Au cœur de la vallée de Kiso !
Bienvenue au milieu des terres japonaises. Comme à chaque fois, je vous présente en préambule la vidéo que Aurélie nous a concocté pour cet article. A consommer sans modération !
Magome (馬籠)
Finie la vitesse, les yeux sollicités dans tous les sens, les immeubles nous faisant nous sentir plus petits que des microbes. Bonjour calme, sérénité et surtout magnificence !
Nous voici arrivés sur la Nakasendô (中山道), en plein cœur de la vallée de Kiso. Nakasendô est l’une des cinq routes qui reliaient Kyôto à Tôkyô à l’époque d’Edo (période qui a duré de 1603 à 1868) sur 530 km. Cette route passe par les Alpes japonaises, au centre du pays (littéralement, Nakasen 中山 signifie “montagnes centrales” et dô 道 veut dire “chemin”). Je pense que la route la plus connue est celle de Tokaido, qui elle, longe la côte est et qui existe encore de nos jours.
Ce matin-là, nous devions quitter la mégalopole japonaise à 7h20. Certains ont eu du mal à se lever “si tôt” d’ailleurs. Après avoir rapidement rangé l’appartement que nous avions loué, nous avons entamé notre fuite vers la campagne. Le métro était plein à craquer. Nous nous sommes perdus à la gare de Shinjuku. Mais par chance, nous connaissions déjà le bus terminal, d’où nous sommes partis pour le Mont Fuji. Il n’empêche qu’il nous a fallu courir, avec nos gros sacs. Nous arrivons au comptoir haletants, mais nous nous étions trompés ! Paniqués, nous trouvons enfin le bon comptoir, où l’on nous parle en français (ça se voit tant que ça que nous sommes Français ?!), là un agent lance un appel urgent pour prévenir que nous arrivons. Nous rentrons enfin dans le bon bus, à 7h19 !
Après 5h de bus, nous voici enfin arrivés dans la vallée de Kiso. Comme je le disais, la Nakasendô était une route commerciale très importante et comme de nombreuses personnes empruntaient cette route à pied, des villes étapes se sont développées. Et nous allions dormir dans l’unes d’elles, Magome (馬籠). Elle est là 43ème étape des 69.
A notre arrivée, l’endroit a véritablement semblé presque féérique. Tout était clair, vert, lumineux, magnifique.
Notre première impression de cette ville a été époustouflante. Après nous avoir indiqué gentiment la route, notre chauffeur de bus nous a déposé sur une petite aire d’autoroute, d’où nous devions marcher pour rejoindre notre logement sous le poids écrasant de nos sacs et de la chaleur. Sur ce chemin, nous étions déjà conquis !
Même si nous sommes arrivés en milieu de journée, après avoir dégusté un très bon repas dans un restaurant, nous avons voulu faire la fameuse randonnée qui relie Magome à Tsumago sur environ 8 km. Hugo a acheté des concombres pour 100¥ dans un stand où il n’y a personne qui supervise. Il y a juste une boîte où mettre l’argent et on se sert.
Je n’ai aucun mot pour exprimer l’émerveillement que nous avons ressenti pendant notre randonnée. A tel point que nous étions très lents, la chaleur n’aidant pas non plus. C’était aussi assez surprenant, car nous avons croisé beaucoup de panneaux “attention aux ours”, munis de petites clochettes pour les faire fuir.
Une dame âgée nous a indiqué un endroit, qui menait à un tout petit temple très mystique, où se trouvait aussi un chien.
La chaleur était tout de même difficile à supporter, mais heureusement il y a de nombreux passages sous les arbres. C’est en arrivant enfin vers Tsumago que nous entendons un grondement au loin. Là, un déluge s’est abattu sur nous et nous a trempés jusqu’aux os, accompagné de nombreux éclairs. Comme il se faisait également tard, malgré le fait que nous n’ayons pas pu visiter Tsumago, j’ai décidé d’essayer de rentrer en stop. Hugo et Thomas étaient particulièrement dubitatifs, mais les efforts d’Aurélie et moi ont payé, car une très gentille mère de trois enfants s’est arrêtée pour nous prendre ! Il n’y avait que trois places, ses trois enfants étaient présents, nous étions complètement mouillés, mais elle nous a mené à bon port, même si les virages (nombreux) étaient assez brusques…Et, comme une habitude, les enfants n’étaient même pas attachés !
Nous dormions dans une auberge traditionnelle, une minshuku. Nous dormions tous dans une grande salle à tatamis, avec nos futons (matelas directement sur le sol, avec une couverture bien confortable) mis côte à côte ! Nous nous serions crus en camp de vacances. Le soir, en raison du déluge, un message inquiétant était diffusé dans toute la ville.
Nojiri (野尻)
Malheureusement, nous devions déjà partir dès le lendemain. Ne faites pas la même erreur que nous lors de votre passage dans la vallée de Kiso, et réservez au moins 2 nuits au même endroit.
Pour notre escale entre Magome et Takayama, nous avons décidé de nous arrêter vers Okuwa, ou plutôt Nojiri, car nous avions réservé un logement qui semblait vraiment magnifique, perdu dans la forêt, au bord d’une rivière avec pour seul moyen de se doucher les bains publics ! Un cadre idyllique en somme.
Ce matin-là, nous avons vainement essayé de faire du stop. La pluie s’est de nouveau déversée sur nous. Ces messieurs étaient toujours aussi dubitatifs, si bien que nous avons finalement opté pour le train. Nous avions perdu un petit peu de temps, mais rien de grave encore. Ainsi, vers 9h30, nous décidons de prendre le train de 10h00, donc nous montons dans le train, puis il part à 9h45. Et c’est à ce moment que je comprends qu’il y a un problème. Comment se fait-il qu’un train censé partir à 10h met les rails (trop drôle) quinze minutes plus tôt ? Mais bien sûr, nous nous sommes trompés ! De fait, nous avons fait un arrêt imprévu dans la ville de Kiso-Fukushima (木曽福島) (rien à voir avec la catastrophe de 2011). Nous avions peu de temps, mais l’office de tourisme nous a conseillé un mignon petit endroit dans la ville, que nous sommes allés voir en courant. Le guichetier du train a aussi été très compréhensif et ne nous a pas fait payer de surplus. Toujours aussi serviables ces Japonais !
Finalement, nous sommes arrivés chez nos hôtes vers midi. Nous étions quelques peu déçus du cadre, car ce n’était pas du tout comme Aurélie et moi l’avions fantasmé. J’attendais beaucoup de cet endroit, mais c’était en réalité dans un village, loin de la forêt et de la rivière. Tant pis ! Pour nous réconforter, un délicieux repas nous a été servi. Hugo et Thomas ont même eu le droit à des vélos. Je pense qu’ils ont vécu ce moment comme une renaissance, vu leur passion commune pour le deux roues.
L’attrait principal des environs, les gorges d’Atera, n’était pas libre d’accès… Donc nous avons cherché une nouvelle activité, et finalement nous sommes tombés sur le sento (bain public) local. Si les garçons n’étaient pas tout à fait ravis, Aurélie et moi étions aux anges !
Puis, chacun de nous s’est accordé un moment sur les sièges massants et un appareil de torture des pieds.
Sur le chemin du retour, le chemin des gorges était libre, ainsi nous avons pu explorer rapidement ces merveilles ! Vraiment rapidement, car même l’été le soleil se couche tôt au Japon. Ce n’est pas le pays du soleil levant pour rien.
Narai (奈良井)
De nouveau, nous devions nous mettre sur le départ dès le lendemain. Pour être juste, je dois admettre que ce jour-là, c’est moi qui ai mis le plus de temps pour me préparer. Un petit écart sans incident.
Nous sommes arrivés dans la matinée dans la 34ème étape du la route de Nakasen. Nous avions réservé un logement de charme, proche d’un ryôkan, c’était l’endroit où nous avions décidé de nous faire plaisir !
C’est un village extrêmement pittoresque, assez peu fréquenté, ce qui contraste avec sa magnificence. Mais tant mieux. On y trouve principalement des boutiques touristiques. Boutiques que nous avons toutes faites. Une dame nous a présenté les œuvres de son défunt mari. C’étaient des “scènes” de figurines en bois. Elle nous a aussi montré des peintures. Nous lui avons chacun acheté une peinture, d’autant plus qu’elle était vraiment gentille, et elle nous a offert au moins 3 petites cartes peintes par son mari également.
Ensuite, la boutique suivante présentait de tout. Quand Hugo s’est approché du propriétaire du magasin pour acheter un savon, nous avons réalisé qu’il était handicapé. Naturellement nous ne comprenions pas tout, mais sa femme et son frère (il me semble) sont arrivés et nous ont dit de nous asseoir, mais nous ne savions pas très bien pourquoi. Ils nous ont offert un thé au sakura (fleur de cerisier) et des gâteaux. L’esthétique du thé était irréprochable, je ne dirais pas la même chose du goût, qui lui était très…salé. C’était infect en vérité, mais selon les us, nous avons tout bu. Le frère essayait de nous faire la conversation, mais la plupart du temps nous étions assis face à face en ne disant pas grand chose… Nous ne comprenions toujours pas très bien ce que nous faisions ici. Finalement, la femme est revenue avec deux grandes feuilles. Elle nous les a apportées et en a donné une à Hugo, où était calligraphié “月”, la lune, et une à moi où on pouvait lire “風”, le vent. Elle a expliqué qu’elles nous étaient destinées, car c’est ce que nous lui inspirions. C’était vraiment touchant ! D’après ce que nous avons compris, ce monsieur était un illustre calligraphe, mais il est désormais atteint d’une maladie.
Pendant notre exploration, nous avons croisé un groupe d’enfants qui jouait avec des gros scarabées, qu’ils faisaient se battre. J’en avais déjà vu dans les films, et nous avons vu beaucoup de boîtes pour y mettre des insectes dans les magasins, alors je crois que c’est une des activités de l’été au Japon.
La visite de Narai se fait rapidement, donc nous sommes ensuite rentrés à notre logement. Le dîner était une fois de plus une véritable orgie gustative, le tout préparé par l’hôtesse de maison. Nous mangions avec trois autres clients, qui étaient très curieux de notre présence.
Ainsi s’achève notre périple sur la Nakasendô. C’est un endroit absolument magnifique, dont nous n’avons vu qu’une infime partie. J’aimerais vraiment prendre plus de temps pour découvrir tous les trésors que cette route a à offrir. L’étape suivante est Takayama.
3 commentaires
Dr. Malabar
Merci pour ce récit ! Des photos magnifiques comme toujours…. On attend la suite avec impatience.
Philippe
… super la vidéo !…
… cependant… je remarque que peu de personnes portent des lunettes !!! … il est pourtant très important de porter des lunettes !!! ( selon le Maître ) #MetsDesLunettes …
https://youtu.be/4H8h8I5vLpo
Emma
Merci pour Aurélie ! 🙂
Et…c’est vrai ça !!