WWOOFing dans la Speyside Valley
Ce matin-là, nous nous étions levées à 6 h du matin. Nous partions prendre le train en direction de la ville de Keith pour rejoindre notre petit coin champêtre au milieu de l’Écosse.
Nous avons eu un petit peu de mal à choisir un WWOOFing pour l’Écosse. Comme nous avons choisi notre destination au dernier moment en regardant les prix et pour peu de temps, ceux qui nous intéressaient vraiment avaient déjà trouvé un WWOOFeur ou n’en prenaient tout simplement pas, sinon la plupart d’entre eux préférait que l’on reste au minimum deux semaines.
Après ce petit tri « naturel », une ferme dans la ville de Dufftown nous a acceptées. Nous arrivions à peine à localiser l’endroit, ce n’est que bien plus tard que nous avons compris que c’était dans la Speyside Valley et plus précisément près de la Speyside Way. Cette route suit la rivière Spey, allant d’Aviemore à Buckie, sur 105 kilomètres de paysages époustouflants. Comme je le disais dans l’article précédent, à cet endroit se trouve une très grande concentration de distilleries de whisky renommées, comme Glenfiddich, Balvenie, Glenrothes ou encore Macallan pour ne citer qu’eux (d’autant plus que je ne m’y connais pas du tout). Autant dire que nous étions bien tombées malgré tout !
La semaine commençait un peu de manière stressante puisque notre train était le seul dont le quai n’était pas indiqué 10 minutes avant le départ. Finalement, le trajet s’est déroulé sans encombre. Les paysages qui défilaient sous nos yeux étaient resplendissants, mais nous n’en avons pas bien profité puisque nous avons somnolé une bonne partie du voyage.
Pour rejoindre Dufftown au départ d’Édimbourg, nous sommes passées par Aberdeen pour rejoindre finalement Keith, qui se trouve à proximité. Une fois encore, notre repas n’était pas digne des fins gourmets : chips, barres chocolatées et muffins. Il n’y a pas à dire, les pays anglophones ne sont pas les rois des papilles.
Notre hôte, Ann, est venue nous chercher à la gare. Ébahies, nous découvrions les petits villages pittoresques britanniques. Une fois arrivées, Ann nous a servi en guise de déjeuner du pain avec des condiments tous plus étranges les uns que les autres : “marmite yeast” (à base d’extrait de levure, plutôt…affreux pour les profanes, enfin pour moi en tout cas), pâte de graines de sésame et autres bizarreries dont je ne me souviens plus du nom. Peu de temps après, notre première mission nous a été donnée : cueillir des petits pois. L’une des missions principales durant la semaine d’ailleurs. Nous ne savions pas trop comment faire, donc au début nous en avons cueilli peu. Comme Ann était retournée travailler, nous avons demandé à son mari, Charlie, ce que l’on pouvait faire. Une autre tâche chronophage était dévoilée : cueillir des haricots. Au rythme de notre musique, nous cueillions à nouveau un peu au hasard. Toutes fières, nous pensions avoir accompli notre devoir. Sauf que Charlie nous a dit que nous n’en cueillions pas suffisamment…Retour à la cueillette ! Pour notre plus grand bonheur, Ann et Charlie avait un chat vraiment mignon, Jack.
Ensuite, nous devions écosser les petits pois. Aller écosser des pois en Ecosse ! (Je suis désolée, je ne pouvais pas passer à côté…).
Le midi n’était jamais un festin puisqu’eux-mêmes ne mangeaient pas le midi, donc nous n’avions toujours que des condiments sur ce pain fait à la machine, qui n’a de pain que l’apparence. Que cela soit dit, nous étions très souvent frustrées du fait que nous ne mangions pas assez et pas suffisamment varié. Je pense que c’était le principal défaut de ce court WWOOFing. Nous avons tout de même eu de très bons repas comme des saucisses végétariennes, qui étaient étonnamment très goûteuses, avec des « rainbows chards » (des blettes arc-en-ciel) ainsi que des pommes de terre du jardin ! Sinon, un plat que nous avons apprécié: de la soupe de petits pois qui avait un goût sucré très agréable. Cependant, je le répète, les quantités n’étaient pas suffisantes, et nous mangions la plupart du temps du pain avec du houmous…
Ceci étant dit, nous avons goûté le plat national, le fameux Haggis, tatties and neeps. Ils ont d’abord essayé de nous cacher ce que c’était, mais Aurélie avait une connaissance qui lui avait décrit en quoi cela consistait. Dans tous les cas, leur plan est tombé à l’eau, car Ann nous montrait des poèmes du célèbre Robert Burns, poète qui a écrit « Address to a Haggis« , soit l’ode au Haggis. Vous l’aurez compris, on ne plaisante pas avec ce plat en Ecosse. J’espère avoir piqué votre curiosité, car les ingrédients de ce plat « savoureux » (c’est wikipédia en anglais qui le dit !) mérite toute votre attention. Le haggis, c’est le coeur, les poumons et le foie d’un mouton avec de l’oignon, des flocons d’avoine, des rognons, du bouillon, du sel et du poivre cuits dans sa panse. Je pense que c’est soit quelqu’un qui voulait empoisonner une personne qu’il détestait, soit quelqu’un qui était désespérément affamé. Le tout est généralement servi avec des pommes des terre (tatties) et des navets (neeps). Mais en fait, c’était réellement savoureux, lorsque c’était chaud. Dès que cela avait refroidi, le tout était devenu vite écoeurant.
Toutefois, dès le premier jour, nous avons beaucoup parlé avec Charlie, qui nous montrait son atelier de menuiserie. C’était très instructif même si malheureusement, nous n’avons rien pu essayer durant cette semaine qui est passée très vite. De nombreuses fois nous mangions seules avec Charlie, où nous échangions beaucoup nos points de vues, ce qui était très enrichissant. Nous avons notamment parlé de long en large du Brexit, car j’étais très curieuse de connaître la position d’un principal intéressé. Ann et Charlie sont des Anglais venus habiter en Écosse car ils n’aimaient pas vraiment la politique anglaise et préféraient les mentalités écossaises.
L’énorme avantage que l’on avait dans ce WWOOFing était les horaires. Nous étions totalement libres, de fait nous nous levions quand bon nous semblait, et commencions quand cela nous plaisait. Au fur et à mesure des jours, nous gagnions en assurance pour récolter les pois et les haricots. Nous arrachions également les mauvaises herbes, où Jack nous assistait dans la tâche en s’allongeant sur nos genoux. Étant donné que nous avions récolté beaucoup de pois, nous en avons préparé certains pour les congeler. Pour ce faire, il faut les faire cuire pendant une minute dans l’eau bouillante, les laisser refroidir pendant trois minutes sous l’eau froide, les sécher et les mettre au freezer.
Nous cueillions également du cassis, des framboises pour mon plus grand plaisir, déterrions les pommes de terre, les faisions sécher pour ensuite les ranger. Nous avons aussi fait de la confiture de cassis.
Non seulement nous avions des horaires libres, mais le volume horaire était également peu important. Et grâce à cela, nous avons eu la chance de pouvoir explorer les alentours. Nous avons erré dans les forêts de chardons, symbole national du pays. La légende dit qu’une armée (viking ou anglaise? Mystère) voulait attaquer l’Ecosse de nuit, mais qu’un soldat aurait marché sur un chardon et son cri aurait réveillé les guerriers scots.
Puis nous sommes allées en vélo à la ville de Dufftown, la ville la plus proche de là où nous étions. Nous avons visité le château de Balvenie. Une visite de château était évidemment obligatoire, sachant qu’on dénombre plus de 2000 châteaux dans ce pays, qui en aurait possédé 3000 autrefois ! La France est elle-même bien lotie (d’après mes rapides recherches, il y en aurait au moins 4 300), mais les châteaux écossais ont un charme particulier. Ce château était relativement petit, mais il était tout de même empreint d’histoire.
La région où nous nous trouvions était vraiment culturellement et naturellement riche, puisque, je le rappelle, nous nous trouvions dans la vallée de Speyside. Dufftown est le berceau de la distillerie de Glenfiddich. Malheureusement nous n’avons pas pu la visiter et ce n’est pas faute d’avoir voulu nous joindre à un groupe en pleine visite, mais elle était payante bien sûr. Le bourg de cette ville était très mignon, et les habitants vraiment accueillants. Un habitant nous a donné une glace chacune car il en avait acheté trop, un commerçant d’une boutique de kilts & fiddles (un autre mot pour dire « violon ») nous racontait des anecdotes très intéressantes et nous a fait promettre de revenir le voir si on retournait en Écosse.
Car nous sommes fermement décidées à revenir en Écosse aussi tôt que possible. Toutefois il faut bien admettre que cette ville semblait un peu fantomatique tant peu de magasins étaient ouverts. En effet, un jour nous avions tellement faim et en avions tellement assez de cette combinaison pain/houmous que le dernier jour, nous avons décidé d’aller au restaurant pour satisfaire notre manque. Nous avons trouvé uniquement un seul restaurant ouvert, dont le choix des plats était très limité (saucisses/oeufs/frites/spam ou spam/frites ou spam/œuf (pour la référence, c’est ici, petit sketch des Monty Python, car on ne s’en lasse jamais, du moins je ne m’en lasse jamais).
Sur notre chemin bucolique, nous avons croisé ces magnifiques vaches écossaises, adorables et moins peureuses que les françaises ! A selfie with a cow never gets old. Enfin, nous avons fait une longue promenade le long de la rivière de Spey, mais malheureusement nous n’avons pas pu aller aussi loin que nous le voulions car la nuit arrivait vite… Mais elle était vraiment sublime.
Ann est professeur de yoga, alors le dernier jour, elle nous a fait un cours dehors sur la pelouse. C’était agréable et toujours aussi gratifiant. J’ai l’air bien partie pour faire une séance de yoga/méditation dans chaque pays que je visite.
Pour finir, le samedi de cette semaine mouvementée, nous avons fait une longue randonnée dans les Highlands. Mais je préfère écrire un nouvel article pour cette expédition, qui en était réellement une.
Alors c’est ainsi que s’achève nos courtes péripéties dans ce pays qui ne demande qu’à être exploré. Nous revenons avec une compétence toute nouvelle : nous savons imiter à la perfection les moutons. Moutons qui étaient dans le champ où était la caravane où nous dormions…
4 commentaires
jauralde
Je me suis bien amusée en lisant ce récit plein d’humour. J’ai admiré les photos, bien réussies comme d’habitude et en voyant tant de verdure je me suis rappelée nos voyages en Angleterre, où nous avons connu tous les temps.
J’ai compati à votre manque de déjeuner connaissant Emma qui est une convive pleine d’appétit pour le plus grand plaisir des cuisiniers et cuisinières. J’ai beaucoup apprécié aussi les vaches et petits moutons pris sur le vif et bien sympathiques. Pour le château, es-tu sûre qu’il ne soit pas hanté?
Vos reins n’ont-ils pas souffert de toutes ces cueillettes?
Emma
C’est gentil, merci ! Je dois admettre que vous avons eu de la chance avec le temps, contrairement à la réputation en effet.
Oui, c’était dur ! Haha. Après il faut avouer que les plats de la famille Jauralde sont toujours excellents, alors c’est difficile de ne pas avoir un grand appétit.
En tout cas, contrairement à nos vaches françaises, ces vaches-ci n’étaient pas farouches.
Concernant le château…je n’espère pas, ne serait-ce que pour les esprits qui n’ont aucun endroit où se cacher.
Non ça va…Toutefois, nous avons peut-être trop mangé de pois crus…
Encore merci de suivre mes articles avec tant d’attention, cela me fait extrêmement plaisir.
Luc Camille
Salut les filles 🙂
Votre expérience est vraiment inspirante. Tout paraît presque simple !
J’ai de plus en plus envie de tenter le coup pour l’Ecosse 1 mois cet été… mais je me demandais si l’expérience était réellement nécessaire dans le domaine.. où si certains hôtes acceptaient des personnes de bonnes volontés et désireux de bien faire 🙂 ?
Aussi, par quel site de WWOOFing êtes-vous passées ?
Belle continuation à vous 😀
Merci de partager vos moments, on se rend pas compte à quel point c’est important pour les peureux qui en rêvent sans arriver à sauter le pas.
Camille
Emma
Salut Camille !
Merci pour ton commentaire, ça fait plaisir !
Honnêtement, pour un mois je te dirais carrément de foncer. C’est une expérience inoubliable et on en ressort grandi, où l’on a appris plein de choses. Ensuite, quand j’ai commencé le WWOOFing, je n’avais absolument aucune expérience dans ce domaine ! Comme tu dis, tant que tu montres que tu as de la bonne volonté, je pense que tu trouveras forcément un hôte.
Concernant le site, c’est directement sur le site officiel du WWOOF UK : http://www.wwoof.org.uk/
Comme chaque pays, il faut payer une cotisation pour un an, mais je crois me rappeler que celle du Royaume-Uni n’était pas très chère.
Bonne continuation à toi aussi, n’aies pas peur de suivre tes rêves !
Emma