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Izu, mon amour (Izu Hanto 伊豆半島)

Kawabata Yasunari, auteur du roman La danseuse d’Izu (Izu no odoriko 伊豆の踊子, 1926), a situé son oeuvre dans cette péninsule. Le choix du lieu n’est pas anodin. La péninsule d’Izu a tout pour faire rêver. Ses montagnes se mêlent aux plages de façon magistrale. Ses plages teintées d’un bleu turquoise offrent des spots de surf remarquables. Ses côtes déchiquetées invitant au voyage. Son climat est le plus clément de tout le pays. L’ouest et l’est de la péninsule se rejoignent en à peine une heure, ce qui fait que l’on peut tout explorer en quelques jours seulement. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, à part seulement quelques photos aperçues sur internet.

Edit du 14/07/2017 : Voici la vidéo que j’ai faite de Izu disponible sur ma chaîne YouTube :

Vue du train entre Odawara et Kawazu
Vue du train entre Odawara et Kawazu
Vue du train
Vue du train

Ce que j’y ai découvert est beaucoup plus intense. Je crois que je suis tombée amoureuse de cette péninsule. Même si pour y arriver, je me suis trompée de train, et me suis retrouvée à Shizuoka…Mais ma peine a été effacée quand une gentille dame m’a offert des Rusk, en voyant que j’étais perdue, gâteaux dont je ne connaissais pas l’existence mais qui étaient absolument délicieux.

Kai m’a raconté que la péninsule d’Izu était autrefois une île qui s’est par la suite collée au reste du Japon. On aperçoit de nombreuses formations rocheuses qui ne sont autres que d’anciennes laves volcaniques !

Du fait de l’activité volcanique, Izu est remplie de sources chaudes (onsen 温泉).
Les onsen sont une très vieille tradition japonaise, où la nudité est de rigueur. On trouve des bains extérieurs, très agréables d’ailleurs en hiver en raison du contraste entre le chaud des bains et le froid de la température extérieure. Il s’y trouve également des bains intérieurs, et parfois des saunas ou autres services tels que des massages. Les sources sont d’origines géothermiques et possèdent souvent des vertus thérapeutiques. Au Japon, vous trouverez également des sento (銭湯), soit simplement des bains publics payants qui utilisent de l’eau du robinet. Dans l’un comme dans l’autre, il est important de bien se laver avant de pénétrer dans l’eau des bains. Par ailleurs c’est fréquent chez les Japonais de d’abord se laver, puis prendre un bain dont l’eau servira à toute la famille.
Il y a quelque chose que je trouve d’absolument remarquable dans les onsen. Alors que nous sommes tous à nu, littéralement, les complexes semblent disparaître et nous nous retrouvons tous égaux, plus que jamais. Je ne suis allée que dans des onsen dont les genres étaient séparés, et je n’ai ressenti absolument aucun jugement là-bas, même en étant étrangère. Évidemment, personne ne se fixe. Cela fait tout de même toujours bizarre quand on va dans un onsen et qu’on se retrouve avec une collègue; mais ce n’est pas pour autant gênant !

Ai-je dit avec une collègue ? En effet, il se trouve que mon second WWOOF se faisait dans la ville de Kawazu (河津), dans un hôtel où se trouvait également un temple. Ils utilisent le terme de shukubo, c’est-à-dire logement en temple, mais selon moi, cette utilisation est fausse car il n’y a aucun moine, et l’on peut participer à des activités bouddhiques zen seulement le dimanche. Et ce fameux hôtel possédait un onsen dont un sauna de pierres chaudes. Tous les jours, j’ai ainsi pu en profiter !

L'onsen de l'hôtel
L’onsen de l’hôtel
L'onsen extérieur, mon préféré
L’onsen extérieur, mon préféré

Le travail au temple était bien plus primaire, soit faire la vaisselle et nettoyer les chambres. Je faisais chaque jour le même travail, et j’ai réalisé que ce domaine ne me conviendrait pas pour une profession future. Je préférais les tâches plus manuelles. Dans mes tâches « exceptionnelles » j’ai aussi dû ramasser les feuilles, et j’ai servi deux plats au restaurant. Mais j’ai pu de ce fait découvrir une autre façon de vivre, et pu expérimenter un autre métier.  Pourtant je me suis demandée pourquoi ils faisaient partie de WWOOF Japan, et je me le demande encore. Leur mode de vie n’a rien d’écologique ou autre…
Mes hôtes, Yuriko et Masako (la mère et la fille) étaient très gentilles, mais leur anglais était vraiment limité, donc les échanges n’allaient jamais loin. Masako avait aussi un mari que j’ai rencontré quelques fois et trois filles, et Yuriko avait un mari mais qui ne parlait pas un mot d’anglais (et j’admets que je ne comprenais pas son japonais non plus…). Cependant c’était une occasion parfaite pour améliorer mon japonais, et rien que pendant 9 jours, j’ai remarqué que je gagnais de l’aisance et beaucoup de vocabulaire. Il n’y a pas à dire, vivre dans un pays étranger c’est bien le meilleur moyen pour apprendre une langue.

Mes hôtes !
Mes hôtes !
Les employés du temple
Les employés du temple
L'équipe du temple !
L’équipe du temple !

Bien que les échanges aient été courts, Masako m’a emmenée pendant son jour de repos à Shimoda (下田), où j’ai visité la ville seule dans la matinée.  

Shimoda est la ville où le Commandant Perry est arrivé à bord de « bateaux noirs » (les fameux « black ships« ). Elle était à l’origine une petite ville de pêcheurs, puis par la suite le clan Tokugawa en a fait un port commercial important. En 1854, le port est devenu le premier à accueillir les étrangers, marquant la fin de l’isolement du Japon. Suite à cela, la ville a été témoin de nombreux traités entre le Japon et des pays comme les Etats-Unis et la Russie. Malgré tout Shimoda reste un port relativement petit où il est très agréable de se promener.

Welcome to Shimoda!
Welcome to Shimoda!
Shimoda
Shimoda

Dans le train qui m’emmenait vers Kawazu, je remarquais déjà la beauté de la péninsule. Mais j’en ai vraiment pris conscience à Shimoda. Tout ce que je connaissais de la péninsule d’Izu avant mon arrivée, c’était « Shirahama beach » (白浜), et à ma grande surprise, il se trouve qu’elle était relativement proche de Shimoda. Ainsi, j’ai décidé de m’y rendre dès mon arrivée. Un bus m’y a emmené en 10 minutes. Cette plage a tout d’une plage paradisiaque avec son eau bleue turquoise (je tiens à préciser que mes photos ne sont pas retouchées). D’environ 800 mètres, on y trouve un charmant petit sanctuaire. Malgré sa petite taille, j’y ai écoulé facilement 1h30, ce qui ne me laissait plus beaucoup de temps pour explorer la ville puisque nous avions rendez-vous avec Masako à 13h à la gare.

Porte sur plage

Shirahama beach et son sanctuaire
Shirahama beach et son sanctuaire

Je suis descendue du bus près du port où j’ai vu une réplique d’un des “Black Ship”. Malheureusement, alors que je m’approchais, lui s’en allait, car c’est un bateau de petite croisière. Je n’ai pas eu la patience d’attendre son retour…Je me suis par la suite dirigée vers le parc de Shimoda mais Masako m’a appelée pour me dire qu’elle arriverait plus tôt. Ainsi j’ai seulement regardé un instant les statues et plaques commémoratives des relations USA/Japon. En route vers la gare j’ai emprunté la très pittoresque Perry Road, que je trouve pleine de charme. Ce sont ces rues que j’adore vraiment au Japon, les maisons en bois typiques au bord d’une rivière parsemée de ponts. Je dois admettre que j’ai pris plus de temps qu’il n’aurait fallu, étant donné que je me suis également arrêtée à quelques temples sur mon chemin (aucun regret !).

Commémoration des relations Etats-Unis/Japon
Commémoration des relations Etats-Unis/Japon
Perry Road
Perry Road
Perry Road
Perry Road
Perry Road
Perry Road
Perry Road
Perry Road
J'ai rencontré un citron un zeste mécontent
J’ai rencontré un citron un zeste mécontent

Après notre repas, Masako m’a emmenée à Dogashima (堂ヶ島) et à la Ryugu Sea Cave (littéralement, cela veut dire la caverne maritime du dragon; il est vrai que l’on pourrait imaginer un dragon vivre dans cette caverne). A mon grand regret, elle était assez pressée, et nous nous sommes arrêtées respectivement 1 minute et 5 minutes dans chaque endroit…Mais ce sont des endroits absolument sublimes que je conseille ! Dogashima est un point de vue sur des formations volcaniques et la cave est une ouverture béante dûe à l’érosion où l’océan vient s’écraser doucement. Dogashima se trouve à l’ouest de la péninsule, tandis que les autres endroits sont à l’est. Mais Shimoda et Dogashima se rejoignent en 45 minutes.

Dogashima
Dogashima
Ryugu Sea Cave
Ryugu Sea Cave

Durant l’un de mes jours de repos, je suis également allée aux 7 cascades de Kawazu (Kawazu Nanadaru 河津七滝). Yuriko m’y a déposée le matin. C’est une promenade balisée très agréable, où l’on suit les traces des protagonistes du roman de Kawabata. Le circuit dure un peu moins d’une heure, mais je me suis arrêtée à chaque cascade car chacune avait sa propre beauté. L’endroit est remarquable. Je comprenais encore mieux pourquoi Kawabata avait choisi la péninsule comme lieu pour son livre.

Au retour, je devais rentrer à pied. Avec mon orientation légendaire, j’ai demandé à une japonaise le chemin, elle m’a finalement déposée en voiture à l’hôtel directement !

Kawazu Nanadaru
Kawazu Nanadaru
La 1ère cascade de Kawazu nanadaru : Kama-daru
La 1ère cascade de Kawazu nanadaru : Kama-daru
Kawazu nanadaru - Kama-daru
Kawazu nanadaru – Kama-daru
Pont suspendu à Kawazu nanadaru
Pont suspendu à Kawazu nanadaru
Kawazu nanadaru
Kawazu nanadaru

Kawazu nanadaru

Statues des protagonistes de la danseuse d'Izu
Statues des protagonistes de la danseuse d’Izu
Pierre shinto
Pierre shinto

Kawazu nanadaru

Une autre représentation du roman de Kawabata
Une autre représentation du roman de Kawabata
Saviez-vous que le wasabi ressemblait à ça ?!
Saviez-vous que le wasabi ressemblait à cela ?! Moi non.

Enfin, ma dernière étape sur Izu était la côte Jogasaki (Jogasaki Kaigan 城ヶ崎海岸). Comme personne n’a voulu m’expliquer comment faire pour me rendre sur la côte Jogasaki, et que je ne trouvais pas les informations, j’ai décidé de faire du stop. Je ne suis pas très encline à cette pratique d’habitude, et en France, je ne ferais jamais ça seule. Yuriko m’avait fait une pancarte où était écrit “côte Jogasaki” en japonais évidemment. Malheureusement, ce jour-là était le seul jour de grisaille et de pluie de tout mon séjour dans la péninsule… Bref, armée de ma pancarte, j’ai donc démarré ma journée le long des routes, le pouce levé. Je ne savais pas si c’était l’attitude à adopter, mais 10 minutes plus tard, deux voitures se sont arrêtées pour m’emmener. J’ai eu le luxe de pouvoir choisir un couple de personnes âgées qui m’ont déposée à la gare. Depuis la gare, j’ai dû marcher environ 15 minutes avant qu’un homme s’arrête et m’emmène cette fois-ci directement devant le départ du circuit ! Il m’a également donné des crottes en chocolat et trois oranges. Les Japonais sont vraiment avenants. La promenade en elle-même a duré presque trois heures, mais elle aurait pu être encore plus longue, mais je commençais à avoir vraiment froid et assez faim. J’ai donc décidé de rentrer, mais cette-fois, malgré la pluie ma démarche était moins fructueuse. J’ai dû marcher pendant presque 30 minutes jusqu’à ce qu’un homme avec un chat s’arrête. Il m’a déposée directement à l’hôtel ! Je pense que la côte doit être magnifique sous le soleil.

Voilà 9 jours qui se sont écoulés bien vite, et qui ont marqué la fin de mon WWOOFing au Japon. Le prochain sera dans un temple en Corée à Jang-heung. Mais d’ici-là, je vais visiter le Japon pendant encore un mois. Mon prochain arrêt se fait à Kyoto !

2 commentaires

  • Aurélie

    Alala j’ai raté plein de choses en fait !
    J’ai adoré les photos et les anecdotes de ton séjour dans la péninsule d’Izu, j’ai aussi tiqué en lisant « dragon… » Dudy, ça ne pouvait être qu’un dragon millénaire ! 🙂
    Bon, je lis la suite ! Hâte de te revoir though dudy ! <3

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