Japon,  Voyage au Japon en solitaire

Yakushima (屋久島), l’île à la beauté insaisissable

Je n’ai pas les mots pour décrire Yakushima. Je pourrais m’arrêter là, car la magie de cette île se suffit à elle-même, mais ce serait dommage de ne pas relater les aventures que Lilas, Maud et moi y avons vécues durant deux jours, où nous sommes passées par à peu près tous les états d’âme.

Si Yakushima est célèbre aujourd’hui, c’est principalement parce qu’elle est connue pour être une source d’inspiration pour le réalisateur Hayao Miyazaki, pour son film d’animation Princesse Mononoke (Mononoke Hime, もののけ姫) du studio Ghibli. Quand on pense film d’animation, on s’imagine des films ciblés pour les enfants avec des histoires simples conclues par une morale. Cependant, les films de Ghibli sont en fait plutôt destinés aux adultes (mais font aussi le bonheur des enfants), de par ses thèmes critiques qui pointent du doigt des problèmes de société (Le Voyage de Chihiro -Sen to chihiro no kamikakushi 千と千尋の神隠し-), posent des questions souvent philosophiques, très souvent écologiques comme justement Princesse Mononoke ou encore certains qui dépeignent des scènes de vie réelles (la guerre avec Le Tombeau des Lucioles, Hôtaru no Haka 火垂るの墓 ou la vie d’une famille comme Mes Voisins les Yamadas, Hôhokekyo Tonari no Yamadakun ホーホケキョとなりの山田くん).

Pour nous rendre sur l’île, nous avons pris un ferry en partance de Kagoshima. Le trajet a duré environ quatre heures. Ce fut quatre longues heures, Maud et Lilas ont été franchement malades pendant tout le trajet, et je n’étais moi-même pas au meilleur de ma forme. Je suis restée tout le temps allongée, en essayant de suivre le mouvement des vagues et de suivre le flot avec mon imagination. Mais notre état qui laissait à désirer ne nous a pas empêchées de rester ébahies face à la beauté insaisissable de Yakushima.

Vue de Yakushima depuis le ferry
Vue de Yakushima depuis le ferry

Malgré nos ventres retournés nous avons décidé de manger au restaurant avant de rejoindre notre logement. Ainsi nous avons pu goûter à l’une des spécialités locales : l’exocet (poisson volant). C’était assez long à décortiquer, mais très bon et bien préparé.

Poisson volant
Poisson volant (exocet)

C’est là que commence notre émerveillement face à la nature sublime de l’île. Inscrite au patrimoine mondial et également reconnue réserve biosphère par l’UNESCO, je vous laisse imaginer sa beauté. C’est notamment dû au fait qu’il y pleut presque toute l’année, l’île a donc une végétation très développée et variée. Des fleurs que l’on ne voit pas dans le reste du Japon et une mousse très abondante dans des forêts aux cèdres millénaires que l’on appelle “Sugi” dont chacun possède son propre nom avec le plus vieux “Jômon Sugi” qui aurait selon les experts entre 2 500 et 7 000 ans (une large fourchette en somme).

On est toujours au Japon ?
On est toujours au Japon ?

©EmmaT - A Flea Quest

Après avoir pris un bus, nous sommes arrivées à proximité de notre guesthouse. Et quel endroit ! Une rivière se trouve juste à côté, parfaitement mêlée aux montagnes. Le torrent était tellement puissant que nous sommes restées subjuguées devant ce panorama pendant au moins 20 minutes. Suite à un instant de repos, nous sommes parties au sentô (bain public) le plus connu de l’île sous une pluie chaude diluvienne.

La vue près de l'auberge
La vue près de l’auberge
Rien de plus normal que de traverser de tels paysages pour nous rendre dans notre auberge
Rien de plus normal que de traverser de tels paysages pour nous rendre dans notre auberge

©EmmaT - A Flea Quest

Le lever du soleil
Le lever du soleil


Le lendemain, nous nous sommes levées tôt pour partir explorer “Shiratani Unsuikyo”, littéralement quelque chose qui ressemble à ça : “l’isthme de l’eau et du nuage dans la vallée blanche” . Après un premier échec, à savoir s’être trompées de côté pour notre bus et s’en être rendues compte une fois que le bon soit passé, j’ai proposé de faire du stop afin de pouvoir rejoindre notre second bus. D’abord dubitatives, Maud & Lilas ont finalement accepté. Au bout de 10 minutes, quelqu’un s’est arrêté et nous a menées à l’endroit souhaité. Endroit souhaité où nous nous sommes rendues compte qu’il n’y avait pas de bus ce jour-là… J’ai alors décidé de recommencer le stop, mais il faut avouer qu’il y avait très peu de passage (environ 1 voiture toutes les minutes, voire un peu moins). Tout de même, peu de temps après, un homme s’est arrêté et nous a emmenées à Shiratani Unsuikyo. Il nous a même demandé à quelle heure on pensait avoir fini, ce qui me rendait sceptique. Mais les filles ont eu l’air de lui faire confiance et nous lui avons dit que nous pensions finir vers 15h, ce à quoi il nous a répondu qu’il viendrait nous chercher.

Shiratani Unsuikyo
Shiratani Unsuikyo


Cette vallée est absolument sublime. De plus, la basse saison a été un moment extrêmement propice pour visiter cette île, étant donné qu’il y avait peu de monde. C’est un circuit dans la forêt, où se trouvent 3 ou 4 parcours. Nous avons choisi celui qui mène à l’endroit de la forêt de Mononoke. Cette randonnée était sans cesse de plus en plus belle, sublimée par la mousse et ces arbres imposants.

Le chemin à travers la forêt dense
Le chemin à travers la forêt dense

©EmmaT - A Flea Quest

Kodama repéré ! (Merci au Japonais qui passait de l'avoir déposé pour que nous le prenions en photo)
Kodama repéré ! (Merci au Japonais qui passait de l’avoir déposé pour que nous le prenions en photo)

©EmmaT - A Flea Quest

©EmmaT - A Flea Quest

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©EmmaT - A Flea Quest

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©EmmaT - A Flea Quest

Parterre de camélias
Parterre de camélias
Arbre dans la forêt de Unsuikyo
Arbre dans la forêt de Unsuikyo
L'intérieur d'un arbre
L’intérieur d’un arbre

Mon endroit préféré est ce courant d’eau. L’arbre fait penser à la forme du dieu cerf dans Mononoke.

A mon sens, le plus bel endroit du sentier
A mon sens, le plus bel endroit du sentier

©EmmaT - A Flea Quest

L'endroit reconnu de Mononoke Hime
L’endroit reconnu de Mononoke Hime

On pourrait presque voir des kodama se baladerOn pourrait presque voir des kodama se balader

Nous avons continué la promenade jusqu’au sommet, où nous dominions la vallée entière ! Lilas commençait à fatiguer, mais nous avons vraiment bien fait d’aller jusqu’au bout tant c’était impressionnant. Le vent était vraiment violent.


Nous nous sommes relativement dépêchées pour rejoindre le début de la randonnée et sommes arrivées à 15h précise. Notre conducteur est arrivé précisément à cette heure également. J’étais d’autant plus méfiante lorsque j’ai vu qu’il était venu avec un ami à lui. Il nous a expliqué que nous allions prendre la voiture de son ami qui était plus grande pour que l’on puisse tous monter dedans. C’est alors qu’a commencé l’incroyable épopée.

Notre conducteur est devenu notre guide. En effet, ils nous ont fait faire le tour entier de l’île, en s’arrêtant à chaque singe ou cerf sika de Yakushima, cerf endémique de l’île, pour que l’on puisse les observer et les prendre en photo.

Merci à Lilas pour la photo de la figurine de cerf. (En vérité, c'est un vrai cerf !)
Merci à Lilas pour la photo de la figurine de cerf. (C’est bien un vrai cerf !)
Merci à Lilas pour la photo - Singe pensif
Merci à Lilas pour la photo – Singe pensif

En outre, nous avons pu voir l’incroyable cascade Oko no Taki (88m de haut).

Enorme cascade, voyez plutôt les personnes à gauche pour l'échelle
Oko no Taki, voyez plutôt les personnes à gauche pour l’échelle

Entre autres, nous nous sommes aussi arrêtés à un phare, une plage où les tortues viennent pondre leurs oeufs, ainsi qu’un onsen naturel au bord de la mer. Finalement, ils nous ont ramené à notre guesthouse. Toutes heureuses, nous avons raconté nos péripéties au propriétaire, jusqu’à ce qu’il nous annonce que notre ferry serait annulé le lendemain ainsi que le ferry le plus rapide serait annulé si les vagues dépassaient 4m mais qu’on le saurait seulement le lendemain.

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Le jour suivant, nous sommes parties en direction du port, pour nous faire rembourser et apprendre que tous les ferries étaient annulés pour la journée. Pour ma part, je ne pouvais vraiment pas changer mon jour de retour car j’avais un bus pour Kumamoto, une nuit réservée et mon ferry pour la Corée deux jours plus tard. Alors nous avons décidé d’aller prendre l’avion. A notre arrivée à l’aéroport, nous essayions de comprendre les kanjis affichés… “満席”, nous avons compris que ça voulait dire “complet”. Là nous étions vraiment désespérées et avons demandé à l’employée quelles étaient nos options, elle nous a expliqué que nous pouvions nous inscrire sur une liste d’attente, mais qu’il fallait payer par avance le billet (aïe). C’est ce que nous avons donc fait et dépitées nous avons attendu les annonces. Lorsque le premier avion fut rempli, ils appelaient donc certaines personnes supplémentaires. Cela s’arrêtait à “16” sachant que nous étions 18, 19 et 20. Un peu tristes, on s’est dit à ce moment qu’on passerait forcément à l’avion suivant. Ce qui s’est en effet passé. Le trajet a duré 30 minutes, nous avons à peine eu le temps de décoller que nous devions atterrir.

Ainsi s’achève mon périple au pays du soleil levant, pour rejoindre le pays du matin calme, la Corée du Sud.

 

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