En route vers le sud – Himeji, Okayama & Hiroshima
Mon itinéraire continuait vers le sud du pays, en passant par Himeji (姫路) , puis la région de Chugoku, notamment les villes d’Okayama (岡山), où j’ai rejoint Maud, Hiroshima (広島) et enfin Miyajima (宮島). C’est une très belle région qui, je pense, a beaucoup de choses à offrir. Beaucoup de châteaux vous attendent dans cet article.
Etape 1 – Himeji
A l’instar de Kyoto, j’ai tout de suite ressenti un sentiment plaisant dans la ville de Himeji. Elle donne l’image d’une ville à taille humaine surplombée par son magnifique château.
Une chose est sûre, c’est que je ne savais pas que les gâteaux avaient un tel pouvoir d’attraction sur les chats ! Chats qui sont présents dans beaucoup d’endroits au Japon et notamment dans des temples, pour une raison qui m’échappe.
La visite du château était telle que je me l’imaginais (contrairement à celui d’Osaka…) : à la fois instructive, tout en ayant gardé les salles intactes. J’y ai appris beaucoup de choses, comme le fait que Toyotomi Hideyoshi y aurait vécu. Par ailleurs, le château est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. De plus, ce château est le décor des films Ran ou encore Kagemusha du célèbre réalisateur japonais Akira Kurosawa.
L’ensemble était assez grand et il était facile d’y passer une bonne heure, voire deux, puisque en plus de la visite du château, il y a aussi une tour construite en l’honneur de la princesse Sen, dont les grands-parents ne sont autres que Tokugawa Ieyasu & Nagamasa Azai, mariée au fils de Toyotomi Hideyoshi ! Rien que ça. Toutefois, je n’avais pas très bien compris, de ce fait je n’avais pas pris le billet qui combinait à la fois le château et le jardin qui se trouve à proximité, et d’après ce qu’on m’a dit, c’est dommage.
J’aimerais à nouveau parler du zoo qui se trouve à côté du château, depuis Ueno, je regarde toujours les commentaires sur les zoos des villes avant de m’y rendre. Une fois de plus, celui-ci avait des commentaires insistant sur les conditions déplorables. Faites vraiment attention avant de donner votre argent juste pour l’amusement personnel des humains en dépit des autres êtres vivants.
Le second jour, je me suis rendue à Shoshazan (書写山) où se trouve le complexe de temples Engyôji (円教寺). Pour m’y rendre, j’ai arpenté un chemin de randonnée dans la forêt.
Il se trouve que ce jour-là était le jour de Setsubun. Setsubun est une très ancienne fête qui célèbre l’arrivée du printemps et a lieu le 3 février. Autrefois, on fêtait chaque saison mais aujourd’hui seule l’arrivée du printemps est célébrée.
Pour l’occasion, beaucoup de Japonais s’étaient réunis dans ce temple, assis en tailleur (tandis que je m’étais assise sur un banc…Je ne peux physiquement pas attendre 1 heure en tailleur !).
Je ne savais pas à quoi m’attendre. Là, des moines ont commencé la cérémonie par des chants et un feu. J’ai été assez surprise de voir que les Japonais avaient l’air de n’en avoir que faire, et continuaient leurs conversations comme si de rien n’était.
Lorsqu’on m’a expliqué à l’accueil en quoi consistait l’événement, j’ai vaguement compris qu’ils allaient jeter des haricots pour apparemment faire fuir les démons, haricots que les gens allaient essayer d’attraper. Par conséquent, j’ai trouvé que le fait que les personnes présentes soient juste intéressées par les haricots était un peu déplacé… Et en effet, quand ils ont commencé à les jeter, c’était la folie totale (folie est un euphémisme). Je me sentais très mal à l’aise. Le Japonais à côté de moi se jetait littéralement sur moi pour attraper ceux qui venaient dans ma direction. Ils criaient dans tous les sens de façon assez dérangeante et en appelant ceux qui jetaient. Pour être honnête j’ai trouvé ce moment assez gênant. D’autant plus qu’une dame m’a dit plus tard qu’il y avait parfois des pièces dans les papiers qu’ils jetaient. J’ai tout de suite mieux compris cette passion pour essayer de les attraper. J’imagine que cette pratique doit être importante pour les Japonais, mais j’ai simplement ressenti de l’égoïsme et une sorte de férocité (on m’a presque arraché des mains un petit paquet qui arrivait dans ma direction)…Mais je suis tout de même contente d’avoir pu participer à cet événement pour voir comment cela se déroulait.
Heureusement, puisque je n’ai pas pu résister jusqu’à la fin, la suite de ma visite était très calme comme il n’y avait presque personne.
Le soir, le personnel de la guesthouse où je dormais m’a proposé de fêter Setsubun avec eux (la peur a dû se lire sur mon visage : “non…pas setsubun”). Ainsi pour l’occasion, il est d’usage de manger un ehōmaki dans l’un des points cardinaux, point qui change tous les ans. Cette année, c’était le « sud-sud-est », point où se trouverait le bonheur. Egalement, j’ai dû manger autant de haricots que mon âge.
Etape 2 – Okayama & alentours
Je devais déjà quitter Himeji, pour rejoindre Maud dans sa ville d’accueil à Okayama !
Okayama possède une figure emblématique, celle de Momotaro. C’est un petit garçon qui serait descendu sur Terre dans une pêche flottante sur une rivière. Un vieux couple de travailleurs le trouvèrent. Plus tard, il se serait fait remarquer par l’empereur en personne, qui lui assigna la mission d’aller tuer un monstre. Durant son périple il se lia d’amitié avec un singe, un chien qui parle et un faisan. Naturellement il mena sa mission à bien et ramena un trésor à sa famille, ce qui leur permit de vivre convenablement pour le reste de leurs jours. Okayama est associée à cette histoire car les historiens pensent que ce conte aurait été inventé dans cette ville.
Nous avons arpenté la ville en vélo. Maud a commencé à me faire visiter le jardin Koraku-en (後楽園), qui fait partie des trois plus beaux jardins du pays.
S’y promener était presque revitalisant, d’autant plus que nous avons pu voir des pruniers, cerisiers et poiriers en fleurs ! Le printemps commencerait-il si tôt ?
Puis nous sommes allées contempler le château noir d’Okayama, U-jo (烏城) ou château du corbeau. Le château contrastait magnifiquement bien avec le blanc de celui de Himeji, qui par ailleurs est surnommé le château du héron blanc. Malheureusement contrairement à celui de Himeji, il fut presque intégralement détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale. Plusieurs personnes m’avaient déconseillé d’aller visiter l’intérieur, ainsi nous avons juste profité de la vue.
Le lendemain, nous sommes allées visiter la ville voisine de Kurashiki (倉敷) située à une distance de 15 minutes. Cette ville est notamment connue pour son quartier historique, Bikan. Ce quartier était vraiment charmant, nous pouvions presque imaginer la vie telle qu’elle était à l’époque.
En fin d’après-midi, nous avons visité l’éminent musée Ohara. Ce musée est la collection personnelle de Ohara Magosaburo, où se concentrent de nombreuses œuvres françaises. Il a été le premier musée permanent de l’art occidental au Japon, ouvert en 1930 ! Des artistes extrêmement connus s’y trouvent, comme par exemple Monet, Matisse, Toulouse Lautrec, Renoir ou encore Picasso. Une fois de plus, je n’ai aucune photo étant donné qu’elles étaient interdites.
Ensuite, nous sommes allées voir le sanctuaire Kibitsu (吉備津神社 Kibitsu-jinja), à encore environ 15 minutes en train. Cet endroit respire le calme et son long couloir avant d’atteindre le sanctuaire était apaisant. Long couloir puisqu’il fait 400 mètres. Kibitsu aurait été fondé dans les alentours du Vème siècle !
Enfin, pour notre dernière journée, nous avons juste fait du shopping au grand centre commercial d’Aeon. Il y avait même un Tokyu Hands, mon magasin préféré du Japon ! (voire même préféré tout simplement). Tokyu Hands a fait ses débuts comme magasin de “DIY” (do it yourself) et “arts & crafts”, soit du fait-main, d’art et de bricolage. On trouve tout et rien dans ce magasin, surtout du “rien” avec beaucoup d’objets de décorations inutiles, mais que j’aime beaucoup.
Et nous avons également testé pour vous : le coiffeur au Japon ! Avant de partir, j’avais déjà fait une décoloration dans l’optique de me teindre une partie des cheveux en bleu. Les Japonais ont une bonne réputation en ce qui concerne les colorations, alors je me suis dit que j’allais essayer. Et le service était impeccable, entre massage des épaules, de la tête lors du shampooing (rien à voir avec le semblant de massage que l’on a en France) et un professionnalisme irréprochable, nous avons adoré ! D’ailleurs, pour les petites différences culturelles, c’est drôle car lorsque l’on nous lave la tête, ils nous mettent un mouchoir blanc sur le visage. Ça peut surprendre ! Quant à mon bleu, il tient bien mieux qu’en France, mais vire au gris, contrairement au vert. Le tout pour un prix similaire, peut-être même moindre qu’en France.
Etape 3 – La fin de mon aventure sur Honshu : Hiroshima (広島) & Miyajima (宮島)
Honshu est l’île principale du Japon, qui en compte quatre (il serait peut-être temps d’en parler oui…) : Honshu au centre, Hokkaido au nord, Shikoku au sud et Kyushu au sud ouest. C’est à Hiroshima que je me rends pour mon dernier arrêt sur l’île d’Honshu.
Et bien Hiroshima était une agréable découverte ! La ville est spacieuse, propre et je trouve qu’il y fait bon vivre (pour les deux jours où je suis restée en tout cas…). A mon grand regret, je n’ai pas pu tout voir, et cela ne m’aurait pas dérangée d’y rester plus longtemps.
Honnêtement, je ne connaissais absolument rien de Hiroshima hormis évidemment que c’est là que les Américains ont lâché « Little boy » (comme c’est charmant…), la bombe nucléaire « Bombe A », le 6 août 1945 (le 9 août en ce qui concerne Nagasaki). Peu de temps après, le Japon annoncera sa capitulation, marquant la victoire des Alliés.
Dû à cet événement, je n’avais aucune image de Hiroshima, et bizarrement je ne m’étais jamais imaginée la ville en elle-même. De plus, la seule image que j’avais vue était celle du dôme au Peace Memorial. Le dôme est l’une des seules structures à être restée debout suite à l’explosion. C’est donc un symbole pour la ville, un travail de mémoire.
Pour commencer mon court séjour à Hiroshima, j’ai voulu commencer par le musée du Mémorial de la Paix.
Au cours d’une de mes rencontres à Osaka, on m’avait conseillé de prendre l’audioguide (disponible dans énormément de langues, dont le français) pour profiter au maximum de la visite.
Le prix d’entrée est si dérisoire (50Y soit 40cts d’€…) que je ne me suis même pas posée la question de savoir si j’allais le prendre ou non (la location de l’audioguide elle coûte 300Y = 2,4€ en gros).
ATTENTION ! Les photos qui vont suivre peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. En général, je pense être quelqu’un dont la sensibilité est « difficilement » heurtée. Enfin, pas vraiment, mais même si je suis touchée, je vais plutôt bien « résister » (je n’arrive pas du tout à expliquer ce que je veux dire). Bref, tout ça pour dire que lors de ma visite, j’ai véritablement cru que j’allais vomir tant cela m’a touchée.
Je veux dire par là que c’est très rare venant de ma part. Donc, si vous êtes sensible, je vous conseille de ne pas regarder les photos que j’ai mises sous « Spoiler ».
L’audioguide ajoutait tellement d’éléments d’informations que je trouve ça dommage de ne pas en prendre un (sauf si, encore une fois, cela pourrait vous déranger).
On commence la visite par une mise en scène apocalyptique d’un instant juste après l’explosion de la bombe, où l’on voit une femme et un enfant ayant la peau pendante tant elle est brûlée. L’audioguide lui me narrait des témoignages de personnes l’ayant vécu, traduisant leurs sentiments d’horreur.
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Puis on continue par des objets perdus, partiellement brûlés, abandonnés de ces mêmes personnes. Leurs histoires nous sont racontées, fendant littéralement le cœur. Sincèrement, cette visite nous fait nous poser énormément de questions, je trouve qu’elle est très bien faite dans le sens où rien n’est fait pour nous faire détester les Américains par exemple, mais simplement le nucléaire, qui ne devrait même pas exister. C’est un travail de mémoire extrêmement important, et il est essentiel d’avoir un musée pour rappeler les horreurs que peuvent faire une telle abomination, qu’engendre une guerre.
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En fin de visite, on nous présente les effets secondaires qu’a eu la bombe nucléaire à plus ou moins long terme. Entre des enfants qui ont succombé quelques semaines seulement après l’explosion, ou certains qui se pensaient guéris mais qui ont développé des cancers et autres maladies des années plus tard dus à l’irradiation.
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Le dernier message est toutefois très beau, puisque l’on voit une plante qui reprend vie alors que l’on pensait qu’aucune forme de vie n’aurait pu se former avant au moins 75 ans, donnant ainsi courage et force à la population de Hiroshima, et du monde entier.
A la sortie, il est possible de signer une pétition pour faire arrêter les bombes nucléaires, que j’ai signée, mais qui semble être une lointaine utopie. Mais j’ai envie d’y croire.
Suite à ma visite un peu déprimante, j’ai décidé de courir aller voir le château, d’extérieur seulement car on m’avait déconseillé, une fois de plus, d’aller à l’intérieur. Ce château a été complètement détruit avec la bombe nucléaire (comme plus de 75% de la ville), ainsi c’est simplement une reconstruction en béton (mais bien faite !) de la tour principale.
Voyant l’heure tourner, j’ai également décidé d’aller voir le jardin Shukkei-en (縮景園) mais quand je suis arrivée, il fermait juste…
Le lendemain, je suis allée à Miyajima. Miyajima est tellement près de Hiroshima que j’ai pu m’y rendre en excursion à la journée. En fait, il y avait uniquement une heure de tramway, puis 15 minutes de ferry pour rejoindre l’île. Miyajima est presque uniquement connue pour sa grande Torii couleur vermillon, que vous avez certainement vue en photo quelque part. Mais c’est bien plus que cela. L’île est sublime, où l’on peut facilement y rester une nuit. Il est intéressant de noter que cette île est inscrite comme sacrée, et à ce titre, il n’y a ni maternité, ni cimetière et couper des arbres est interdit (merci wikipedia).
J’ai commencé ma visite par le sanctuaire Itsukushima-jinja (厳島神社), qui à marée haute semble flotter; moi qui enfant rêvait d’habiter dans une maison sur pilotis, me voilà dans un sanctuaire flottant ! Par ailleurs ce site est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (encore un !).
Ensuite, j’ai poursuivi par le temple Daiganji.
Enfin, j’ai fait l’ascension du Mont Misen, qui n’était pas tout à fait aisée. Sur mon chemin j’ai croisé des cerfs, dont un petit curieux que j’ai appelé “le prince de la forêt” (à cause de la lumière). La vue en haut du mont vaut toutefois tous les efforts du monde.
Et voilà donc mes derniers clichés de Honshu, avant de rejoindre Kyushu :
6 commentaires
Manu
Coucou Emma,
Bravo c’est toujours aussi intéressant !!
Et puis merci pour la carte postale que nous avons reçu la semaine dernière, et aussi pour les petites gourmandises qu’Hugo a rapportées de ta part.
Gros bisous.
Véro et Manu
Emma
Bonjour !
Merci beaucoup ! De rien, je suis un peu triste de ne pas pu en avoir ramené plus…Mais j’espère qu’elles vous plaisent !
Je vous fais tous des bisous, et à très bientôt maintenant.
Nonma
Kyushuuuu ♥ Trop cool ce nom 😀 (oui je sais que tu sais que j’adore ce nom mais c’est trop choupinou xD)
J’adore tes photos du « prince de la forêt », il est trop mignoooon ♥
Sinon je ne me sentais pas du tout concerné par le Attention aux personnes sensibles xD mais merci de les avoir « cachés », je commençais déjà à mettre mes mains devant mes yeux au cas où!
Et pourquoi on t’a déconseillé les visites d’intérieurs des châteaux? Juste parce que ça vaut pas le coup ou y a une autre raison?
Zoubi Masami ♥
Emma
Haha oui je comprends !
Sinon pour l’intérieur des châteaux, comme j’ai dit à Aurélie en dessous, c’est parce que comme j’ai dit sur l’article d’Osaka avec Hugo, c’est pas des reconstitutions, alors que c’est ce à quoi je m’attends quand je vais en visiter un…Ca perd un peu beaucoup son charme sinon, autant aller dans un musée :/
Aurélie
Des mimis partout dans les temples !!! =)
Une question me turlupine, on te dit tout le temps de ne pas visiter l’intérieur des châteaux, mais pourquoi ?
En tout cas belles photos, mais malheureusement sur téléphone je ne peux pas agrandir, c’est pas très pratique !
Emma
Aaah Manon et toi vous ne suivez pas bien hein ! xD En fait comme j’ai dit sur l’article avec Hugo à Osaka, l’intérieur était ultra décevant, c’était juste une exposition, pas une reconstitution. L’exposition n’est pas souvent transcendante….
Quant à ton problème, Hugo & moi on a essayé sur nos portables, et on y arrive… Donc on comprend pas bien ! Haha C’est ton portable qui est nul 😀