dernières heures ensemble.
Jour 5 – La fin de mon périple à Kyoto en solitaire- à nouveau-
Après que nos chemins se soient séparés, la dernière étape avant que je quitte Kyoto était le quartier d’Arashiyama (嵐山). Cet endroit est principalement célèbre pour sa forêt de bambous, que l’on retrouve sur beaucoup d’images sur internet.
Finalement, j’imaginais la forêt plus grande, mais c’était une petite promenade agréable. Pour une raison qui m’est totalement inconnue, il y avait presque uniquement des Coréens.
Egalement, le temple Tenryu-ji (天龍寺) se trouve au milieu de la forêt mais une fois de plus, pour des raisons économiques, je n’y suis pas allée.
Le reste du quartier est plutôt pittoresque, principalement occupé par des magasins.
Ensuite, je suis allée au parc des singes. Je ne sais pas trop quoi en penser. Les singes semblent exclusivement dépendants de l’homme. Il est possible de les nourrir derrière des barreaux. Je suis juste contente d’avoir pu voir des singes, même si le contexte n’était pas idéal.
C’est là que s’achève mon périple à Kyoto, dont je ressors éblouie et totalement sous le charme. Cette ville est tout bonnement fantastique. Suite à cela, je suis partie à Kobe et Osaka !
2 commentaires
Manu
Super j ai tout lu les oiseaux sont des milans noirs(leurs queues font un léger v )
bonne chance pour la suite
Emma
Ah super, je savais que je pouvais compter sur toi Manu ! Merci