L’outback australien
Je trouvais ça indécent (le sens des priorités) d’avoir un seul article pour parler d’à la fois mon mini road trip avec Aurélie le long de la côte Est entre Brisbane et Cairns (« mini »), le workaway à Farmgate puis ensuite mon expérience dans la ferme perdue dans l’arrière-pays du Queensland. C’est pourquoi je fais un nouvel article pour évoquer mon temps dans l’outback (comprendre « l’arrière-pays ») où j’y passe le plus clair de mon temps durant mon année en Australie.
Mon temps dans les plaines arides se sépare en deux temps principaux : les premiers mois où je travaille à Yamburgan avec Aurélie et où nous vivons chez Julie et Ross dans notre cottage, où nous travaillons à Woolerina pendant une semaine suite à des désaccords avec le propriétaire malgré la gentillesse extrême de sa femme et enfin notre temps de “repos” à Cashel Vale où nous habitons chez Agustín et Dante.
Le deuxième temps est au retour de Tasmanie, où Dante, Pocky et moi retournons à Cashel Vale. Pocky est notre nouveau cockatiel (en français calopsitte mais je ne suis pas habituée à dire cela). Je ne suis pas fière d’avoir adopter cette petite perruche alors que nous savions que nous allions partir mais ce qui est fait est fait, et malgré notre égoïsme, avoir vécu avec lui a été très enrichissant.
Présentation
Mais que dire de cet outback. Cela fait maintenant deux mois que j’erre dans ce désert rouge avec pour seule civilisation les fermiers dans leurs 4×4 et les kangourous.
Je me suis toujours posée la question de l’utilité des 4×4, je peux dire que je comprends plus leur existence, en Australie du moins. En France ils sont toujours totalement un étalage de bien selon moi, mais ici les routes sont parfois sans goudron ou tellement sablonneuses qu’ils sont souvent nécessaires.
Aussi si jusqu’à maintenant Aurélie et moi ne voyions pas de kangourou, comme je le disais dans l’article du road trip, désormais ne pas en voir un minimum par jour devient étrange. Ils deviennent un peu mes mouettes de ma Vendée d’origine.
A la seule exception que nous devons de temps à autre empêcher les chiens de les tuer.
Toutefois, les chiens sont le plus souvent considérés comme des chiens de travail, donc souvent en cage la plupart du temps (sauf à Cashel Vale, et ça, ça fait plaisir !). Leurs tâches est de gérer le rassemblement des troupeaux, notamment à la saison de la tonte des moutons, avec les fameux « shearers ».
La vie à la ferme
La tonte de moutons, ou shearing
Leur façon de travailler est un peu problématique à mon sens : un groupe se déplace dans la région (ou plusieurs régions ? Je ne saurais pas trop dire), dans plusieurs fermes où ils sont logés (parfois dans des conditions proche de l’insalubrité, mais ce qui est apparemment fait exprès car il semblerait que plusieurs fois des vols ou casses ont été recensés) pour tondre les moutons.
Sauf qu’ils sont payés à la bête (ils en font environ 200 par jour), et donc ils enchaînent les moutons à une telle vitesse que le bien-être de nos amis laineux est vite passé lui aussi à la tondeuse. La plupart n’ont que faire de couper des bouts de peaux, d’entailler ou de les faire souffrir.
C’est un bien triste spectacle et j’espère que cela va changer. J’ai cru lire sur internet qu’en 2017 déjà, un « scandale » avait secoué l’industrie, mais si j’en crois mon expérience, il n’a pas été suffisant à faire bouger les choses.
Que l’on s’entende bien, c’est désormais vital pour un mouton de se faire tondre puisque sa laine continue de grandir et il ne pourrait probablement pas passer l’été australien avec cette laine mérino sur le dos. Selon la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), un outil avait été inventé fin des années 90 (article en anglais) qui réduisait considérablement les souffrances chez l’animal, mais n’a jamais vraiment été utilisé par les fermiers…
Les côtés plus négatifs (selon moi)
Ce traitement des animaux comme des outils ou pire, comme des « nuisibles à abattre » (résonance avec la nouvelle appellation « susceptible d’occasionner des dégâts » en France pour camoufler le fait de pouvoir massacrer des espèces… C’est pour un autre débat), c’est, selon moi, l’un des points noirs de la région.
Si au Japon, comme je l’ai souvent évoqué, le bien-être animal n’est pas au centre des discussions, l’Australie en est encore plus loin sur certains égards (notamment au centre du pays). Après, naturellement loin de moi l’idée de généraliser, surtout que je suis dans un endroit particulièrement reculé et plutôt « fermé ». L’Australie compte de nombreuses associations pour l’environnement et si je devais deviner, je dirais même qu’elle en a plus que le Japon, mais je ne suis pas là pour faire un comparatif, mais je veux simplement mettre quelques points sur les « i ».
Dans l’outback au moins, chaque animal est potentiellement une menace pour leur ferme, le passe-temps de beaucoup de personnes que nous avons rencontrées est d’être chasseur en week-end et alors tout y passe : les cochons, les chèvres, les dingos, les kangourous (beaucoup de kangourous, puisque c’est même le gouvernement qui déclare combien ils doivent en tuer ; vous savez, un peu comme les loups chez nous…ahem) etc.. Même écraser un kangourou devient un jeu pour certains (comme Aurélie et moi en avons été tristement témoins à Woolerina).
Mais je crois que le plus choquant est de voir les dingos pendus aux arbres le long des routes. Oh vous savez, une simple formalité histoire de savoir où ils étaient et pour récolter la peau pour se faire payer à la « bête tuée ». Charmant. Nous croisons même un fermier heureux de nous montrer une vidéo d’un dingo piégé, souffrant.
J’écris actuellement un article plus précis sur le cas des dingos pour ceux que ça intéresse où j’essaie aussi de voir comment on peut nous-même aider cette espèce en voie de disparition.
La photo suivante est une photo des dingos pendus. J’ai hésité longuement avant de savoir si je la publiais ou pas, car c’est forcément très glauque, mais je pense que c’est important que les gens sachent, pour que peut-être un jour ils commencent à se poser des questions sur la sanité de leurs actes. Pour voir, cliquez sur « photo de dingos choquante ».
Le pire, c’est que moi-même j’en perds mon humanité. L’une des premières tâches qui nous est confiée à Aurélie et moi est d’empoisonner des arbres à coup de Roundup. Quelque chose bien au cœur de mes préoccupations, mais où je fais l’exact opposé de mes convictions.
Ça nous donne à Aurélie et moi des maux de conscience assez insupportable, mais heureusement, je ne suis pas forcée à répéter l’opération (et ça c’est plutôt un côté positif de cette ferme ! Nous ne sommes jamais obligés de faire quelque chose).
En fait, ici les produits chimiques et autres poisons vont bon train. Et à quoi bon utiliser des masques ou protections ? On n’est pas des tafioles nous (je me permets, car ça a été entendu). Bizarrement, beaucoup de cancers sont déclarés dans la région, mais là évidemment, je spécule totalement. D’autant plus que le soleil est extrêmement fort dans les environs et apparemment il y a un trou dans la couche d’ozone juste au dessus de l’Australie, ce qui fait qu’il faut toujours bien se protéger (avec une crème solaire 50+ obligatoirement, et si je peux y ajouter mon grain, faire attention à ce que la crème soit respectueuse de l’environnement -pourquoi donc ? National Geographic a écrit un bon article dessus-).
Même les mouches deviennent folles, elles foncent sans pitié dans les yeux ou la bouche sans broncher. L’été, pendant que Dante et moi travaillons, elles sont encore plus folles, si bien que je considère travailler avec l’un des filets que certains fermiers adoptent. Le moins que je puisse faire est de porter des lunettes de soleil (ça devrait être automatique…) et m’asperger de produit anti-mouche couplé de crème solaire toutes les dix minutes.
Mais de façon générale, c'est quand même : à la chill
Chill, qui évoque la tranquillité, c’est un peu le maître mot de l’Australie, et moi c’est un mode de vie qui me sied bien.
La plupart des Australiens que nous rencontrons sont vraiment accueillants, souvent plein d’humour. C’est aussi flagrant sur la route, notamment dans l’outback où croiser une voiture n’est pas la chose la plus courante : tous nous disent bonjour en levant le doigt du volant !
Hormis à Woolerina comme je l’ai évoqué où c’est un vieil homme sexiste sans aucun respect pour l’environnement ou les espèces vivantes et qui adore donner des ordres sur un ton patriarcal. Si moi je peux ignorer tant bien que mal, Aurélie elle ne le peut pas, à raison. Ainsi donc, au bout de 5 jours, nous rendons notre tablier.
J’apprécie en fait énormément mon temps ici. Encore une fois, le ciel me surprend tellement. Particulièrement dans cette région, où les couchers de soleil et les ciels étoilés sont époustouflants. On peut y voir toutes les nuances de couleurs défiler pour donner place à un ciel d’un noir profond éclairé par des milliers de petites lumières et surtout la Voie Lactée incroyablement prononcée. Et je découvre qu’elle n’est pas la seule galaxie visible ! Le nuage de Magellan se dévoile à moi.
Chaque soir reste une surprise ! Ou comme dirait Stuart : “tous les jours est un jour pour apprendre !”.
Il semblerait que ça fait sept ans que la sécheresse dure dans ces terres. Pour vous donner une idée de l’aridité, je ne sais même plus à quoi ressemble la couleur verte. C’est un grave problème pour les fermiers car les animaux ne peuvent plus se nourrir d’herbe et ils doivent subvenir à leurs besoins, ce qui occasionne beaucoup de frais.
Travaillons un peu, tout de même
Le travail dans les fermes se déroule en trois temps distincts : Aurélie et moi à Yamburgan, Dante et moi à Yamburgan puis à Cashel Vale.
Dans les trois fermes où nous avons l’occasion de travailler et pendant notre temps libre, nous apprenons beaucoup de choses que ce soit en construction ou dans du travail agricole. Pour citer quelques exemples, nous nourrissons les vaches avec des graines de coton ou une poudre mélangés à des vitamines qui affament le bétail (pour qu’ils mangent plus et grossissent plus). Nous conduisons aussi des quads pour rassembler les troupeaux (dit « mustering« ), des “bobcats” (des mini tractopelles si ça parle à quelqu’un), des véhicules utilitaires (appelés UTE) pour toutes tâches dans ces fermes de centaines d’hectares. Nous faisons aussi des réparations par-ci par-là. Par deux fois, je conduis même un tracteur. Beaucoup de nouvelles expériences, en somme ! Expériences que j’apprécie particulièrement.
La sécheresse est si rude que beaucoup d’animaux meurent, donc des agneaux se retrouvent orphelins, ou des brebis enceintes sont trop faibles pour survivre et s’effondrent (ce qui est le salut des corbeaux qui se délectent de leurs yeux…). Parfois les journées sont si chaudes que nous sommes obligés de commencer tôt le matin pour reprendre en fin d’après-midi.
Surtout, nous avons la compagnie d’animaux tous plus aimants les uns que les autres.
Se trouvent à Cashel Vale et Yamburgan des chiens que j’adore : Meg et Pablo, frère et soeur kelpies (mes chouchous), Gina la border collie quelque peu sociopathe et Charlie (ce n’est que son surnom nous dira Stuart, propriétaire de Cashel Vale), le fier petit chien blanc qui ressemble à un saucisson.
La faune de l'outback en vitesse rapide
L’Australie a une chance unique, ils ont une riche faune en très grande partie endémique. Et comme la faune est ce qui m’importe presque le plus, tout du moins, qui m’enchante énormément, j’aimerais partager mes découvertes.
Nous voyons souvent des porc-épics (echinda) et des émeus, ces grands oiseaux que j’ai envie de qualifier de « majestueusement ridicules », surtout quand ils courent et tout autre chose.
Vous avez peut-être entendu parler de la tristement fameuse « emu war« , ou la guerre des émeus (lien wikipédia).
Les oiseaux
Nous avons par exemple l’un de mes chouchous, le guêpier arc-en ciel (ou rainbow bee-eater en anglais), ce petit oiseau d’en moyenne 30g est très sociable : il semblerait que les oisillons sont élevés par tous les membres d’une même « communauté ».
J’essaie de préparer une toute nouvelle section, parlant de la vie sauvage que je rencontre lors de mes voyages. J’ai été fascinée par les différents animaux que j’ai pu voir et comme je le dis dans ma présentation : j’aime les prendre en photo. C’est donc un bon moyen pour présenter certains des clichés que j’apprécie tout en donnant des faits que je pense intéressants sur certains et par ailleurs, si certaines espèces sont en danger, quels sont nos moyens pour les aider (au-delà des dons, qui sont déjà une bonne façon).
En attendant, j’ai pris plaisir à faire deux montages pour présenter deux espèces dont j’avais pris BEAUCOUP de photos.
eNous voyons une pléthore d’autres oiseaux, dont beaucoup de perroquets ou perruches comme les cacatoès (cockatoos en anglais) de Leadbeater que l’on peut voir ci-dessous, qui ont une crète sublime lorsqu’elle est levée. Nous pouvons aussi trouver des cacatoès à crète jaune, cacatoès noirs, roses etc.
Un animal qui retient mon attention, je l’ai mentionné, est Pocky. Notre perruche calopsitte qui à chaque retour de travail nous accueille en “chantant” (pour Pocky, chanter c’est s’exprimer de façon étrange), ne nous quitte jamais et se pose toujours sur nos épaules. Il rechigne légèrement pour la douche mais c’est pour son bien. L’adopter a été une action très égoïste que je ne conseille pas de le faire, je ne sais pas pourquoi, en ce qui me concerne, je m’imaginais pouvoir l’emmener chez mes parents ou rester en Australie, mais non. Mais enfin, il semblerait que sa nouvelle famille d’accueil soit une très bonne famille qui prend bien soin de lui.
Les reptiles
Les reptiles n’ont pas à rougir puisque la diversité semble tout aussi grande.
Comme visiblement l’un de mes favoris, le varan de gould, présent dans pratiquement tout le territoire. Il est assez timide même si nous en trouvons un une fois dans notre jardin, il est très rapide et peut, je pense, être très dangereux. Il choisira principalement la fuite mais si comme Pablo vous décidez d’en faire un compagnon de jeu contre son gré, il saura vous repousser grâce à sa mâchoire imposante, ses griffes acérées ou même encore sa longue queue. Queue qui peut lui servir pour se mettre sur deux pattes et observer de potentielles proies au loin.
Une fois bipède, il peut mesurer jusqu’à presque 1m60.
Nous voyons de nombreux serpents, comme ce python en bas à droite, des lézards ou encore un genre que je découvre en Australie, les scinques.
Les araignées
Qui ne connaît pas la réputation de l’Australie sans parler des animaux qui tuent à chaque détour ? Ou qui sont plutôt imposants. En voici deux spécimens plutôt communs :
- la Delena cancerides, que Dante me décrit comme « amicale », mais je viens de lire sur internet que son poison est en fait plutôt grave. Pour en déplacer une, je l’ai même portée sur mes mains sous l’assurance « qu’elle ne me fera rien ». Bon, ce fut vrai dans mon cas, mais restons prudents (mais laissons-les en vie tout de même !).
- et la veuve noire d’Australie, bien plus connue et très reconnaissable grâce à la tâche rouge sur son dos (appelée d’ailleurs redback en Australie). Venin extrêmement dangereux, elle adore se cacher dans des endroits que, bizaremment, nous devons souvent manipuler (du style : sous les plaques des abreuvoirs que nous devons ouvrir pendant quinze jours pour les réparer, et en les ouvrant, on ne voit pas où on met nos doigts et ô combien de fois, une veuve se trouve juste à côté de nos doigts… bref !). Mais encore une fois, ne la tuez pas ! Elle ne risque pas de venir vous agresser par plaisir.
En vrac
Que serait un article de l’Australie sans les fameux kangourous ? Enfin en vérité, j’ai peu de photo d’eux car ils sont devenus très « classiques » en un sens puisque j’en voyais beaucoup tous les jours.
Nous pouvons aussi voir un wallaroo, plus massif qu’un kangourou, qui venait souvent dans notre jardin.
Et donc nous voyons aussi des grenouilles très vertes et très royales, des fourmis dont l’espèce m’est inconnue (et ce n’est pas faute d’avoir cherché !), des chèvres sauvages qui semblent très sages et des chevaux dociles (ils ne sont pas sauvages, rassurez-vous).