Les retrouvailles avec le pays du matin calme
Pour mon premier article sur la Corée, je vais réunir Busan, seconde plus grande ville du pays, située au sud, Daegu et Yeosu car ce sont trois grandes villes, et que j’y ai fait sensiblement la même chose.
Busan (부산), la ville portuaire
Je suis arrivée par le port de Busan depuis Fukuoka. Comme je l’ai dit précédemment, en arrivant en Corée, j’étais assez pressée de retrouver ce pays dont j’avais eu un aperçu en 2012, mais la vitesse du pays m’a d’abord fait un choc. J’ai été un peu bousculée car j’arrivais de la vie paisible japonaise à la frénésie coréenne. En effet, à peine sortie du ferry, une fois dans le bus, extrêmement bondé, le chauffeur me poussait à l’intérieur alors que j’avais mon sac (qui pesait 26kg précisément). Heureusement une mère et sa fille m’ont aidée à trouver mon chemin. En fait, c’était tellement précipité et je me sentais tellement perdue que j’ai oublié de payer le bus en descendant.
Mais au fur et à mesure je me suis rendu compte que c’était aussi la mentalité de Busan, un peu comme notre sud à nous (sans vouloir offenser qui que ce soit).
Le deuxième jour déjà, je retrouvais cette sensation agréable de la Corée, la sensation de retrouver quelque chose de familier et léger. Pour ma première journée découverte, mon désir était de revoir ces grands temples colorés propres à cette péninsule. Direction Seokbulsa (석 불사, si vous aviez du mal avec les noms japonais, bon courage avec les mots coréens !), un temple un peu à l’extérieur de la ville de Busan qui se trouve encastré entre des rochers.
J’essayais de comprendre le réseau du métro de la ville, et fort heureusement je sais lire le coréen, mais j’étais un peu perdue. Presque immédiatement, un jeune homme parlant anglais m’a apporté son aide. Grâce à lui, j’ai donc pu recharger ma carte T-money à une borne (la carte magique de Corée : grâce à elle, on peut prendre le bus, le métro et même payer avec !). J’étais un peu sceptique car elle datait de 2012… Mais cela a tout de même marché !
Le métro coréen est lui aussi très propre, même si “souvent” des personnes handicapées physiquement ou mendiantes déposent un papier imprimé avec un message sur les genoux des passagers.
Seokbulsa s’atteignait par une randonnée. Les panneaux indiquaient à peu près bien la direction, mais je me suis quand même perdue (encore une fois).
Cette fois-ci également, un vieil homme est venu me demander où j’allais. Quand je lui ai indiqué ma direction il a décidé de m’accompagner. De ce fait, je n’ai pas réellement profité du temple comme je l’aurais fait seule.
En redescendant, il m’a demandé ce que je faisais pour le déjeuner. Malgré le fait que je lui ai menti en disant que je m’étais préparé un déjeuner, il m’a presque forcé à manger des 국수 (guksu, nouilles) dans un stand au pied de la montagne, certes délicieuses mais je me sentais de plus en plus mal à l’aise malgré ses bonnes intentions. Évidemment il a payé et refusé que je le rembourse. A ce moment, je ne savais pas trop quoi faire, donc pour lui échapper j’ai dit que j’irais au centre commercial Shinsegae Centum City. Une fois de plus, il a dit qu’il viendrait avec moi. Là je commençais vraiment à paniquer. Qui plus est, je me sentais redevable…Toutefois, une fois arrivés là-bas, c’étaient uniquement des magasins de luxe. J’ai donc profité de cette excuse pour m’éclipser, mais au même moment nous avons rencontré sa femme, et tout à coup je me suis sentie bien plus légère et je comprenais mieux pourquoi il avait voulu m’accompagner !
Sur le chemin du retour à l’auberge, je suis allée à la plage de Haeundae (해운대), qui n’est pas extraordinaire mais néanmoins agréable, et j’ai pu assister à un spectacle improvisé de mouettes où j’ai bien rigolé.
Le soir, je mangeais dans la salle commune de l’auberge. Un employé qui était allé s’acheter un café m’en avait ramené un. En un jour, trois personnes m’avaient déjà aidé d’une manière ou d’une autre ! Quand je dis que les Coréens sont incroyables.
A Busan, j’ai aussi vu deux autres temples, Beomeosa et Yonggungsa. Beomeosa a été mon coup de coeur. C’est un grand ensemble de temples assez impressionnant, perdu dans la forêt. L’atteindre était assez difficile du fait du fort dénivelé, et j’ai même pensé faire demi-tour, mais j’ai finalement été jusqu’au bout, très contente d’avoir réussi !
Quant à Yonggungsa, c’est une toute autre histoire…Ce sont Maud & Lilas qui m’avaient parlé de ce temple, mais je n’avais que très peu d’indications. Je suis arrivée à l’arrêt de bus (où pour une fois tout s’est bien passé) et ai longé la côte, car la seule information que je détenais était que c’était un temple en bordure de mer. Je sentais d’abord que je me trompais de côté, alors j’ai longé l’autre côté. Après un long moment de marche à croiser des bâtiments qui ressemblaient à des bâtiments militaires, et un découragement profond qui se faisait sentir, j’apercevais enfin deux drôles de formations. Je me suis dit que ce genre de construction ne pouvaient être propre qu’aux temples. Mais en fait je me trouvais du mauvais côté et je ne pouvais pas l’atteindre. Ce qui fait que j’ai simplement pu l’observer au loin. Mais finalement c’était certainement mieux ainsi, car il y avait une foule immense et j’avais plutôt une bonne vue. Je pouvais ainsi me reposer sur les rochers, et avoir pour décor les vagues qui s’écrasent sur les bordures d’un temple.
Enfin j’ai parcouru deux marchés, Gukje et Jalgachi. J’ai beaucoup aimé Gukje, car même si je suis peu familière avec l’ambiance des marchés, j’aimais beaucoup cette ambiance vibrante et colorée. Comme j’y étais vers midi, de nombreuses personnes mangeaient dans les petits stands, assis sur des petits tabourets. Cependant, cela n’a pas que des bons côtés, car je me faisais toujours solliciter pour m’asseoir manger. Gukje ressemble beaucoup à un bazar. En ce qui concerne Jalgachi, j’ai beaucoup moins apprécié… C’est un marché des produits de la mer et tout ce que je voyais c’était la souffrance animale. Les poissons qui s’entassaient dans des bassines minuscules et j’ai également vu un poulpe qui avait tenté de s’enfuir mais la vendeuse l’avais remis dans la bassine après au moins 3 minutes. J’ai même pensé à l’acheter pour aller le relâcher.
Daegu (대구), la ville plate
Mon deuxième arrêt se trouvait à Daegu. Pourquoi Daegu ? Et bien je ne le sais pas moi-même. J’avais simplement déjà entendu parler de cette ville. En fait, c’est un peu de cette façon dont je me suis organisée pour sélectionner mes étapes en Corée. C’était principalement par mes connaissances sur le pays, tout comme le Japon par ailleurs, sauf que cela a beaucoup moins bien marché… Il est vrai qu’au Japon je savais déjà exactement ce que je voulais voir, ou presque. Malheureusement, Daegu fait partie de mes erreurs de programme. Quand je dis la “ville plate”, c’est pour deux raisons. Daegu signifie “grande vallée”, mais aussi car il y a très peu d’activités finalement…
C’est tout de même à Daegu que j’ai goûté aux 호떡 (hotteok), sorte de pancakes au miel et à la cannelle, dans un stand de rue. J’en suis immédiatement tombée amoureuse. A tel point que les trois jours où je suis restée, je suis allée m’en acheter. C’était en plus vraiment pas cher : 1000W soit environ 75cts d’euros.
Toujours est-il que j’ai pu profiter de la gentillesse des Coréens; dans le bus qui m’emmenait à la gare, le bus me faisait tellement tanguer qu’un homme m’a proposé de mettre mon grand sac entre ses jambes pendant tout le trajet, alors qu’il avait déjà peu de place. Je suis arrivée pile à l’heure à la gare, mais contrairement au Japon, ils attendent quand même que ceux qui sont enregistrés comme ayant acheté un ticket arrivent.
J’ai passé un jour à errer dans les rues de la ville, et la fatigue commençait à se faire sentir. Les deux jours suivants, j’ai à nouveau visité deux temples : Donghwasa (동화사) et Hainsa (해인사).
Le premier est un temple relativement “banal”, si je puis m’exprimer ainsi. Il est supposé y avoir un grand Bouddha en pierre, que je n’ai jamais trouvé (pas celui de la photo bien entendu). De plus, la randonnée était assez difficile.
Quant au second, c’est un temple inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, où se trouve Tripitaka Koreana, des textes bouddhiques sacrés gravés sur 81 350 plaques de bois, sans aucune erreur connue (il est interdit de les prendre en photo). Toutefois, le temple en lui-même n’est pas le plus impressionnant que j’ai vu.
C’est aussi à Daegu que j’ai mangé mes premières vraies Jjangjangmyeon (짜장면;), nouilles à la pâte de haricots noirs, dont je raffole depuis quelques années maintenant. Alors cette ville aura quand même pour moi le côté positif gourmand !
Yeosu (여수), jolie ville côtière
J’ai pris le bus pour rejoindre Yeosu. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais je dois admettre que cette ville est fortement agréable. De belles balades côtières, réputée pour ses marchés, son panorama nocturne sublime et sa faune et flore riches, Yeosu a tous les atouts pour être une ville touristique. Par ailleurs elle a accueilli en 2012 l’exposition internationale. Son histoire est également riche puisque le général Yi Sun Si y résidait, grand général de guerre qui a inventé les navires de guerre en forme de tortue.
A Yeosu, j’ai rencontré Ji Yeon, avec qui je suis allée manger au restaurant un délicieux barbecue, qui marque le début de ma délectation et conséquemment de ma prise de poids.
La promenade qui est certainement la plus agréable est celle d’Odongdo (오동도), une petite île reliée à la ville. Il y avait tout de même beaucoup de monde… Mais les points de vue étaient très appréciables.
Ensuite, je suis allée à l’aquarium, “Aqua Planet”. Autant je supporte mal les foules françaises dans les zoos (et japonaises désormais), mais les coréennes les surpassent. Entre les cris et l’indécence, le manque de respect total envers les animaux, et les autres, j’ai cru suffoquer. En fait, j’avais déjà été témoin de ces réactions en 2012 au Coex aquarium de Seoul, mais j’ai tout de même voulu réessayer. Grave erreur…
Je commençais à être sérieusement épuisée, aussi bien que le lendemain, je suis juste allée voir Jinnamgwan, un bâtiment de 1599, classé trésor national, car c’est le plus grand bâtiment en bois à un étage (70 m de long et 14 m de haut) où se déroulaient les cérémonies. J’en ai profité pour visiter le musée dédié à Yi Sun Si.
Le plus enchantant à Yeosu est certainement la vue de nuit en haut d’Odongdo. Les lumières de la ville sont un vrai émerveillement. J’ai goûté mon premier 떡볶이 (tteokbokki). Ma plus vieille amie coréenne Seulgi m’avait dit un jour de goûter ce plat, alors je voulais lui faire honneur. Oh! et elle avait rajouté que c’était assez piquant. J’ai bien rigolé ! J’ai juste cru mourir tellement c’était épicé. Et je peux vous dire qu’une étrangère qui mange seule dans un restaurant et qui se met à pleurer parce que c’est trop piquant, beaucoup de monde y est attentif. Mais cela m’a donné une bonne excuse pour m’acheter un smoothie fraise-kiwi et pendant que je le dégustais, j’ai pu assister à un petit feu d’artifice tout à fait bienvenu. C’était une bonne dernière soirée avant d’aller à 장흥 (Jangheung) pour ma semaine de WWOOFing dans le temple bouddhiste Satyamitra.
3 commentaires
Hugo
Magnifique! Comme d’habitude…
Jauralde
J’attendais le commentaire sur la Corée avec impatience et je craignais de l’avoir manqué..
Tu fais toujours d’aussi belles photos, très colorées et qui me permettent de me faire une idée des immeubles, des temples que je ne pensaient pas aussi nombreux, de la nourriture, les gens.
Il t’a fallu beaucoup de courage, d’intrépidité pour te lancer seule dans cette aventure, je te félicite ….
A quand le prochain épisode?
Emma
Oui, je suis désolée, je suis de plus en plus lente dans la publication de mes articles… Je commence déjà le brouillon du prochain ! Mais il sera moins positif.
En tout cas, merci pour tous ces mots gentils, ça me fait toujours autant plaisir !